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Nouvelles histoires à Piltover

Nouvelles histoires à Piltover
 
Comme pour les articles précédents, vous n'aimerez que si vous adorez la lecture. Les nouvelles histoires de nos champions sont bien fournies, et Riot ne lésine pas sur les détails. Bonne lecture !
 
Caitlyn Square 0    Caitlyn

Caitlyn, enquêtrice aussi déterminée que talentueuse, est l'un des shérifs de Piltover, la Cité du progrès. En plus de posséder une intelligence désarmante, elle a un sens aigu de la justice et respecte la loi plus que nulle autre chose. Armée de son impressionnant fusil Hextech, c'est une chasseuse patiente qui mène la vie dure à tous les criminels de la ville.

Caitlyn est née dans une famille aisée et influente d'artisans Hextech de Piltover, ce qui lui permit d'apprendre les bonnes manières de la société citadine, quand bien même elle préférait de loin partir à l'exploration des terres sauvages du sud. Aussi douée pour se mêler aux citoyens fortunés de la Cité du progrès que pour traquer une biche dans les forêts bourbeuses, elle passa le plus clair de ses jeunes années au-delà des portes de Piltover. Elle était tout autant capable de suivre un oiseau en plein vol que de tirer une balle entre les yeux d'un lièvre à 300 mètres de distance grâce au mousquet à répétition bilgewaterien de son père.

Mais les plus grands atouts de Caitlyn étaient son intelligence et l'avidité avec laquelle elle souhaitait apprendre de ses parents, qui s'employèrent à renforcer sa compréhension innée du bien et du mal. Sa famille avait certes gagné sa fortune dans le domaine de l'ingénierie Hextech, mais sa mère n'avait de cesse de la mettre en garde contre les charmes enjôleurs de Piltover, où la promesse d'une richesse facile pouvait aisément pervertir les cœurs les plus bienveillants. Elle ne prêtait guère attention aux avertissements de sa mère. Pour Caitlyn, Piltover était une ville magnifique, un symbole d'ordre qu'elle se plaisait à retrouver lorsqu'elle revenait de ses escapades dans la nature sauvage.

Tout cela allait changer cinq ans plus tard, lors de la Fête du progrès.

Alors qu'elle rentrait d'une nouvelle sortie dans les bois, Caitlyn découvrit la maison familiale vide et entièrement saccagée. Les domestiques étaient tous morts et il n'y avait aucune trace de ses parents. Elle sécurisa la maison du mieux qu'elle le put, puis se lança immédiatement à leur recherche.

Dans une ville aux nombreux recoins, traquer une proie qui ne souhaite pas qu'on la retrouve était bien différent de la chasse en pleine nature. Pourtant, Caitlyn parvint à localiser un par un les hommes qui avaient mis à sac sa maison. Aucun d'entre eux ne connaissait l'identité réelle de celui qui les avait recrutés. Tout juste savaient-ils qu'ils avaient agi par le biais d'un intermédiaire nommé « C ». La piste conduisit finalement Caitlyn à un laboratoire Hextech secret dans lequel son père et sa mère avaient été contraints de travailler de force pour un clan rival, sous peine d'être tués. Elle sauva ses parents, et grâce aux informations qu'elle leur fournit, les gendarmes purent arrêter le chef du clan à l'origine de l'enlèvement. Ils rentrèrent ensemble chez eux, mais alors qu'ils commencèrent à reprendre un semblant de vie normale, quelque chose avait invariablement changé chez Caitlyn.

Elle avait découvert que Piltover pouvait être un endroit dangereux, où l'ambition et la vénalité étaient aussi menaçantes qu'une bête acculée. Lors de son enquête, elle avait pu gratter le vernis de Piltover et découvrir ce qui se cachait sous la science et le progrès. Elle avait vu des âmes perdues et abandonnées, ayant désespérément besoin d'aide. Une aide qu'elle se sentait capable de leur apporter. Malgré tout l'amour qu'elle portait à ses parents, Caitlyn n'avait aucune envie de marcher dans leurs pas et de devenir artisan à son tour. Elle chercha ainsi à gagner sa vie autrement dans cette immense métropole. Elle s'installa à son propre compte en tant que détective, utilisant ses talents de chasseuse pour tenter de retrouver les gens disparus et de récupérer les biens volés.

Pour le vingt et unième anniversaire de leur fille, les parents de Caitlyn lui offrirent un fusil Hextech conçu avec un soin extrême. C'était une arme magnifique, utilisant des cartouches spéciales qui lui conféraient une précision bien supérieure à toutes celles qu'elle avait pu posséder. Il était même possible de la modifier pour qu'elle tire différents types de munitions. Quelle que soit l'enquête, Caitlyn ne s'en séparait plus.

Elle connaissait chaque coin et recoin de Piltover aussi bien que les chemins forestiers de son enfance et gagnait très aisément sa vie grâce à sa profession, qui la mettait en contact avec chaque couche de la société. Cela lui donnait l'occasion de faire de nombreuses rencontres étranges, qui lui apprirent mieux que toute autre chose les dangers associés aux dispositifs Hextech encore non testés et aux expérimentations techno-chimiques clandestines. Au fil des ans, elle se fit un nom chez tous ceux qui avaient besoin d'aide pour régler leurs problèmes, des plus existentiels aux plus banals.

Lors d'une de ses enquêtes, qui impliquait la disparition d'un appareil Hextech et une série d'enlèvements d'enfants, Caitlyn s'associa à un gendarme de Piltover qui, comme elle, s'était d'une certaine manière pris d'intérêt pour les affaires les plus étranges. Alors même que leurs recherches n'aboutissaient sur rien, Caitlyn refusa d'abandonner l'enquête. Elle s'y agrippa comme un chien à son os, et à force de persévérance, elle parvint enfin à l'élucider. Le gendarme et elle sauvèrent les enfants, non sans avoir préalablement affronté un groupe de brigands chimériques au service d'un chercheur en techno-chimie que ses propres mixtures avaient fini par rendre fou. Alors qu'ils partageaient un verre pour célébrer leur victoire, le gendarme proposa à Caitlyn de devenir shérif. Si son premier réflexe fut de décliner la proposition, elle comprit peu à peu que les ressources qu'elle aurait alors à sa disposition lui permettraient peut-être de découvrir l'identité de ce mystérieux « C », le responsable de l'attaque de sa famille, qu'elle n'avait toujours pas réussi à appréhender.

Caitlyn est désormais l'un des agents les plus respectés dans la hiérarchie des gendarmes de Piltover. Elle se consacre au maintien de l'ordre dans la Cité du progrès, et ce, tout particulièrement dans les endroits où les artisans Hextech un peu trop enthousiastes dépassent les limites de ce qui est acceptable. Depuis peu, elle peut également compter sur une nouvelle recrue en provenance de Zaun : l'impétueuse Vi. Les origines d'un duo aussi improbable, et le fait qu'il soit si efficace, sont le sujet de nombreuses rumeurs parmi les plus folles, non seulement chez leurs collègues gendarmes, mais aussi chez tous ceux qui croupissent désormais en prison grâce à elles.
 
Le frisson de la chasse
 
Même trois coups de cloche après la fermeture des Portes du Soleil, Piltover était encore pleine de vie. Mais à cet instant-là, ce plein de vie l'entravait. Caitlyn traversait l'Avenue du Ressort à vive allure, tentant de se frayer un chemin entre les fêtards nocturnes qui arpentaient encore cette esplanade à la mode et ses nombreux cafés et bistrots. Alors que commençaient à se vider les restaurants ainsi que les théâtres de la Galerie des Extrudeurs toute proche, la grande rue allait bientôt se remplir davantage encore. S'ils ne rattrapaient pas Devaki rapidement, ils risquaient de le perdre totalement.

« Est-ce que tu le vois ? » cria Mohan derrière elle.

« Si je le voyais, tu peux être sûr que j'aurais déjà mon fusil pointé sur lui ! »

Le fusil Hextech que portait Caitlyn sur son épaule était chargé et prêt à être utilisé, mais elle avait pour cela besoin d'une cible, et Devaki était aussi vif qu'une biche effrayée. Il s'était rendu coupable du pillage des ateliers de trois clans au cours des cinq dernières semaines ; à leur connaissance tout du moins, car Caitlyn le pensait responsable de deux autres. Convaincus qu'il s'y tramait quelque chose de gros, Mohan et elle avaient surveillé l'un des ateliers de la Maison Morichi. Ils avaient eu le nez creux : Devaki s'y était effectivement montré. Ils ne s'étaient pourtant rendu compte de sa présence qu'au moment où les agents municipaux avaient allumé les réverbères de la rue, permettant à Caitlyn d'apercevoir son reflet dans la vitrine d'un café situé de l'autre côté. Devaki l'avait repérée au même instant et pris ses jambes à son cou comme un rat des quais.

Caitlyn s'arrêta brutalement au croisement suivant. Les flammes des réverbères aux formes cannelées éclairaient d'une lumière chaude et ambrée les visages des dizaines de gens qui, surpris, la dévisageaient maintenant. Elle porta son regard bleu pâle de personne en personne, en quête de la silhouette reconnaissable de Devaki.

Un jeune homme traversa la rue, les joues rougies par les plaisirs de la nuit. Il lui fit un signe de la main.

« Vous cherchez un fuyard ? » demanda-t-il. « Un type avec un grand chapeau ? »

« Oui », répondit Caitlyn. « Tu l'as vu ? Par où est-il passé ? »

Le jeune homme leva le doigt vers la gauche et ajouta : « Il est parti par là, à bonne allure. »

Elle suivit son regard, qui se porta sur les amateurs de théâtre enthousiastes qui quittaient désormais en nombre la Galerie des Extrudeurs, un grand bâtiment aux colonnes de fer surmonté d'une voûte faite de vitres colorées. Ils se mêlaient désormais aux marchands qui vendaient des rafraîchissements et aux jeunes filles des rues qui cherchaient une proie parmi les nantis. Mohan la rattrapa enfin, le souffle coupé et le visage dégoulinant de sueur. Il se pencha en avant un instant, les mains posées sur les genoux, avant de se remettre d'aplomb. Sa vareuse bleue était un peu de travers et sa casquette lui tombait sur le front.

« J'étais sûr qu'il chercherait à nous perdre dans la foule », dit-il, entre deux bouffées d'air.

Caitlyn examina pendant un instant le jeune homme à l'esprit civique qui venait de l'aider. Il avait des vêtements raffinés qui avaient dû lui coûter une coquette somme, mais ses manchettes étaient effilochées et le tissu des coudes, usé. Son regard se resserra quand elle remarqua qu'il portait les couleurs de la saison dernière et un col qui n'était plus à la mode depuis au moins un an.

Fortuné, mais sur la pente descendante.

Mohan se tourna vers la rue pleine de monde et s'écria : « Allez, Caitlyn ! Allons-y, ou nous risquons de le perdre. »

Caitlyn se mit à genou pour observer la rue sous un angle différent. Les pavés étaient lisses, polis par la pluie nocturne et les pas des promeneurs. Depuis ce point de vue, elle distingua des éraflures que seuls les talons d'un homme en pleine course pouvaient laisser sur la pierre. Elles ne partaient cependant pas vers la gauche, mais vers la droite.

« Combien Devaki t'a donné pour que tu nous dises ça ? » demanda Caitlyn au jeune homme en retard sur la dernière mode. « Si c'était moins d'un hex d'or, il t'a bien roulé. »

« Sauf qu'il m'en a donné cinq », s'exclama-t-il en levant la main pour les montrer, avant de se retourner et de fuir vers la foule en riant.

« Qu'est-ce que...? » fit Mohan, alors que Caitlyn s'élançait dans la direction opposée. Elle avait perdu de précieuses secondes, mais elle savait désormais par où Devaki était parti. Elle sema bien vite son collègue, qui était, il faut le dire, un peu trop friand des pâtisseries que la femme de l'inspecteur de quartier avait pour habitude d'offrir aux agents de son mari.

Caitlyn traversa la ville en décrivant des lacets entre les allées désertes et les passages tortueux formés par les pignons des grands entrepôts de brique. Elle coupa à travers les rues bondées, entraînant les cris d'agacement de tous ceux qu'elle bousculait pour passer. Plus elle s'approchait du canyon qui scindait Piltover en deux, plus les rues devenaient étroites, mais elle pariait sur le fait qu'elle connaissait mieux les raccourcis de la ville que Devaki. Au bout d'une dizaine de zigzags, elle arriva dans une ruelle sinueuse dont les pavés ondulants suivaient l'escarpement irrégulier de la falaise. Connue sous le nom de Rue de la Plongée, car elle donnait sur un transporteur Hexdraulique poussif qui fonctionnait jusque tard le soir, elle était plongée dans l'obscurité.

La cabine cerclée de fer ne s'était pas encore ouverte et sa grille ornée d'un motif en losanges était toujours en position fermée. Un groupe de quinze Zauniens, dont beaucoup étaient manifestement ivres, s'assembla autour du guichet. Aucun d'entre eux n'était l'homme que cherchait Caitlyn. Elle se retourna et s'accroupit, reposant le canon de son fusil sur une caisse de marchandises portant le symbole du clan Medarda. Une caisse volée, probablement, mais elle n'avait pas le temps de vérifier.

Elle posa le doigt sur le sélecteur de tir de son fusil pour le mettre en position verticale. Un léger bourdonnement s'échappa de la culasse alors qu'elle se mettait en position pour préparer son tir. Elle épaula son fusil et ralentit sa respiration. Elle ferma un œil tout en plaçant l'autre devant les lentilles cristallines.

L'attente fut brève.

Devaki émergea à l'angle de la rue. Son imposante silhouette était taillée par son chapeau et son long manteau qui se déployait amplement derrière lui. Il ne semblait guère pressé, sans doute convaincu qu'il avait réussi à semer ses poursuivants. Il tenait un lourd boîtier cerclé de laiton dans sa main aux griffes métalliques ; d'après Vi, il avait fait fabriquer ce grossier appendice dans un de ces fameux ateliers d'optimisation louches de Zaun quand il n'était encore qu'un jeune sot.

Caitlyn pointa son arme sur cette horreur pneumatique et pressa la détente. Le canon du fusil cracha un éclat rouge-orange fulgurant qui détruisit la main de Devaki dans une explosion chirurgicale. Il hurla et recula brutalement. Son chapeau vacilla sur sa tête, et le boîtier qu'il portait tomba au sol. Devaki releva la tête, les yeux écarquillés par la douleur et par la surprise d'apercevoir Caitlyn. Il se retourna pour fuir, mais elle s'y attendait. Elle actionna du doigt un sélecteur sur la culasse et appuya une nouvelle fois sur la détente.

Cette fois, le rayon frappa le dos de Devaki dans une explosion qui déploya un filet d'énergie crépitante. Il se cambra, puis s'effondra au sol, le corps traversé par des secousses. Caitlyn coupa l'alimentation de son fusil et le porta en bandoulière en s'avançant vers Devaki. Les effets de l'électro-filet se dissipaient, mais il ne risquait pas de se relever de sitôt. Elle se baissa pour ramasser le boîtier qu'il avait laissé tomber et secoua la tête avec un sourire de satisfaction.

« Mais... comment...? » grommela Devaki entre deux spasmes.

« Comment ai-je su par où tu étais parti ? » demanda Caitlyn.

Il hocha la tête d'un mouvement saccadé.

« Tes précédents vols semblent insignifiants quand ils sont considérés individuellement, mais en prenant un peu de recul, je me suis rendu compte que tu réunissais les composants te permettant de créer ta propre version de l'arquebuse Hexylénique de Vishlaa. »

Elle s'accroupit près de Devaki et posa la main sur son corps rigide.

« Et comme nous le savons tous, cette arme a été interdite à cause de sa dangerosité, pas vrai ? À Piltover, personne n'oserait mettre la main sur une arme Hextech interdite. Mais à Noxus ? Je suis sûre que certains seraient prêts à payer cher pour en avoir une, là-bas. Et le seul moyen d'en faire sortir une de la ville, c'est de passer par l'un des contrebandiers les moins honorables de Zaun. Nous nous trouvons au seul endroit permettant encore de descendre rapidement à Zaun à cette heure avancée de la nuit. Quand j'ai compris que tu ne chercherais pas à te cacher à Piltover, il m'a suffi d'arriver au transporteur avant toi et de t'attendre. Maintenant, toi et moi allons avoir une longue discussion... Et tu vas commencer par me donner le nom de celui pour qui tu travailles. »

Devaki resta silencieux. Caitlyn se pencha sur lui en affichant un large sourire, avant d'ajouter :

« Joli chapeau, dis-moi. »
 
Ezreal Square 0   Ezreal
 
Explorateur plein d'assurance capable de se sortir de tous les guêpiers, Ezreal explore Runeterra à la recherche de l'aventure. Armé d'un gantelet magique trouvé dans les ruines de la Shurima antique, il joue chaque jour avec la mort en recherchant des lieux inexplorés et dangereux où il pourra tenter d'exhumer les mystères les plus anciens du monde.

Ezreal est le fils de deux marchands renommés, souvent forcés par leur profession à voyager jusqu'à des destinations aussi lointaines que périlleuses, et le garçon fut laissé à Piltover sous la garde de son oncle, le professeur Lymere. Le savant n'appréciait guère de devoir s'occuper d'un enfant aussi indiscipliné ; pour alléger son fardeau, il lui imposa les professeurs les plus stricts pour lui enseigner des matières comme la techmaturgie, la mécanique Hextech et l'archéologie. Ezreal avait de grandes facilités intellectuelles et s'ennuyait pendant les longues périodes d'étude scolaire. Il réussissait ses examens haut la main, sans avoir guère besoin de se préparer, ce qui mettait son oncle dans une colère noire.

L'appétit d'Ezreal pour l'exploration était irrépressible et il prenait un grand plaisir à échapper aux figures d'autorité au profit des vagabondages les plus aventureux. Son extraordinaire sens de l'orientation lui permettait d'arpenter les greniers de l'université ou de naviguer sans efforts à travers le dédale de tunnels situés sous le bâtiment. Il parvint même à pénétrer les coffres les plus sécurisés, tous remplis de trésors aussi étranges que mystérieux. Ezreal peaufina ses talents de crocheteur en se faufilant dans les bureaux de ses professeurs pour semer la zizanie dans leurs affaires.

Les parents du garçon revenaient périodiquement à Piltover y vendre les marchandises remarquables qu'ils avaient acquises loin de là. Dans sa quête de trésors de plus en plus rares et magiques, le père d'Ezreal était déterminé à découvrir la tombe perdue du mage Ne'Zuk, un Shurimien dont la tête était ornée de cornes caractéristiques. Selon les rumeurs, la tombe contenait une gemme magique qui permettait à l'utilisateur de sauter instantanément d'un lieu à un autre. Le père d'Ezreal en plaisantait : s'il parvenait à trouver cette relique, où qu'il ait besoin de voyager pour ses affaires, il pourrait toujours revenir à Piltover pour le souper.

Ezreal avait hâte de partir à l'aventure avec ses parents, mais ces derniers refusaient en raison des dangers de leurs expéditions. En grandissant, le garçon s'émut de voir que ses parents rentraient de moins en moins souvent... jusqu'au jour où ils ne revinrent plus du tout.

On raconta au professeur Lymere que le couple s'était aventuré dans les plus lointaines ruines de Shurima et qu'il n'en était jamais ressorti. Il expliqua à Ezreal que ses parents étaient probablement morts, mais le jeune garçon était convaincu que sa famille était toujours en vie et essayait désespérément de revenir à lui. Il prolongeait tous ses soupers au maximum, espérant que son père et sa mère apparaîtraient soudain devant lui avec la pierre magique de Ne'Zuk.

Sans en parler à personne, Ezreal était déterminé à retrouver ses parents, ou du moins à apprendre ce qui leur était arrivé. Son seul indice sur leur position : le dernier endroit que son père avait fouillé, à savoir la tombe perdue de Ne'Zuk.

Au fil des ans, Piltover était devenu le terrain de jeu d'Ezreal et aucun atelier, aucun laboratoire ne lui était jamais fermé. Ezreal passa des semaines à récupérer des fournitures au sein de l'université : diagrammes célestes, traductions de sceaux runiques, guides détaillés des pratiques funéraires de la Shurima antique, sans oublier une paire de lunettes de protection. Après avoir laissé une lettre d'adieu à son oncle, il se glissa à bord d'un navire marchand à destination de Nashramae, une ville portuaire de Shurima.

À mi-chemin du voyage, il fut découvert par un pilotin et le capitaine menaça de le jeter par-dessus bord. Alors qu'il cherchait à maintenir son équilibre sur une planche de bois au-dessus de l'eau, Ezreal dit au capitaine qu'il avait l'intention d'abandonner son navire, de toute façon, vu que ses chances de survie étaient meilleures dans l'océan que dans un vaisseau condamné. Il exhiba ses cartes stellaires, qui indiquaient que le bateau naviguait vers une barrière de récifs, célèbre pour réduire les navires en morceaux. Ezreal fut aussitôt nommé navigateur et son prédécesseur, plus apte à finir une bouteille d'une lampée qu'à conduire le bateau, fut jeté à la mer à sa place.

Lorsque le navire accosta enfin à Nashramae, Ezreal se lança dans la recherche de la tombe de Ne'Zuk. Pendant des mois, il explora les ruines des plus profondes cavernes et les temples perdus, scellés dans l'oubli depuis des siècles. Il s'abandonna à la liberté sans limite de l'inconnu tout en traçant la carte des catacombes anciennes et en échappant aux horreurs sans nom qui en gardaient les chambres cachées. À chaque nouvelle étape, Ezreal s'imaginait suivre les voies ouvertes par ses parents et approcher du mystère de leur disparition.

Dans la crypte d'un empereur mort depuis des temps immémoriaux, Ezreal remarqua que la mosaïque qui recouvrait le sol était parfaitement lisse, comme si elle avait été ajoutée récemment. Aussitôt, il enleva quelques carreaux, dans un coin, révélant une partie d'un portrait antique dont les couleurs avaient perdu leur éclat depuis des lustres.

Ezreal s'empressa alors d'enlever le reste des carreaux avec un enthousiasme croissant. Il finit par révéler une immense fresque représentant un homme portant les cornes caractéristiques de Ne'Zuk. La bouche du mage s'ouvrit en une doline où le sable s'écoulait en bouillonnant. Ezreal attacha une corde et plongea dans l'orifice, cherchant son chemin à l'aveuglette dans une atmosphère suffocante. Il ressortit avec un gantelet en bronze lourd au centre duquel était enchâssée une amulette azur.

Alors qu'Ezreal s'extirpait de la tombe, les murs autour de lui furent agités de puissantes vibrations et ils commencèrent à s'effondrer. La sortie n'était plus visible, mais le jeune homme se visualisa debout devant l'entrée de la crypte, à la surface. Il sentit de l'énergie monter dans son gantelet. L'amulette se mit à luire intensément, et il fut instantanément téléporté à l'endroit qu'il venait de visualiser.

Le gantelet, riche de la puissance contenue dans son cœur cristallin, s'avéra le parfait sésame pour échapper à une situation dangereuse. Ezreal apprit qu'il pouvait canaliser des rayons de lumière magique après avoir détruit par erreur les fondations d'un pont de pierre. Avec le gant, il échappa à une bande de nomades convaincus qu'il était la réincarnation d'un guerrier transfiguré, survécut à une tempête du désert qui l'enfouit sous des trombes de sable et se débarrassa d'une horde de Xer'Sai.

La relique avait ses limites, cependant ; il lui fallait longtemps pour se recharger et elle ne permettait que des téléportations sur de courtes distances. Bien pire, Ezreal ne pouvait s'empêcher de penser que si ses parents étaient toujours en vie, ils auraient trouvé le gantelet avant lui. Ce qu'il ignorait, c'est que le gant avait un frère jumeau qui avait été exhumé de la tombe des années plus tôt. Ezreal jura de poursuivre la tradition de ses parents : explorer le monde et vivre le frisson de l'inconnu.

Équipé de son gantelet magique, Ezreal fait face aux pires dangers avec un art consommé de l'esquive de dernière seconde. Il cherche sans peur les endroits les plus passionnants et les plus périlleux de Runeterra, faisant confiance à la chance qui lui a souri jusqu'ici dans tous ses voyages et ne manquant jamais de servir sa véritable vocation : l'aventure.
 
L'élixir d'Uloa

Après des heures passées à arpenter cette jungle à l'atmosphère étouffante et humide, l'air frais de cette crypte souterraine est une bénédiction. Bien sûr, une mort atroce m'attend potentiellement à chaque nouveau couloir, mais il en va de même pour la gloire.

Je traverse une arche de pierre et des nuages de poussière s'élèvent du sol comme des fantômes, révélant un chemin circulaire creusé dans la pierre. Ce tombeau a la réputation d'être impénétrable, inaccessible et mortel. Aucun explorateur n'en est jamais revenu vivant, mais après tout... aucun d'entre eux n'était moi.

Jusqu'ici, j'ai parcouru des kilomètres de dédales souterrains, j'ai évité des pièges de sable remplis de pointes acérées, j'ai rampé sous des lames-pendules et j'ai lutté dans des fosses à reptiles. Vraiment sympathique pour une visite, mais je ne m'installerais pas ici pour y vivre.

Des dizaines d'yeux en pierre, dépourvus de paupières, me déshabillent du regard depuis les murs. À leur place, moi aussi je me rincerais l'œil. Je doute qu'ils aient vu quiconque d'aussi élégant et d'aussi beau depuis la dernière Guerre runique.

Au centre de la salle, une fiole en cristal repose sur un piédestal. Le liquide qu'elle contient luit d'un éclat brillant qui projette de petits arcs-en-ciel sur le sol. Voilà ce que je suis venu chercher. Nombreux sont ceux qui prendraient un récit grandiose d'aventure palpitante pour de la pure fiction, mais personne ne peut nier vos exploits quand vous ramenez un artefact bien réel. Mettre la main sur des trésors légendaires prouve de façon incontestable que vous avez réalisé l'impossible.

L'Élixir d'Uloa est convoité par des cultes qui espèrent obtenir grâce à lui la vie éternelle, par des dynasties exsangues qui cherchent à reprendre le pouvoir, ou par des pèlerins qui désirent acquérir une sagesse inimaginable. Autant dire que cela fait beaucoup de promesses pour une si petite fiole, dont le contenu remplirait à peine une cuillère à café.

Je sais que chaque piège du livre va se déclencher dès l'instant ou je le retirerai de son piédestal. C'est dans la nature de ce genre de lieu. Je plie mes doigts et la gemme placée au centre de mon gantelet se met à briller d'une lumière azurée fort satisfaisante. C'est maintenant que je vais pouvoir m'amuser.

Je m'approche lentement. Une dalle tremble légèrement sous mes pieds et je recule pour éviter d'activer un mécanisme quelconque. Je me fraie un chemin avec précautions à travers la salle, en ne marchant que sur les dalles qui me semblent stables. Alors que mes doigts se referment sur l'Élixir, de profondes fissurent lézardent soudain le sol de la chambre. J'active mon gantelet et le charge d'énergie magique. Des rayons de lumière me submergent tandis que je me téléporte vers l'arche de pierre, à cinq mètres de là. Juste à temps ! Des centaines de couteaux acérés tombent soudain du plafond et me ratent d'un cheveu alors que la pièce tout entière s'effondre dans une crevasse sombre.

Le pouvoir de mon gantelet est parfait pour ce genre de situation désespérée, mais il ne me permet pas de traverser d'énormes distances. Et il met un peu trop de temps à se recharger à mon goût.

Un vacarme assourdissant fait trembler les murs et se répercute le long du couloir. On dirait que les antiques fondations de cette tombe ne vont pas tenir très longtemps – il est temps d'accélérer le mouvement. Personnellement, j'aime que mon sol soit parfaitement solide, avec une bonne dose de fiabilité ! Je m'élance donc le long du tunnel tandis que des fissures toujours plus grandes creusent la roche derrière moi.

Je suis les marques que j'ai inscrites à la craie sur les murs pour m'orienter dans la tombe, glissant sous les arches qui s'effondrent, sautant par-dessus les sables mouvants qui bouillonnent et esquivant les énormes rochers qui roulent en tous sens pour bloquer ce passage qui se rétrécit de plus en plus.

Le mur à ma droite s'effondre et révèle une armée d'insectes colossaux qui se précipitent vers moi, leurs pinces en avant et leurs mâchoires dégoulinantes de venin. Je vois les yeux rougeoyants et affamés de milliers d'araignées qui me fixent tandis que des scorpions s'avancent vers moi, le dard relevé. Ces vermines de la jungle sont une sacrée nuisance, mais j'ai l'insecticide idéal pour m'occuper d'elles !

Je ferme les yeux pendant une fraction de seconde. L'énergie circule le long de mon bras et pulse le long de mes nerfs pendant que je concentre mon pouvoir dans la gemme. Je tends le bras, stabilise mon gantelet et vise la plus grosse araignée. Alors que le monstre ouvre sa mâchoire pour m'attaquer, je déchaîne un puissant rayon d'énergie dans sa gueule et l'envoie bouler dans la horde rampante. L'odeur de chitine brûlée me pique la gorge et me retourne l'estomac.

Je me retourne et continue de fuir en décochant des tirs aveuglants derrière moi à chaque tournant de ce maudit passage. Une dalle de roche aussi grande qu'une maison se brise soudain au niveau du plafond juste au-dessus de moi. Mon gantelet se recharge juste à temps pour que je puisse réapparaître à trois mètres devant dans un tourbillon de lumière, tandis que le tunnel derrière moi achève de s'effondrer.

Deux immenses piliers tombent l'un vers l'autre et je me glisse entre eux juste avant qu'ils ne soient oblitérés dans un nuage de poussière. Je me rue dans une chambre dont le sol monte en pente vers la surface.

Un rai de soleil brille à quelques mètres de moi, et je ne peux m'empêcher de sourire en me précipitant vers cette sortie. La liberté n'est plus qu'à quelques pas. Le sol tremble dans un fracas assourdissant et je titube à mi-chemin tandis que la pièce s'effondre sur elle-même juste devant moi. La liberté n'était qu'à quelques pas.

Mais après tout, les plans de secours sont ma spécialité.

Je prépare mon gantelet et je concentre toute mon énergie dans la gemme. Je sens qu'elle aspire mon pouvoir. Ma vision se trouble et le monde semble trembler autour de moi tandis que la pierre se remplit de magie. Le gantelet pulse d'une énergie aussi bleue que l'azur.

J'ouvre ma main et un arc de lumière dorée aussi large que le tunnel lui-même explose de ma paume. La puissance du souffle me fait tituber, mais je reste concentré. La lumière est canalisée en un tir brûlant qui brille intensément en désintégrant tout sur son passage, laissant une petite ouverture très étroite derrière elle. Mon genre d'ouverture préférée !

Je referme mon poing et le tunnel s'assombrit de nouveau. Le sol tremble désagréablement et je tombe à genoux. Je suis tellement épuisé que j'arrive à peine à bouger, encore moins à me relever. À quelques centimètres de mon visage, des fissures commencent à fendre le sol plus vite que je ne peux les compter. Ça, c'est pas bon signe. Le tombeau ne tiendra plus très longtemps... Je rassemble le reste de mes forces et je me lève, avant de courir vers ce qui, j'espère, est mon salut.

Je perds de vue la lumière du soleil. Un autre fracas assourdissant – les murs autour de moi commencent à s'effondrer. Je ferme les yeux et je plonge à travers le trou. Il n'y a rien de mal à espérer avoir un peu de chance... et pour une fois, je suis extraordinairement chanceux. Je roule sur le sol et me relève, inspirant l'air douceâtre de la jungle.

Derrière moi, l'entrée du tombeau s'effondre pour de bon en exhalant un nuage de poussière antique. Je prends le temps d'épousseter la saleté sur mes épaules, je repousse la mèche de cheveux qui m'était tombée devant les yeux d'un geste bien rôdé, et je m'éloigne.

Encore une ruine inaccessible dont je suis venu à bout. Encore un nouveau trésor pour prouver la véracité de mes récits héroïques.

Et tout ça avant l'heure du déjeuner.
 
Jayce Square 0   Jayce

Jayce est un brillant inventeur qui a voué sa vie à la défense de Piltover et de sa poursuite inlassable du progrès. Armé de son marteau Hextech polymorphe, Jayce utilise aussi bien sa force que son courage et son intelligence pour protéger sa ville. Bien que considéré comme un héros par ses compatriotes, il n'apprécie pas vraiment l'attention que cela lui vaut. Jayce a néanmoins un cœur d'or, et même ceux qui sont jaloux de ses talents naturels lui sont reconnaissants de protéger la Cité du progrès.

Né à Piltover, Jayce fut éduqué de telle sorte qu'il ne pouvait que croire aux principes qui font toute la grandeur de la cité : innovation. Découverte. Éviter Zaun autant que possible. Grâce à sa compréhension innée de la mécanique, Jayce eut l'honneur d'être le plus jeune apprenti à recevoir une proposition de parrainage des Giopara, l'un des clans dirigeants les plus respectés de Piltover. Passé le choc de la surprise, Jayce accepta l'offre et passa la majeure partie de ses jeunes années à concevoir des appareils Hextech et des outils polymorphes à destination de la classe ouvrière de Piltover : une clé à molette qui se changeait en pied-de-biche, une pioche capable de se transformer en pelle, un marteau pouvant aussi tirer des rayons de démolition... à condition d'avoir une batterie suffisamment puissante. Tout ce que faisait Jayce mettait ses contemporains dans l'embarras.

Tout lui venait naturellement et il ne comprenait pas que ses confrères puissent avoir tant de mal à appréhender des concepts qui lui semblaient si simples. C'est la raison pour laquelle presque tous les collègues de Jayce le trouvaient arrogant, méprisant et égoïste ; selon eux, jamais il n'aurait ralenti la cadence pour aider les autres. Au fil du temps, il devint de moins en moins patient et le fossé grandit encore entre son amabilité de façade et son vrai tempérament.

Une seule personne rivalisait d'intelligence avec Jayce tout en étant capable d'ignorer ses airs supérieurs.

Il s'appelait Viktor.

Ils se rencontrèrent à l'inévitable Fête du progrès ; découvrant que tous deux auraient préféré être ailleurs, ils tissèrent immédiatement des liens. Ils se mirent peu après à travailler ensemble. Viktor élargissait les horizons intellectuels de Jayce et contestait bon nombre de ses convictions. Jayce cherchait à améliorer l'humanité en lui offrant une technologie polyvalente, tandis que Viktor préférait s'attaquer aux problèmes fondamentaux de l'homme, tels que la dégénérescence du corps et les préjugés illogiques. Ils se disputaient continuellement, mais leurs conflits n'étaient jamais personnels ; bien que leurs méthodes fussent différentes, les deux collègues avaient conscience que leurs buts ultimes étaient les mêmes. Mieux encore, ils savaient tous deux ce que cela faisait d'être rejeté par ses pairs, car Viktor était un anticonformiste et Jayce un insolent.

Ensemble, Jayce et Viktor inventèrent un exosquelette mécanisé pour les dockers de Piltover, un équipement suffisamment robuste pour augmenter la force de son porteur, mais léger, pour éviter que le porteur ne se noie immédiatement s'il devait tomber à l'eau. Ils se retrouvèrent cependant dans une impasse lorsque Viktor ajouta à la nouvelle version de l'exosquelette un implant techno-chimique : avec celui-ci, le porteur aurait bénéficié d'une force décuplée, il ne se serait jamais fatigué et n'aurait jamais paniqué, mais surtout, il n'aurait plus été capable de désobéir aux ordres de ses supérieurs. Contrairement à Viktor, qui considérait cela comme un moyen ingénieux de réduire la fréquence des accidents, Jayce trouva immorale cette atteinte au libre arbitre. Les deux inventeurs en vinrent pratiquement aux mains, et Jayce finit par aller prévenir l'académie. On retira à Viktor tous ses prix et il fut banni de la communauté scientifique de Piltover.

Désemparé par cette querelle avec Viktor, le seul être qu'il eût jamais considéré comme un ami, Jayce se remit à travailler seul. Il devint toujours plus intransigeant. Sa patience, toujours plus limitée.

Alors que Jayce étudiait dans la solitude, les explorateurs du clan Giopara découvrirent un cristal bleu dans le désert de Shurima. Bien que Jayce se portât volontaire pour l'examiner (en insinuant que personne d'autre dans le clan n'était assez malin pour en tirer quoi que ce soit), son manque de tact encouragea le clan Giopara à confier le cristal à des scientifiques mieux élevés. Quelques mois plus tard, la conclusion de ces scientifiques fut unanime : le cristal ne valait rien. Ce n'était qu'un caillou sans intérêt. Les dirigeants du clan, déçus, transmirent finalement le cristal à Jayce en s'attendant à ce qu'il ne puisse rien en apprendre non plus, malgré sa remarquable intelligence.

Quelque chose, dans le cristal, appela Jayce. Plus qu'un appel, c'était un chant. Il aurait été bien incapable de dire pourquoi, mais il savait que la gemme shurimienne lui réservait des mystères à découvrir.

Il passa de nombreux mois à mener différentes expériences sur le cristal. Il le fit tourner dans une centrifugeuse à rouages ; il le surchauffa et le congela ; il bricola, observa, se perdit en conjectures et se cogna la tête contre son pantographe en cuivre. Jayce n'avait pas l'habitude de travailler dur : cette fichue pierre précieuse était le premier obstacle contre lequel butaient ses aptitudes hors du commun. Pour la toute première fois, il comprit ce que devaient ressentir ses confrères quand ils se creusaient la tête en vain. C'était frustrant. C'était injuste.

Et ce devait être bien pire encore quand un collègue arrogant ridiculisait tous vos efforts.

Jayce comprit cependant qu'aucun de ses confrères scientifiques n'avait abandonné, malgré son attitude méprisante. Aucun d'eux n'avait tourné le dos aux principes de Piltover : le progrès. La découverte. Si eux n'avaient pas baissé les bras, Jayce décida qu'il ne le pouvait pas non plus.

Et peut-être allait-il essayer d'être plus agréable.

Peut-être.

Jayce approcha le problème d'une manière inédite. Plutôt que de mener des expériences sur le cristal dans son ensemble, pourquoi ne pas s'attaquer à un fragment du cristal ? Jayce cliva la gemme et plaça un éclat en suspension dans un alliage liquide. À peine Jayce eut-il le temps de sentir un courant voltaïque parcourir le métal liquide qu'une détonation lui vrilla les tympans. Le cristal émettait une chaleur et une lumière telles qu'il menaçait de lui brûler les rétines. C'était inattendu. C'était potentiellement dangereux. Mais c'était le progrès. Jayce travailla toute la nuit, jusqu'au petit matin, sans jamais se départir de son sourire.

Le lendemain, Jayce fut surpris de trouver son vieil ami Viktor sur le pas de sa porte. Alerté par le pic de puissance colossal de l'éclat de cristal, Viktor était venu lui faire une proposition toute simple.

Depuis son expulsion de la communauté scientifique de Piltover, Viktor avait commencé à travailler sur un projet secret, à Zaun. Il avait enfin découvert comment réaliser son rêve, comment éradiquer la maladie, la faim et la haine. Si Jayce se joignait à lui, ils pourraient accomplir plus que n'importe qui d'autre à Piltover ou Zaun : ils sauveraient l'humanité.

Jayce avait déjà entendu Viktor tenir ce genre de discours. Il n'avait jamais aimé ce que cela signifiait.

Viktor expliqua à Jayce qu'il n'avait besoin que d'une seule chose pour sa Glorieuse évolution : une source d'énergie aussi puissante que ce cristal. Jayce lui répondit que c'était plutôt d'un sens moral dont il avait vraiment besoin. Depuis longtemps las de l'insolence de Jayce, Viktor bondit, saisit le cristal et s'en servit pour assommer Jayce. Lorsque ce dernier se réveilla, des heures plus tard, il remarqua que le cristal shurimien avait disparu, mais que Viktor n'avait pas jugé utile de prendre le fragment.

Jayce savait que Viktor n'avait agi ainsi que parce que son œuvre touchait à sa fin, quelle qu'elle fût. Bien qu'il ne sût pas en quoi consistait cette Glorieuse évolution, elle allait probablement à l'encontre du libre arbitre des gens. Sans perdre une minute de plus, Jayce récupéra l'éclat en suspension et l'installa dans un imposant marteau polymorphe, une invention qu'il avait abandonnée il y a des années de cela, faute de batterie capable de l'alimenter. Il ne savait pas où Viktor avait bien pu aller avec le cristal, mais il sentait le marteau Hextech vibrer ; l'éclat ne l'attirait pas vers le nord, le sud, l'est ou l'ouest, mais vers le bas, vers la ville inférieure de Zaun.

L'éclat, avide de retrouver le cristal duquel on l'avait séparé, conduisit Jayce jusqu'à un entrepôt, dans les profondeurs du puisard. À l'intérieur du bâtiment caverneux, Jayce fit une découverte horrifique. Des dizaines de corps se trouvaient devant lui ; leurs crânes avaient été ouverts et vidés, et leurs cerveaux avaient été transplantés dans une armée de soldats de métal immobiles. Ceux-ci étaient reliés au cristal, d'où s'échappaient à présent des pulsations.

C'était ça, la première étape de la Glorieuse évolution de Viktor.

Les pas de Jayce perdirent en assurance alors qu'il approchait de Viktor. Viktor et lui avaient eu leurs désaccords, mais ça n'avait jamais été aussi loin. Pour la première fois, Jayce se dit qu'il allait peut-être devoir tuer son vieil ami.

Il appela Viktor et tressaillit en voyant l'armée de robots se mettre au garde-à-vous. Jayce lui demanda de se retourner, pour qu'il puisse voir ce qu'il manigançait. Quoi que fût cette évolution, ce n'était pas le progrès qu'ils recherchaient quand ils étaient jeunes. À la surprise de Viktor, il lui demanda pardon de s'être comporté comme un idiot.

Viktor soupira. Sa réponse fut brève : « tuez-le. »

Les robots foncèrent aussitôt dans la direction de Jayce, se dégageant au passage des câbles qui les rattachaient au cristal. Jayce découvrit alors une émotion à laquelle il n'était pas habitué : la panique. Serrant ses doigts autour du manche de son marteau, il réalisa qu'il ne s'en était jamais servi. Lorsque le premier des golems de métal arriva à sa portée, il frappa de toutes ses forces ; l'énergie de l'éclat de cristal se diffusait dans ses muscles, accélérant les mouvements du marteau à tel point qu'il craignit qu'il ne lui échappe des mains.

Sa cible explosa en une pluie métallique. Malgré l'oblitération de leur camarade, les autres machines continuèrent d'avancer vers Jayce sans hésiter.

Jayce analysa la formation des êtres mécaniques et essaya de vite déterminer comment en détruire un maximum avec un minimum de coups. En vain ; ils arrivèrent sur lui sans lui laisser le temps d'agiter à nouveau son marteau. Tout en ployant sous les coups, Jayce vit que Viktor ne jubilait pas. Il était triste. Il s'était montré plus malin que Jayce et avait assuré un futur à l'humanité, mais il savait que ce futur avait un prix : son ami devait mourir. Jayce avait disparu sous les membres d'acier qui le malmenaient.

C'est à ce moment que Jayce décida, pour la première fois de sa vie, d'arrêter de réfléchir et de tout casser.

Sans plus se soucier de sa sécurité, Jayce puisa dans tout ce qu'il lui restait de force pour se libérer de l'emprise des machines. Il se jeta ensuite sur le cristal lumineux et le frappa avec toute la puissance Hextech de son marteau, brisant l'objet mystérieux.

Viktor hurla, mais il ne put rien faire ; le cristal vola en morceaux et une onde de choc projeta tout le monde en arrière. Les robots, désormais sans vie, s'effondrèrent sur le sol. Les fondations de l'entrepôt tremblèrent, et Jayce réussit de justesse à s'en échapper avant que le bâtiment ne s'écroule.

Le corps de Viktor ne fut jamais retrouvé.

À son retour à Piltover, Jayce informa les maîtres de son clan des plans infâmes de Viktor. Rapidement, il fut au centre de toutes les discussions, à Zaun comme à Piltover. Acclamé pour sa présence d'esprit, Jayce devint une vedette adulée (du moins, chez ceux qui ne l'avaient jamais rencontré) et reçut le surnom de Protecteur du futur.

Jayce n'avait que faire de l'adoration des Piltoviens, mais il prit ce surnom à cœur. Il savait que, quelque part, Viktor préparait sa vengeance. Un jour, peut-être très proche, un grand danger menacerait Piltover.

Et Jayce l'attendrait.
 
Réparation
 
N'importe qui aurait pu prédire que Viktor finirait par se venger. Et si on n'était pas idiot, on pouvait même prédire la date et l'heure exactes de sa contre-attaque.

Jayce n'était pas idiot.

Dans son atelier éclairé par le soleil qui entrait par la fenêtre du toit, des dizaines d'objets de son invention l'entouraient : des bottes à rouages capables de s'accrocher à n'importe quelle surface. Un sac à dos muni de bras articulés pour toujours maintenir les outils à portée de son utilisateur.

L'arme que tenait Jayce était cependant encore plus fantastique que ces inventions. Alimenté par un éclat de cristal shurimien, son marteau Hextech polymorphe était célèbre dans tout Piltover, mais Jayce le faisait passer d'une main à l'autre comme n'importe quel autre outil.

On frappa trois coups à la porte.

Ils étaient là.

Jayce s'y était préparé. Il avait fait des tests sur ce qu'il restait des robots de Viktor. Il avait intercepté les communications. D'une minute à l'autre, ils enfonceraient sa porte et tenteraient de briser son marteau Hextech. Ensuite, ils essaieraient de faire de même avec son crâne. « Essaieraient » étant le mot clé.

Il actionna un interrupteur installé dans le manche du marteau. Dans un crépitement d'énergie, la tête du chef-d'œuvre de Jayce se changea en un canon Hextech.

Il se campa sur ses jambes.

Il visa.

La porte s'ouvrit. Son doigt approcha de la détente.

Et il faillit pulvériser la tête d'une petite fille de sept ans.

Elle était blonde, toute menue, et n'importe qui d'autre que Jayce l'aurait trouvée adorable. La fillette poussa la porte et entra timidement. Sa queue de cheval se balançait d'avant en arrière tandis qu'elle avançait vers Jayce. Elle gardait la tête baissée pour éviter son regard. Deux hypothèses se bousculaient dans l'esprit de Jayce pour expliquer son attitude : soit la présence d'un héros l'impressionnait fortement, soit elle travaillait pour Viktor et s'apprêtait à lui lancer une bombe chimique au visage. Voyant qu'elle rougissait, il se dit que la première devait être la bonne.

« Mon soldat est cassé », dit-elle en tendant un chevalier en étain dont un bras était plié de façon anormale.

Jayce ne bougea pas.

« Va-t'en, je te prie. Tu risques de mourir. »

L'enfant le dévisagea.

« En plus, je ne répare pas les poupées. Trouve-toi quelqu'un de moins occupé. »

Elle avait maintenant les larmes aux yeux.

« Je n'ai pas d'argent pour aller voir un artisan, et ma m... ma mère l'a fait pour moi avant de mourir... » expliqua-t-elle, des sanglots dans la voix.

Jayce fronça les sourcils et, pour la première fois depuis un moment, cligna des yeux.

« Si tu y es si attachée, pourquoi l'as-tu cassé ? »

« Je l'ai pas fait exprès ! Je l'ai pris avec moi à la Fête du progrès et quelqu'un m'a bousculée, c'est pour ça qu'il est tombé. Je sais que j'aurais dû le laisser à la maison... »

« En effet. C'était idiot. »

La petite fille ouvrit la bouche pour répondre, mais s'interrompit. Jayce avait déjà vu ce genre de réaction. La plupart des gens qui l'avaient rencontré avaient entendu parler de son légendaire marteau et de son incroyable héroïsme. Ils s'attendaient à quelqu'un de chevaleresque. À quelqu'un d'humble. Ils ne s'attendaient pas à devoir se retenir de le gifler. Jayce les décevait systématiquement.

« Pourquoi vous êtes aussi méchant ? » demanda-t-elle.

« Parce que c'est dans ma nature, à ce qu'il paraît », répondit-il du tac au tac.

L'enfant fronça à son tour les sourcils. Elle lui fourra le soldat cassé sous le nez.

« Réparez-le. S'il vous plaît. »

« Tu vas encore le casser. »

« Mais non ! »

« Écoute, petite. Je suis très occupé et... »

Quelque chose survola la fenêtre du toit, les plongeant brièvement dans l'ombre. N'importe qui d'autre aurait pensé à un faucon, mais Jayce n'était pas n'importe qui. Il se tut. Avec un sourire en coin, il prit la fille par le bras et l'attira vers son établi.

« Laisse-moi t'expliquer une chose : avec les machines, ce n'est pas compliqué. »

Il souleva une fine plaque de bronze et se mit à en marteler les coins. « Elles sont composées de plusieurs parties combinées et recombinées de façon prévisible. » Il tapa encore et encore sur la plaque, jusqu'à obtenir un dôme lisse.

« Les gens sont plus compliqués. Ils ont des émotions, ils sont imprévisibles et, la plupart du temps, ils ne sont pas aussi malins que moi », dit-il en perçant un trou au sommet du dôme. « En général, c'est problématique. Mais leur stupidité me donne parfois l'avantage. »

« On parle toujours de ma poupée, ou bien... »

« Parfois, ils se sentent si inférieurs, ils sont si pressés de prendre leur revanche qu'ils font une erreur bête. » Il prit une barre en cuivre et la vissa au centre du dôme.

« Parfois, les gens n'arrivent pas à protéger ce qu'ils ont de plus précieux au monde », dit-il en désignant le soldat en étain d'un hochement de tête, avant de lever le parapluie de métal qu'il venait de fabriquer. « Et parfois, au lieu de prendre d'assaut mon atelier en passant par la porte de devant, comme on serait en droit de s'y attendre, ils tentent... »

Il leva les yeux, puis continua : « ...une approche plus théâtrale. »

Il lui tendit le parapluie, que les maigres bras de la fillette eurent du mal à tenir droit.

« Tiens ça. Ne bouge pas. »

Elle s'apprêtait à répondre quand, soudain, la fenêtre du toit se fracassa au-dessus d'elle. Du verre rebondit sur le parapluie de fortune, et une demi-douzaine d'hommes se laissèrent tomber par l'ouverture. Des tubes, dans lesquels pulsait une substance chimique d'un vert fluo, sortaient de leurs cous et s'enfonçaient dans leurs bras. Leurs yeux étaient sans vie, leurs visages ne trahissaient pas la moindre émotion. Il n'y avait pas de doute possible, c'étaient des hommes de Viktor : des voyous drogués qu'il avait repêchés dans le puisard de Zaun et qu'il avait bourrés d'hallucinogènes et d'hypnotiques. Des malfrats affaiblis par les produits chimiques qui obéiraient à ses caprices, qu'ils le veuillent ou non. Jayce s'attendait à voir débarquer des robots, mais un nombre aussi important de golems de métal ne serait pas passé inaperçu dans les rues de Piltover. Néanmoins, ces chimicomanes étaient tout aussi dangereux. Ils se tournèrent pour faire face à Jayce et à l'enfant.

Avant même qu'ils aient pu atteindre leurs cibles, cependant, le canon Hextech de Jayce tira une décharge d'énergie voltaïque. Un orbe électro-Hextech alla exploser au cœur du groupe. Les chimicomanes furent projetés contre les murs immaculés de l'atelier.

« Si tu comptais sur l'effet de surprise, c'est raté, Vikto... »

Une machine colossale atterrit au milieu des chimicomanes inconscients. Aux yeux de Jayce, le robot ressemblait à un croisement entre un minotaure et un immeuble en colère.

« Attention », cria la fillette.

Jayce leva les yeux au ciel. « Je sais. Arrête de paniquer. Je maîtrise la situ... ouch ! » fit-il, interrompu par la bête métallique qui venait de le percuter en pleine poitrine.

Le robot envoya valser Jayce à l'autre bout de la pièce. Jayce atterrit sur un chariot et il entendit son dos craquer à l'impact.

Il se releva en grognant, et la bête chargeait déjà à nouveau.

« C'est la dernière fois que tu me touches », dit-il.

Jayce balança son arme Hextech de toutes ses forces, la transformant à la volée en marteau. Le minotaure avait la tête baissée, comme pour encorner Jayce, et ignora bêtement la trajectoire de l'arme.

Le marteau atteignit sa cible dans un craquement retentissant. Le crâne enfoncé entre ses épaules, le minotaure tomba au sol. Un nuage de vapeur s'échappa en sifflant de sa carcasse.

Jayce leva à nouveau son marteau, prêt à frapper une nouvelle fois. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre du toit. Quelques minutes passèrent, et il comprit que l'assaut était terminé.

Il fit un pas vers son établi, mais une douleur à l'estomac le plia en deux. La petite fille se précipita à ses côtés.

« Vous avez mal ? »

« Évidemment. »

« Alors vous auriez dû éviter le coup », dit-elle. « C'était idiot de votre part. »

Jayce haussa un sourcil. La fillette écarquilla les yeux, se demandant si elle était allée trop loin. Un sourire se fraya lentement un chemin sur les lèvres de Jayce.

« Comment tu t'appelles ? »

« Amaranthine. »

Jayce s'assit à son établi et attrapa un tournevis.

« Donne-moi ta poupée, Amaranthine. »

Le visage de l'enfant s'illumina. « Alors vous pouvez la réparer ? »

Jayce la regarda d'un air suffisant.

« Il n'y a rien que je ne puisse réparer. »
 
Orianna Square 0   Orianna

Si Orianna est aujourd'hui une merveille de technologie entièrement mécanisée, cela ne fut pas toujours le cas. Autrefois, il s'agissait d'une véritable jeune fille, de chair et d'os. Tombée malade lors de sa jeunesse à Piltover, elle perdit tour à tour chacun de ses organes. À chaque nouvelle défaillance, ils étaient remplacés par des prothèses perfectionnées, jusqu'à ce qu'elle devienne la première personne intégralement mécanisée. Son amie la plus proche était une sphère mécanique, qu'elle avait elle-même créée pour lui servir de compagnon et de protectrice. Introvertie, et curieuse de connaître sa véritable place dans le monde, Orianna est en quête d'une raison d'être.

Ayant grandi dans un quartier privilégié de Piltover, Orianna était tenue à l'abri de la cruauté et des injustices du monde extérieur par son père, le célèbre inventeur Corin Reveck. Il fabriquait des implants mécaniques avec un soin et une sophistication tels qu'ils suscitaient même l'intérêt de ceux qui n'en avaient pas besoin pour des raisons médicales. Ceux qui en possédaient assuraient qu'il y avait quelque chose d'inexplicablement vivant en eux, comme s'il avait su insuffler de la magie entre leurs rouages.

Désireuse d'apprendre son art, Orianna devint son apprentie et travailla dur. Son père était un homme brillant mais solitaire, qui comptait sur sa fille pour traiter avec les clients. Du fait de son caractère curieux et avenant, elle devint rapidement le visage de leur petite entreprise.

Bien qu'elle sortît rarement de son quartier, elle se rendait très souvent au théâtre, où elle adorait voir les danseurs raconter des histoires venues de terres lointaines avec de simples bonds et pirouettes. Leurs récits épiques se déroulaient littéralement sous ses yeux : un mage plusieurs fois centenaire qui errait dans le désert à la recherche d'un sort qu'il avait perdu des siècles plus tôt ; une jeune fille qui se dissimulait sous la forme d'un rocher dans une jungle baignée de magie ; un pèlerin rêvant de gravir une immense montagne qui, disait-on, guérissait tous ceux qui en atteignaient le sommet ; et tant d'autres histoires de ces endroits exotiques qui attisaient son imagination.

Fascinée par ce que décrivaient ainsi les danseurs, Orianna rêvait de partir un jour visiter ces mystérieux antipodes. Depuis le balcon du théâtre, elle étudiait chaque détail et chaque mouvement, puis rentrait à l'atelier de son père pour fabriquer des figurines qui reconstituaient ce merveilleux spectacle.

Un jour, alors qu'Orianna installait une main mécanique sur une vieille femme, celle-ci lui raconta qu'un terrible accident s'était produit à Zaun, la ville par-dessus laquelle Piltover avait été construite. Une explosion avait libéré un nuage toxique qui avait empoisonné l'air dans les rues environnantes. En l'absence de traitement, les produits chimiques provoquaient la défaillance des organes vitaux et entraînaient une mort lente et pénible. Les victimes de l'intoxication étaient enfermées dans un camp médical en plein cœur de Zaun.

Convaincue que leur savoir-faire pouvait venir en aide aux victimes du nuage toxique, Orianna implora son père de descendre à Zaun pour leur prêter secours. Corin, bien conscient que l'exposition à ces toxines était très risquée, interdit à sa fille de se rendre dans un lieu aussi dangereux. Mais il lui était impossible de dissuader Orianna, qui quitta discrètement sa maison peu avant l'aube le lendemain. Elle avait emporté autant de respirateurs que possible, et enfila elle-même un masque de protection avant d'emprunter le transporteur Hexdraulique qui allait la conduire dans les profondeurs de Zaun.

Orianna fut horrifiée par les dégâts. Les rues autour du lieu de l'explosion étaient jonchées de débris, et les Zauniens ne traversaient les émanations de gaz toxique en ne se couvrant le visage qu'avec de modestes chiffons couverts de graisse. De toute sa vie, elle n'avait jamais vu pareille souffrance. Orianna rejoignit un groupe de volontaires qui prenaient soin des gens les plus affectés par les nuées. Elle y redescendit plusieurs nuits durant pour réparer du matériel respiratoire et installer des œsofiltres sur ses patients, ce qui leur permettait de respirer les émanations toxiques en toute sécurité.

Un soir, après avoir distribué tous ses respirateurs, Orianna remarqua un jeune enfant qui éprouvait lui aussi de graves difficultés à respirer. Sans même réfléchir, elle retira son propre masque à gaz et le lui enfila, le remplaçant par un simple mouchoir sur son visage. Quelques jours plus tard, Orianna tomba elle-même malade, au point d'éprouver des difficultés à respirer l'air pourtant pur de son propre foyer. Chaque nouvelle bouffée d'air l'angoissait davantage, tant ses poumons se corrodaient inévitablement de l'intérieur. Elle devait désormais faire face à sa propre mortalité.

Dévasté de découvrir le sort qui attendait sa fille, Corin consacra tous ses efforts à la conception de son projet le plus ambitieux à ce jour : remplacer les poumons dégradés d'Orianna par des répliques artificielles. Il utilisa ses meilleurs matériaux de filtrage biomécaniques, qu'il réservait normalement aux clients prêts à investir les plus grandes sommes. Après des nuits entières de travail pour mettre au point une machinerie d'une incroyable complexité, il l'installa finalement dans la poitrine d'Orianna. Souhaitant empêcher sa fille d'aller une nouvelle fois s'exposer au danger, Corin le compléta par un système qui alimentait ses poumons à l'aide d'une clé qu'il était le seul à pouvoir remonter. Les poumons artificiels fonctionnaient à merveille, ce qui permit à Orianna de se remettre rapidement au travail dans l'atelier.

Malheureusement, la chance ne lui sourit guère longtemps. Après quelques mois de relative bonne santé, son état s'aggrava lorsque l'intoxication commença à ronger le reste de son corps. Orianna et son père travaillèrent d'arrache-pied pour concevoir des répliques mécaniques de chacun de ses organes. Chaque fois qu'une partie de son corps se dégradait, ils la remplaçaient.

Mais plus son anatomie était altérée, plus Orianna commençait à douter de sa propre identité. Avec le temps, les différentes parties de son corps étaient irrémédiablement échangées contre des mécanismes à base de rouages. Elle conservait la plus grande partie de ses souvenirs de jeune humaine, mais se sentait étrangement éloignée de ce qu'elle était autrefois. Son père remarqua lui aussi ce changement. Parfois, Orianna l'entendait pleurer au beau milieu de la nuit. Il lui achetait des places pour aller au théâtre de Piltover dans l'espoir que cela la réconforterait, mais elle insistait pour partir au beau milieu des spectacles, prétextant qu'elle avait appris tout ce qu'elle pouvait. Désespéré par la perte progressive de la personnalité de sa fille, Corin fit de son mieux pour l'inciter à repenser à ses souvenirs et à son attitude d'antan. Lorsqu'elle déviait trop de son comportement d'humaine, il la corrigeait immédiatement. Elle suivait ses instructions, mais avec le temps, elle finit par s'agacer de son intrusion et souhaita simplement pouvoir être elle-même.

Au bout d'un an, Orianna était devenue presque intégralement mécanique, à l'exception de son cœur qui, comme par miracle, était préservé par les toxines.

Pendant les années de déclin d'Orianna, Corin s'était exclusivement concentré sur elle, au point de négliger sa riche clientèle, qui se détourna presque totalement de lui. En l'absence de fonds pour maintenir leur entreprise à flot, Orianna et Corin furent contraints de vendre tout ce qu'ils possédaient et de déménager à Zaun. Ils ouvrirent une nouvelle boutique juste au-dessus d'un laboratoire techno-chimique qui se trouvait à mi-chemin sur la paroi du canyon, et commencèrent à modifier des masques respiratoires afin de les rendre capables de filtrer le tristement célèbre Gris zaunien.

Le talent d'Orianna pour la fabrication de mécanismes était plus brillant que jamais, car ses mains ne s'épuisaient plus au travail et son esprit désormais inhumain n'avait besoin que de peu de repos. Elle n'avait pas non plus besoin d'outils de mesure, puisqu'il lui suffisait de regarder une pièce pour connaître ses dimensions exactes, et elle était capable de résoudre des formules complexes, qui auraient normalement pris des heures de calcul, en quelques secondes à peine. Elle apprit à entretenir son propre corps : graisser les rouages, remplacer les pièces usées, réparer les engrenages bloqués... mais elle devait toujours compter sur son père pour remonter sa clé lorsque sa machinerie venait à ralentir.

Malgré le tic-tac incessant de sa machinerie intérieure, Orianna éprouvait de plus en plus de frustration devant ce temps qui ne semblait jamais avancer, pour elle en tout cas. Car plus les mois passaient, plus la peau de son père se ridait et ses cheveux grisonnaient. Mais la mécanique d'Orianna continuait à tourner sans qu'elle connaisse, elle, de changement particulier. Elle se demandait si sa vie allait continuer pour toujours sa course immuable, et elle éprouvait du regret en pensant à toutes les choses qu'elle ne pourrait jamais ressentir.

Alors que les Zauniens s'habituaient de plus en plus à respirer l'air baigné de produits chimiques, les gens ne se pressaient plus autant à l'atelier de Corin, et les affaires tournaient au ralenti. Non seulement cela, mais Corin avait commencé à subir d'intenses crises de douleur au thorax depuis son arrivée à Zaun, ce qui le forçait à se reposer très souvent.

Un jour, Orianna repéra un puigniard qui passait régulièrement devant leur boutique, et consacra un après-midi à la fabrication d'une figurine animée rien que pour lui. Lorsqu'on remontait sa clé, ce petit gentleman mécanique levait son chapeau et s'inclinait. Le garçon était ravi. Convaincue que la vie à Zaun manquait de ces moments de joie, Orianna créa toute une gamme de ces figurines mécanisées. Dans une ville où les objets étaient toujours vus comme étant à but purement fonctionnel, ses créations firent le bonheur de nombreux Zauniens. Elles se vendaient plus vite qu'elle ne pouvait les fabriquer, ce qui redonna toute sa notoriété à l'atelier de Corin. Lui et sa fille purent se permettre d'acheter à nouveau des matériaux onéreux. Ils firent même l'acquisition d'une pièce rare : un cristal Hextech.

Leur renommée retrouvée fit venir de plus en plus de visiteurs, mais tous n'étaient pas les bienvenus. Des bandits engagés par Petrok Grime, un Baron de la chimie redouté, vinrent un jour dans la boutique pour proposer à Corin de le protéger contre les voleurs, les crapules et toutes les autres sources de désordre, en échange d'une compensation financière. Corin refusa leur offre. Il pensait qu'il valait mieux se dresser contre les criminels que chercher à les apaiser. Mais la nuit suivante, sa boutique fut mise à sac et tout son argent fut volé. Orianna consacra un mois entier à concevoir un outil destiné à les protéger. Il s'agissait d'une sphère de laiton qui était capable d'émettre une puissante décharge d'énergie, infligeant une horrible douleur à sa cible. Corin remarqua que la sphère aidait sa fille dans son travail sans qu'elle n'ait besoin d'interagir avec elle, comme si elles communiquaient grâce à un lien invisible.

Alors que la santé de Corin continuait de se dégrader, Orianna était contrainte d'acheter de coûteux remèdes pour calmer sa douleur. Elle prenait soin de lui du mieux que possible, mais un chirurgien zaunien lui confirma que l'air riche en produits chimiques de la ville avait pénétré le circuit sanguin de son père et avait fini par empoisonner son cœur.

Malgré leurs percées dans le domaine des biomécanismes, ni Corin ni Orianna n'avaient réussi à créer un mécanisme qui soit suffisamment sophistiqué pour reproduire l'immense complexité du cœur humain. Elle avait pu compter sur son propre cœur, qui avait remarquablement bien résisté à la menace posée par la maladie. C'était pourtant bien le lien persistant qu'il représentait avec son passé qui lui donnait le sentiment d'être figée dans le temps.

Elle savait que son père aimait la fille qu'il avait eue autrefois, mais elle n'avait plus le sentiment d'être cette personne. Si elle lui donnait son cœur, peut-être pourrait-il préserver le souvenir de sa fille à sa place, puisqu'elle n'en était plus capable. En se fabriquant un cœur mécanique alimenté par l'énergie Hextech, elle n'aurait plus besoin d'utiliser une clé pour faire fonctionner ses poumons. Peut-être alors, le temps pourrait enfin de nouveau avancer pour elle.

Orianna administra une potion de sommeil à son père pour l'apaiser, puis créa son nouveau cœur en utilisant le cristal Hextech qu'ils avaient acquis. Créé sur mesure à partir d'un mécanisme d'une grande subtilité, le petit organe vrombissant tirait son énergie de la gemme, dont le pouvoir se renouvelait sans cesse. L'appareil dépassait de loin tout ce que son père et elle avaient pu concevoir jusque-là. Avec l'aide de sa sphère, elle retira la clé de son dos et installa son nouveau cœur Hextech, bien consciente que grâce à lui, elle ne dépendrait plus jamais de quelqu'un d'autre. Elle ouvrit ensuite le thorax de Corin pour y remplacer son cœur défaillant par le dernier reste de cette fille qu'il aimait tant.

Orianna écouta le battement de cœur régulier de son père toute la nuit puis, à l'aube, elle quitta la maison pour de bon. Elle l'aimait encore, mais elle rêvait de voir le monde. Elle était devenue quelque chose d'entièrement nouveau : une demoiselle mécanique. Grâce aux engrenages dont elle était désormais entièrement constituée, elle était enfin libre.

Lorsqu'il se réveilla, Corin découvrit son atelier rempli de centaines de figurines mécaniques : une population entière de petites personnes qui se balançaient au bout d'une corde, entonnaient des chants populaires ou même jonglaient avec de petites boules en argent. En vendant un tel inventaire, il pourrait rentrer à Piltover en un rien de temps. Mais il y en avait une qu'il se refusa à céder. Une petite danseuse, qui n'arborait aucune clé, mais qui malgré tout faisait une pirouette ininterrompue.
 
Fireram

Orianna traversa la fête foraine qui était vide et silencieuse dans l'obscurité de la nuit. La Fabuleuse Foire de sir Feisterly n'ouvrait ses portes aux foules de Zauniens ébahis que deux fois par an, et Orianna ne voulait surtout pas manquer l'occasion d'en découvrir les merveilles. Elle avait attendu que partent les visiteurs du jour et que se taisent les éclats de rire et les airs d'accordéon. Le silence n'était plus désormais perturbé que par le bourdonnement des conduits qui acheminaient la fumée à travers le quartier chimique. Le sol était jonché de détritus en tout genre ; aux bannières bariolées et aux ballons aux couleurs éclatantes se mêlaient les papiers froissés qui avaient servi à tenir des pâtisseries recouvertes de confiture.

Accompagnée de sa sphère en suspension, Orianna contourna un stand débordant de roses qui, selon un panneau, avaient l'odeur de chaque jour de la semaine. Elle passa devant un singe mécanique qui tenait des cymbales et un panier rempli de pommes d'amour. Mais aucune de ces merveilles zauniennes ne l'intéressait. Orianna n'avait d'yeux que pour l'armoire de verre qui était nichée dans un coin isolé de la foire.

Elle avait vu à la lumière de la lune le reflet d'un clin d'œil métallique. Il venait du garçon mécanique qui se tenait assis derrière la vitre. Elle n'avait jamais rien vu de tel. Intriguée, elle s'approcha. Il portait un costume bleu nuit et un chapeau haut de forme. Sa peau était faite d'une carapace de porcelaine pure qui masquait sa machinerie délicate, et ses yeux brillaient de l'éclat de leurs fils d'argent. Quand Orianna s'approcha de lui, ses lèvres bougèrent pour esquisser un sourire.

« Est-ce que tu sais garder un secret ? » demanda-t-il. Sa voix rappelait à Orianna le son d'un doux carillon.

« Bonjour », répondit-elle. « Bien sûr. »

« Alors que dirais-tu de faire un marché ? Mon secret en échange de ton nom. »

« Ça me semble équitable. Je m'appelle Orianna. »

« Or-i-ANN-na », répéta-t-il. « C'est joli. »

Orianna eut l'impression de voir ses joues de porcelaine rougir.

« J'imagine que c'est mon tour. Je m'appelle Fieram. Mon secret est que j'ai peur du monde extérieur, mais que je rêve de partir visiter les montagnes et les rivages lointains. »

« C'est pour ça que tu vis dans une armoire ? » demanda-t-elle. « Parce que tu as peur ? »

« D'ici, c'est le monde qui vient me rendre visite », dit Fieram. « Derrière cette vitre, je suis à l'abri. Parce que je suis très fragile, tu sais. » Il montra du doigt une fêlure sur son avant-bras. « Eh oui. Je me fais vieux. » Sa bouche décrivit un rictus oblique.

Orianna gloussa et leva les épaules ; un mouvement qu'elle avait acquis récemment, même si elle n'était pas encore tout à fait sûre de savoir quand l'utiliser.

« Aha ! Mais je ne t'ai pas encore montré mes tours », reprit le garçon. Il plongea la main dans sa manche et, d'un geste ample, en sortit un bouquet de pâquerettes.

« Tada ! Et... »

Il enleva son chapeau et fit un signe de la tête. Une demi-douzaine de pigeons mécaniques s'en échappèrent en battant des ailes. Puis il frappa des mains, ce qui remplit entièrement l'armoire d'une fumée rouge et opaque. Quand elle se dissipa, au bout de quelques secondes, les pigeons avaient disparu.

Orianna applaudit avec enchantement. Sa sphère vrombit, impressionnée elle aussi.

« Formidable ! » s'exclama-t-elle. « C'est comme de la magie. »

« Pourtant, je n'étais pas au meilleur de mon talent. Je me suis un peu accroché la manche », admit-il en repliant les mains. « Mais les petits miracles, c'est ma spécialité. Comme le fait que tu m'aies trouvé, dans cette si grande ville ! »

« Tu m'as fait un clin d'œil », dit Orianna. « Pourquoi ? »

« Nous sommes des âmes sœurs, toi et moi », dit Fieram. « Mais ça, tu le sais déjà. C'est pour ça que tu es ici, pas vrai ? » Il battit des pieds. Orianna était émerveillée par la subtilité de ses mouvements.

« C'est juste que c'est la première fois que je vois quelqu'un comme toi », répondit-elle.

« Je suis unique en mon genre, hein ? » répliqua-t-il. « Tout comme toi. » Il désigna de la main le corps mécanique d'Orianna, et fit un nouveau clin d'œil.

Elle sourit. Fieram se pencha vers la vitre.

« Ton sourire est... »

« Artificiel ? » l'interrompit-elle. « Oui. Je n'ai pas encore réussi à maîtriser toutes les expressions. »

« ...magnifique », termina Fieram.

« Arrête, c'est moi que tu vas faire rougir, cette fois. »

La sphère d'Orianna, qui était en suspension au-dessus de son épaule gauche, lui donna un léger coup.

« Pas maintenant », dit-elle à la sphère. Elle se saisit du singe mécanique qui était situé sur le stand proche et en tourna la clé. Il se mit à cavaler un peu partout sur le sol, les yeux brillant d'une lumière rouge, en donnant un grand coup de cymbales tous les trois pas, avant de s'arrêter lentement.

« Tu n'es pas comme lui, Fieram, hein ? On ne t'actionne pas avec une clé. Tu as une âme. Tu as des pensées. »

« Je suis peut-être fait de métal et de rouages, mais j'ai des rêves, comme tout le monde. »

« Tu m'as dit que tu rêvais de partir d'ici », reprit Orianna. « Tu dois sûrement te sentir seul, derrière ta vitre. Viens avec moi. Nous pourrions partir ensemble tout de suite. »

« Partir ? » Le visage de Fieram s'assombrit. « Je ne comprends pas ce que tu veux dire. »

« Tu as sûrement déjà entendu parler de l'agitation permanente de Zaun, ou des merveilles de Piltover », dit Orianna.

Fieram pencha la tête.

« J'aime monter dans l'Ascenseur Rugissant au crépuscule pour admirer les derniers rayons de soleil », continua-t-elle. « Au sommet, on peut même apercevoir le port de l'autre côté des écluses, et l'océan qui scintille. De là-haut, on peut imaginer les odeurs de ces terres lointaines. »

Sa sphère vrombit de plus belle. Elle tourna sur elle-même et lui donna un nouveau petit coup.

« Bon, j'imagine que ce moment est aussi bon qu'un autre », dit-elle. « Fieram, veux-tu venir voir le monde ? Nous pourrions partir ensemble, immédiatement. Je te protégerai. »

« C'est ce qu'il pourrait m'arriver de plus merveilleux », dit-il.

Orianna examina l'armoire de verre à la recherche d'un moyen de l'ouvrir. Un cadenas de fer verrouillait une petite trappe à sa base. Elle leva le poing et l'abattit sur le cadenas pour le briser.

Un veilleur s'approcha d'eux.

« Eh ! Arrêtez ça ! »

D'un seul coup d'œil d'Orianna, la sphère se précipita dans la direction du veilleur. Elle frappa son casque dans un tintement métallique et se plaça en suspension comme si elle attendait un ordre. Orianna fit un signe de la tête, puis la sphère émit des vagues d'énergie étincelante. Pris dans le flux énergétique, le veilleur souleva sa matraque et frappa violemment la sphère, qui fit une pirouette avant de se replacer devant sa cible.

Un second veilleur se mit à courir en direction d'Orianna. Elle essaya de faire passer Fieram par la trappe, mais sa chaise se bloqua dans l'ouverture.

« Fieram ! Tu peux refaire ton tour de magie ? »

La sphère continuait à émettre des vibrations énergiques en tournant autour du premier veilleur. Des étincelles jaillissaient de son casque de métal.

« Mon tour de magie ? » Fieram plongea la main dans sa manche et en sortit le bouquet, pendant qu'Orianna esquiva le veilleur d'un bond.

« Pas celui-là, l'autre ! »

Fieram rangea le bouquet.

« Le dernier que tu m'as montré. Vite ! »

Le garçon mécanique sortit une nouvelle fois le bouquet de sa manche.

Orianna se jeta en direction du veilleur en déployant une volée de lames acérées sous sa robe de métal. L'homme recula, matraque levée.

« Ne t'approche pas de ça ! » cria le veilleur. « Tu es en train de toucher au matériel de notre parc ! »

« D'ici, c'est le monde qui vient me rendre visite », dit Fieram.

Il souleva son chapeau, laissant s'échapper des pigeons. Le veilleur pointa sa matraque vers la tête d'Orianna, qui se baissa au moment précis où Fieram frappa des mains. La matraque brisa le côté de l'armoire de verre et une épaisse fumée pourpre s'échappa de l'ouverture, dissimulant totalement la scène.

Le premier veilleur avait riposté à l'assaut électrique de la sphère en se lançant à cor et à cri dans la bataille. Mais la sphère était implacable, et elle tira une dernière décharge d'énergie sur le casque du veilleur, qui s'effondra, inconscient. Vrombissant de satisfaction, elle retourna auprès d'Orianna. Elle projeta de nouvelles vagues voltaïques sur le second veilleur, l'immobilisant à son tour.

Orianna se pencha à l'intérieur de l'armoire, qui baignait encore dans la fumée. Elle souleva le garçon mécanique de son siège, mais il ne tendait pas les jambes pour se tenir debout.

« Fieram ! Fieram, nous devons partir. »

« Partir ? Je ne comprends pas ce que tu veux dire. » Deux pigeons métalliques s'échappèrent de la vitre brisée, mais tombèrent au sol quelques mètres plus loin.

« Fieram, lève-toi, qu'on puisse partir ! » fit Orianna en souriant. « S'il te plaît ! »

« Aha ! Mais je ne t'ai pas encore montré mes tours. » Il tira le bouquet de sa manche.

Alors qu'il se préparait à retirer son chapeau, Orianna l'ignora et le traîna hors de l'armoire, toujours dans sa position assise. À l'extérieur, la sphère avait maîtrisé le second veilleur, qui s'était effondré, le casque crépitant encore.

« Pourtant, je n'étais pas au meilleur de mon talent », dit Fieram. « Je me suis un peu accroché la manche. »

« Tu n'es pas... Ce que tu dis... se répète ? » s'exclama Orianna. Sa tête tomba en arrière lorsqu'elle le fit se tenir debout.

« Mon secret est que j'ai peur du monde extérieur. »

Le regard d'Orianna se porta sur la broderie de la doublure de sa veste. 

La Fabuleuse Foire de sir Feisterly 
Ton ami Fieram

Ce n'était rien de plus qu'un automate, destiné à amuser les spectateurs.

« Moi qui pensais que tu avais une âme », dit-elle. « Et des pensées. Comme moi. »

Fieram la regarda de ses yeux qui brillaient d'argent. « Je suis unique en mon genre, hein ? » Il agita nerveusement les pieds, même s'ils étaient dans le vide. « Tout comme toi. »

La sphère s'approcha d'Orianna en émettant un doux ronronnement.

« Nous ferions mieux d'y aller », murmura-t-elle. Elle replaça Fieram sur son siège, et le déposa juste devant l'armoire de verre. « Porte-toi bien. »

« Mais les petits miracles, c'est ma spécialité », dit-il. « Comme le fait que tu m'aies trouvé. »

« Au revoir, Fieram », dit doucement Orianna. Les deux veilleurs étaient allongés sur le sol, évanouis. Orianna s'éloigna, suivie par sa sphère qui flottait auprès d'elle.

Elle ne se retourna pas avant d'avoir dépassé l'imposante porte d'accès du parc d'attractions. Là, alors qu'elle regardait enfin derrière elle, elle pensa voir l'éclat lointain d'un clin d'œil métallique.
 
Vi Square 0   Vi

Autrefois criminelle des quartiers louches de Zaun, Vi est une femme sans peur, mais pas sans reproche, au tempérament bouillant, impulsive, qui n'a qu'un respect mesuré pour les représentants de l'autorité. Vi a grandi seule et a développé d'excellents instincts de survie ainsi qu'un sens de l'humour assez caustique. Aujourd'hui, elle travaille avec les gendarmes de Piltover pour maintenir l'ordre et se sert pour cela de puissants gantelets Hextech qui n'ont peur de frapper ni les plus épais murs de briques ni les suspects.

Vi se rappelle peu son enfance, et ce dont elle se rappelle, elle préférerait l'oublier. Au contact des bandes de puigniards, elle a rapidement appris à se servir de sa tête et de ses poings pour survivre. S'endurcir étant vital, quiconque rencontrait Vi même dans son enfance savait qu'elle pouvait échapper à tous les types de problèmes à coups de répartie ou à coups de poing. Le plus souvent, à coups de poing.

Aucun des camarades de Vi, dans sa jeunesse, ne savait rien sur ses parents, et la plupart pensaient qu'ils étaient morts dans l'un des accidents industriels trop fréquents à Zaun. Quelques-uns prétendaient sans conviction l'avoir connue pensionnaire de la Maison de l'Espoir, un orphelinat décrépit bâti dans les falaises de Zaun. Sur son lit de mort, un ouvrier notoirement dément affirma avoir trouvé Vi dans un couffin assez large pour deux bambins, au milieu des ruines d'un laboratoire chimique qui s'était effondré. Finalement, Vi cessa de chercher des renseignements sur ses parents : après tout, il est peut-être préférable que certaines choses restent dans l'obscurité.

Du reste, des histoires bien plus étonnantes commencèrent à être racontées sur Vi au fur et à mesure qu'elle se faisait une réputation parmi les bandes de la ville inférieure. Avec ses mèches roses en pétard, Vi ne passait pas inaperçue dans les rues de Zaun, poursuivie par des boutiquiers furieux dans les arcades des Marchés limitrophes, évoluant parmi les bazars colorés ou grimpant clandestinement vers Piltover à bord des transporteurs Hexdrauliques. S'il y avait quelque chose à glaner ou une embrouille à faire marcher, il y avait de fortes chances pour que Vi fût dans le coup. En dépit de sa réputation d'électron libre, elle suivait un code : elle ne volait jamais à ceux qui ne pouvaient se permettre de perdre ce qu'elle prenait, ne blessait jamais quiconque ne le méritait pas.

En grandissant, ses coups d'éclat d'enfance devinrent de plus en plus audacieux, et Vi finit par former sa propre bande. Effrontée et colérique, elle continuait à utiliser ses poings un peu trop rapidement et, bien qu'elle fût généralement vainqueur dans toutes ses rixes, elle avait fréquemment les yeux au beurre noir et les lèvres fendues. Au fil des ans, Vi se lia d'amitié avec le propriétaire d'un bar des Ruelles, qui parvint à tempérer une partie de ses plus dangereuses tendances à l'autodestruction. Il renforça son code d'honneur, lui montra comment combattre avec discipline et lui enseigna à mieux orienter sa colère bouillonnante.

Malgré cette influence apaisante, la bande de Vi faisait les quatre cents coups dans Zaun, tolérée par les Barons de la chimie parce qu'elle savait parfois se rendre utile. La réputation de Vi devint celle de quelqu'un qui accomplit les missions qu'on lui confie sans poser de question. En dépit d'une vie de hors-la-loi, Vi était de plus en plus tourmentée par son sens moral au fur et à mesure qu'elle constatait les ravages que les bandes, la sienne y comprise, occasionnaient sur leur passage.

Le point de bascule fut le casse qu'elle organisa avec une autre bande dans une centrale techno-chimique qui venait de tomber sur un filon. En écoutant les discussions des mineurs dans les bars, Vi découvrit quand le paiement du minerai devait arriver et elle mit au point un plan pour soulager de son or le propriétaire de la mine. Le plan exigeait des mains supplémentaires et Vi fit appel, à contrecœur, aux Sicaires de la Scierie pour l'aider. Tout se déroula sans problème jusqu'à ce que le chef des Sicaires utilise un golem mineur à énergie chimique pour tuer le propriétaire avec ses gantelets pulvérisateurs. Ses hommes refoulèrent les ouvriers dans la mine et obligèrent le golem à s'acharner sur l'entrée. Ce massacre et cette destruction sans raison enragèrent Vi. Ils avaient réussi un coup fumant et ces imbéciles psychotiques avaient tout gâché !

S'emparant de leur part du butin, les Sicaires s'enfuirent sans se préoccuper des mineurs enfermés qui allaient bientôt manquer d'air. Vi ne pouvait pas les laisser mourir et elle débarrassa rapidement le golem en surchauffe de ses gantelets avant qu'il ne se disloque. Les mécanismes de poignet s'enfoncèrent dans ses bras, mais Vi supporta la douleur assez longtemps pour creuser un passage jusqu'aux mineurs et les sauver d'une mort certaine.

Ayant libéré les ouvriers, Vi fila avec sa bande et le reste de l'argent. Le jour suivant, Vi rendit visite aux Sicaires de la Scierie. Toujours équipée de ses gantelets, elle administra à toute la bande une correction dont on parle encore aujourd'hui parmi les gangs de Zaun. La débâcle du casse de la mine fut pour Vi la goutte d'eau qui fit déborder le vase et elle jura de ne plus jamais travailler avec quelqu'un en qui elle n'avait pas pleinement confiance. Elle conserva les gantelets pulvérisateurs et les fit modifier afin qu'ils ne la brûlent pas quand elle s'en servait pour pénétrer dans des coffres supposés inviolables ou pour tendre une embuscade à un convoi d'or ou de technologie bien gardé.

Vi disparut de Zaun pendant une période de grands troubles, quand les tensions entre les deux cités atteignirent un point paroxystique. Des rumeurs circulaient dans les bandes, affirmant qu'elle était morte dans l'une des gigantesques explosions de Zaun ou qu'elle était partie vers des îles lointaines. La vérité éclata enfin lors du démantèlement d'un gang d'assassins brutaux, les Balafrés du Vieux Mordeur, par le Shérif de Piltover et sa nouvelle alliée... Vi. L'ancienne chef de bande de Zaun était désormais employée par les gendarmes, et elle avait reçu une mise à jour. Ses gantelets chimiques avaient été remplacés par des prototypes de gantelets Hextech. Elle paraissait aussi plus vieille, comme si elle avait vu et fait des choses qui l'avaient changée à jamais. La Vi des rues de Zaun, qui utilisait ses poings plutôt que sa tête, n'avait pas disparu, mais elle avait mûri et compris que son chemin était une voie sans issue.

Personne ne sait à ce jour comment Vi en est arrivée à travailler aux côtés de Caitlyn, et le lien qui les unit fait l'objet de nombreuses spéculations. Compte tenu de la nature personnelle de la récente vague de crimes qui s'est abattue sur Piltover, les rumeurs sont d'autant plus nombreuses qu'elles impliquent une semeuse de troubles aux cheveux bleus venue de Zaun...
 
Interrogatoire

Vi étouffa un bâillement en remontant la chambre dorée, au centre du Palais de justice de Piltover. L'aube ne s'était levée qu'une heure plus tôt et les lieux étaient silencieux. Quelques poivrots dormaient dans les cellules de dégrisement et, dans les profondeurs du bâtiment, des truands à optimisations chimiques avaient été bouclés à double tour. Elle essaierait de savoir plus tard ce qu'ils faisaient à Piltover.

Elle fit rouler ses épaules ; après une nuit de dur travail, ses muscles étaient toujours noués. Son quart avait été long et la pression de ses gantelets pesait lourdement sur ses avant-bras. Tout ce qu'elle voulait, c'était rentrer à la maison, les enlever et plonger ses poings dans de l'eau glacée. Peut-être avaler quelques verres bien tassés et dormir un peu ; mais le tube pneumatique qu'elle avait reçu de Caitlyn lui enjoignait vigoureusement de la rejoindre au pas de course. Vi avait levé un sourcil, jeté le message et attendu une bonne heure avant de quitter sa maison du quartier des couturières pour obéir à la convocation de Caitlyn.

« Hé, Harknor », dit-elle au gendarme de service quand elle atteignit les cellules. « Qu'est-ce qui se passe de si vital pour que Caitlyn m'arrache à un rêve érotique sur... »

« Non, arrête-toi tout de suite », dit Harknor sans lever les yeux de la liste des prisonniers qui lui avaient été amenés pendant la nuit. « Je ne suis pas d'humeur pour entendre un autre de tes fantasmes racoleurs. »

« T'es sûr ? » sourit Vi, se penchant sur le bureau en soufflant pour soulever une mèche de cheveux roses qui lui tombait sur les yeux. « Il était bien, pourtant. Il y avait une intrigue, et tout. »

« Tout à fait sûr », répondit Harknor en détournant le regard et en tendant la feuille de dépôt. « Caitlyn et Mohan ont arrêté un voleur d'Hextech, cette nuit. Il n'a pas dit un mot, mais Caitlyn pense que tu devrais être capable de le faire parler. »

Vi regarda la page avec perplexité.

« Devaki ? Vilain garçon », dit-elle en roulant les yeux et en fermant sa main en un poing de fer. « Ouais, Devaki et moi, on se connaissait, à l'époque. Je vais aller lui parler. »

Harknor secoua la tête : « Écoute, Vi, je ne veux pas avoir à appeler une fois encore le chirurgien. Caitlyn veut que ce type soit capable de prononcer des syllabes devant le procureur. »

« Elle est où, puisqu'on en parle ? » demanda Vi. « Elle n'est pas venue me dire bonjour ? »

« Elle suit une piste sur les docks. Elle a dit qu'à son avis, tu pouvais t'occuper de ça toute seule. Elle a eu tort ? »

« Non », dit Vi en se dirigeant nonchalamment vers les cellules. « Dans quelle cellule se trouve Devaki ? »

« La six. Mais n'oublie pas, il doit être capable de parler ! »

« Ouais, ouais... »

Vi déverrouilla la cellule six. N'importe quel autre gendarme aurait sécurisé la sortie, mais Vi n'avait pas besoin qu'on surveille ses arrières. Elle connaissait Devaki, elle avait même travaillé avec lui quelquefois avant que le casse avec les Sicaires de la Scierie ne tourne à la catastrophe. Devaki était un voleur, pas un bagarreur, et si elle avait besoin d'aide pour contrôler cette silhouette chétive, c'est qu'il était temps pour elle de changer de métier.

Devaki était assis sur le rebord du petit banc de pierre qui servait de lit, le dos contre le mur et les genoux relevés contre sa poitrine. Il ramena un bras contre son corps : au bout du membre, un bandage remplaçait sa main. Il regarda la jeune femme entrer et ses yeux s'écarquillèrent de surprise.

« Vi ? »

« La seule et unique », répondit-elle avec une petite révérence qui, malgré la situation, fit sourire Devaki. « Qu'est-il arrivé à ta main ? »

« C'est ton satané shérif qui l'a fait sauter », répondit-il. « Et les tiennes ? »

« J'ai bénéficié d'une mise à niveau », dit Vi, présentant ses gantelets Hextech. Ils émirent un bourdonnement grave et Vi les fit pivoter sous tous les angles pour que Devaki puisse s'imprégner de leur puissance. « Entièrement personnalisable, avec différents niveaux de mornifle. Je peux défoncer un mur, avec ces petits bijoux. »

« Oui, il paraît que c'est ce qui s'est passé dans les Coffres écliptiques », dit Devaki avec un sourire, comme s'il parlait avec l'ancienne Vi, la Vi des Ruelles. Il n'était pas assez malin pour comprendre que cette Vi avait disparu au profit de celle qui se tenait aujourd'hui devant lui.

Devaki souleva le bras qui se terminait par un moignon. « Moi aussi, je vais avoir besoin d'une mise à niveau. C'était une optimisation haut de gamme de chez Bronzio. Ton shérif était vraiment pas obligé de la détruire. »

« Tu lui enverras la facture », dit Vi, se rapprochant de lui et hissant Devaki pour le remettre sur pieds. Elle le jeta contre le mur opposé en soulevant un nuage de poussière.

Devaki glissa au sol, souffle coupé, sous le choc. « Ils ont joué les bons flics jusqu'à présent, et maintenant ils t'envoient ? Pourquoi ? »

« C'est toujours moi qu'ils envoient quand demander poliment ne les mène nulle part », dit Vi, laissant l'énergie monter dans ses gantelets. « C'est moi qui joue les méchants flics, avec ces bébés. À moins bien sûr que tu ne préfères me dire tout ce que je veux savoir. »

« Hé là, attends ! Vi, qu'est-ce que tu fais ? » cracha Devaki, levant sa main rescapée devant lui en tentant de se relever.

« Je t'interroge, qu'est-ce que tu crois ? »

« Mais tu ne m'as rien demandé ! »

Vi inclina la tête sur le côté. « Pas faux, il faudrait peut-être que je me préoccupe de ça. »

Elle se pencha pour remettre Devaki debout, appliquant une pression croissante sur son épaule.

« Alors, qui avait l'intention d'acheter les matériaux Hextech volés ? »

Devaki grimaça de douleur mais ne répondit pas.

« Allons, tu es plus résistant que ça », dit Vi en lâchant son épaule. « Tu veux voir ce qui arrive à un visage quand je ne retiens pas mes coups ? »

« Non ! » s'écria Devaki.

« Alors dis-moi ce que je veux savoir. »

« Je ne peux pas. »

Vi se tapota le menton du doigt, comme si elle se demandait s'il fallait le frapper de nouveau. Elle sourit, et cette expression inquiéta Devaki davantage que la menace de ses poings.

« Ce serait dommage si on commençait à dire dans les Ruelles que tu informes la police depuis des années. »

« Quoi ? » demanda Devaki, secoué de douleur et d'indignation. « C'est un mensonge ! »

« Bien sûr, mais je connais tous les relais susceptibles de faire vivre ce bruit. Beaucoup de gens écouteront si je fais savoir que tu es un indic. »

« J'en ai pas pour un jour à vivre si tu fais ça ! » protesta Devaki.

« Bien, tu commences à comprendre », dit Vi. « Dis-moi ce que je veux savoir. Je ferai en sorte qu'on dise que tu as résisté à ton arrestation. Je t'offrirai même un bel œil au beurre noir, pour qu'on pense que je t'ai battu comme plâtre. »

Les épaules de Devaki s'affaissèrent, il avait épuisé sa capacité de résistance.

« D'accord, je vais te dire tout ce que je sais. »

« Excellent », dit Vi. « On progresse enfin ! »
 
RedTracker #34 : Talon en progression, Karma trop ...
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  • This commment is unpublished.
    Taric want you in Vi · 7 years ago
    [b]"Ce qu'il ignorait, c'est que le gant avait un frère jumeau qui avait été exhumé de la tombe des années plus tôt. Ezreal jura de poursuivre la tradition de ses parents : explorer le monde et vivre le frisson de l'inconnu."[/b]
    ( ͡⊙ ͜ʖ ͡⊙)

    ........ Vais je pouvoir réver d'un second jeune homme a la main d'Or... ? ( ͡° ͜ʖ ͡°)
  • This commment is unpublished.
    TheFab
    • Tipeur
    · 7 years ago
    Excellent ! Entre les rumeurs de la relation de vi et cait ou les liens entre jinx et vi, il y a de quoi combler la communauté.
    Par contre dans la première partie d'oriana, il est question de trois histoires racontées au théâtre, la première le mage centenaire c'est ryze j'imagine et la dernière l'homme qui gravit de sommet qui soigne c'est évident taric, l'histoire de la fille qui se fait passer pour un rocher m'intrigue, j'ai d'abords pensé à taliyah mais ça se passe dans la jungle...
    Bref, du beau travail encore une fois.
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    Phoenix.be · 7 years ago
    "La lumière est canalisée en un tir brûlant qui brille intensément en désintégrant tout sur son passage, laissant une petite ouverture très étroite derrière elle. Mon genre d'ouverture préférée !"

    ~ Gayzreal 2016
  • This commment is unpublished.
    Bardo · 7 years ago
    N'oubliez pas d'aller sur le site , il y a votre icone piltover
  • This commment is unpublished.
    Urgot · 7 years ago
    Je sais pas pourquoi mais j'ai jouis en lisant l'histoire d'Orianna
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