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Ombre et fortune (Chapitre 3)

Ombre et fortune (Chapitre 3)
 
Riot a publié une très longue histoire, dont le troisième chapitre est apparu aujourd'hui. L'histoire devrait se composer de 4 chapitres au total. Les suivants arriveront jeudi et vendredi !
 
 
Ombre et lumière : Chapitre 3
Le Purificateur, La cité des morts, Sanctuaire
 
I

Les hommes de Miss Fortune furent paralysés de terreur à la seule mention de ce symbole de férocité meurtrière et de fureur.

L'Ombre de la guerre.

Naguère, disait-on, il s'appelait Hecarim, mais nul ne savait si c'était vrai ou le fruit d'une imagination féconde de barde. Seuls les fous osaient narrer sa légende noire autour du feu, et même les fous ne le faisaient qu'après avoir bu assez de rhum pour engloutir une galère de guerre noxienne.

Tandis que l'Ombre de la guerre avançait, Miss Fortune vit qu'il ne s'agissait pas d'un cavalier. Un froid glacial l'enveloppa comme un suaire à la vue de la monstrueuse créature.

Peut-être Hecarim avait-il été naguère un chevalier, homme et monture totalement séparés. Mais aujourd'hui ils ne faisaient plus qu'un, une seule créature dont le seul but était la destruction.

« Nous sommes encerclés », fit une voix.

Miss Fortune détourna le regard du centaure en armure et vit la horde de cavaliers spectraux autour d'eux, irradiant un vert morbide. Ils levèrent leur lance ou dégainèrent une épée d'un noir intense. Hecarim leva un terrifiant glaive courbe dont le tranchant brûlait d'un feu émeraude.

« Vous connaissez un chemin secret pour sortir d'ici ? » demanda Rafen.

« Non », dit Miss Fortune. « Je veux combattre cette créature. »

« Vous voulez combattre l'Ombre de la guerre ? »

Avant que Miss Fortune n'ait pu répondre, une silhouette bondit du toit d'un entrepôt pour atterrir sur la place. Il se posa avec grâce dans les remous d'un manteau de cuir craquelé par l'âge. Il portait deux pistolets, mais qui ne ressemblaient à aucune arme connue de Miss Fortune : du bronze et de la ferronnerie sur une masse qui évoquait la pierre gravée.

La lumière envahit la place tandis que chaque pistolet pétaradait dans des éclats de foudre à faire oublier l'explosion du Dead Pool. L'homme pivota dans une spirale serrée, marquant ses cibles et les éliminant avec la rapidité d'un manieur de fouet. La brume brûlait là où ses projectiles la frappaient et les spectres hurlaient, consumés par le choc.

La brume se retira de la place, emportant avec elle Hecarim et les chevaliers d'effroi. Mais Miss Fortune savait que ça n'était qu'un répit de courte durée.

L'homme rengaina ses pistolets et se tourna vers Miss Fortune, rejetant sa capuche pour dévoiler des traits délicats et des prunelles mélancoliques.

« C'est le secret, avec les ténèbres », dit-il. « Si on apporte assez de lumière, elles disparaissent. »
 
II
 
Olaf n'était pas satisfait de son destin.

Il espérait que des hommes raconteraient son combat grandiose contre le wyrm kraken, pas cette chute ignoble dans la mort.

Il espérait que quelqu'un l'avait vu charger le monstre marin.

Il priait pour qu'au moins un observateur l'ait vu se faire soulever haut dans les airs par le tentacule fantomatique et se soit enfui avant que la bête ne projette au loin son adversaire comme un vulgaire déchet.

Olaf atterrit sur le toit d'un bâtiment vissé au flanc de la falaise. Peut-être était-ce l'ancienne coque d'un bateau ? Il était tombé trop vite pour le distinguer. Du bois brisé et des morceaux de poteries volèrent avec lui quand il traversa le toit. Des visages hurlant défilèrent devant lui.

Olaf creva le plancher. Une poutre de soutien ralentit sa chute tandis qu'il dégringolait le long des falaises de Bilgewater. Il rebondit sur une excroissance rocheuse et passa la tête la première par une fenêtre ouverte avant de traverser de nouveau un plancher.

Sa chute était accompagnée de jurons furieux.

Il tomba jusque dans une forêt de cordages et de poulies, de drapeaux et d'étendards. Ses membres et son arme s'emmêlèrent à ce fouillis de cordes. Le destin se moquait de lui et, pour dernier linceul, lui offrait des voiles rapiécées.

« Je refuse de finir comme ça ! » rugit-il. « Je refuse ! »
 
III
 
« Qui êtes-vous et où puis-je me procurer des armes comme celles-ci ? » demanda Miss Fortune en offrant la main au nouveau venu.

« Je m'appelle Lucian », répondit-il, acceptant prudemment la main tendue.

« Je suis rudement content de faire votre connaissance ! » s'exclama Rafen, avec une tape sur le dos comme s'en donnent les vieux camarades d'équipage. Miss Fortune vit que la familiarité de Rafen mettait Lucian mal à l'aise, comme s'il avait passé sa vie dans la solitude.

Ses yeux exploraient les moindres recoins de la place, ses doigts mobiles sur la crosse de ses pistolets.

« Vous êtes plus que bienvenu, Lucian », dit Miss Fortune.

« On devrait y aller », dit-il. « L'Ombre de la guerre va revenir. »

« Il a raison », dit Rafen avec un regard implorant. « Il est temps de s'enfermer quelque part à double tour. »

« Non. Nous sommes venus combattre. »

« Écoutez, Sarah, je vous comprends. On s'est emparé de Bilgewater et vous voulez vous battre pour affirmer votre présence dans la ville, pour montrer à tous que vous valez mieux que Gangplank. Eh bien, ça, vous l'avez déjà fait. Nous sommes entrés dans la Brume noire et nous avons combattu les morts. C'est plus qu'il n'en a jamais fait. Quiconque a osé jeter un coup d'œil par sa fenêtre le sait déjà. Quiconque n'a pas osé l'entendra raconter. Qu'est-ce que vous voulez de plus? »

« Combattre pour Bilgewater. »

« Il y a combattre pour Bilgewater et puis il y a mourir pour Bilgewater », dit Rafen. « Le premier me va parfaitement, je suis moins chaud pour le second. Ces hommes et ces femmes vous ont suivie en enfer, mais il est temps d'en ressortir. »

Miss Fortune fit face à sa troupe de combattants. N'importe lequel d'entre eux était susceptible de vendre sa mère pour une piécette, mais ils feraient n'importe quoi pour elle. S'aventurer dans la Brume noire était ce que chacun d'eux avait fait de plus courageux dans sa vie et elle ne pouvait pas les récompenser en les envoyant à la mort pour étancher sa soif de vengeance.

« Tu as raison », admit-elle dans un souffle. « Notre tâche ici est terminée. »

« Alors que la fortune vous accompagne », dit Lucian, se détournant en sortant de nouveau ses pistolets.

« Attendez ! » dit Miss Fortune. « Venez avec nous. »

Lucian secoua la tête. « Non, il y a un spectre de la brume que je me dois de détruire. Celui que l'on appelle Thresh, le Garde aux chaînes. Je lui dois le paiement d'une mort. »

Miss Fortune vit les rides autour des yeux de Lucian s'approfondir et elle reconnut l'expression qui avait souvent marqué ses propres traits depuis le meurtre de sa mère.

« Il vous a pris quelqu'un, n'est-ce pas ? »

Lucian approuva d'un geste lent du menton ; il ne dit rien d'autre, mais son silence était plus qu'éloquent.

« Ce n'est visiblement pas votre premier combat contre les morts », dit Miss Fortune, « mais cette nuit vous sera fatale si vous restez dehors seul. Il est possible que cela ne signifie pas grand-chose pour vous, mais la personne que Thresh vous a prise ne voudrait sûrement pas que vous mouriez ainsi. »

Les yeux de Lucian se baissèrent légèrement, et Miss Fortune aperçut un médaillon d'argent, à peine visible, pendre à son cou. Était-ce son imagination ou un effet de la brume qui le faisait briller sous la lumière lunaire ?

« Venez avec nous. », dit Miss Fortune. « Mettons-nous à l'abri jusqu'au matin et vous aurez l'occasion d'essayer de remplir votre mission une fois de plus. »

« À l'abri ? Où est-on à l'abri dans cette ville ? » demanda Lucian.

« Je crois que j'ai une idée... » dit Miss Fortune.
 
IV
 
Ils quittèrent la place ; ils s'engageaient vers l'ouest en direction du Pont du serpent quand ils tombèrent sur le guerrier de Freljord. Enveloppé dans des restes de voiles, il était suspendu à un crochet à viande comme un cadavre à un gibet. Mais au contraire de la plupart des cadavres, il s'agitait dans tous les sens comme un poisson jeté sur la berge.

Des piles de débris étaient éparpillées tout autour de lui et Miss Fortune leva la tête pour voir de quelle hauteur il avait pu dégringoler.

La réponse était : « de très haut », et qu'il soit toujours en vie était un pur miracle.

Lucian leva ses pistolets, mais elle secoua la tête.

« Non, celui-ci est encore du bon côté de la tombe. »

Des cris étouffés provenaient du linceul de voiles, des jurons hurlés avec l'accent de Freljord qui auraient valu la bastonnade à n'importe qui dans pas mal d'autres contrées.

Miss Fortune plaça la pointe de son sabre contre la toile et la déchira de haut en bas. Comme un veau nouveau-né quittant le ventre de sa mère, un colosse à la barbe fournie dégringola jusqu'au sol. Une puanteur d'entrailles de poisson lui collait à la peau.

Il se redressa péniblement sur ses jambes, brandissant une hache dont le fil brillait comme un diamant.

« Les quais-abattoirs, c'est dans quelle direction ? » demanda-t-il avec les gestes engourdis d'un ivrogne. Il regarda autour de lui, la tête couverte de contusions et de bosses.

« En temps ordinaire, je vous dirais de suivre les effluves nauséabondes », répondit Miss Fortune, « mais je doute qu'il vous reste la moindre parcelle d'odorat. »

« Je tuerai ce wyrm kraken dix fois s'il le faut ! » dit l'homme. « Je lui dois une mort. »

« Visiblement c'est la mode, ce soir... » commenta Miss Fortune.
 
V
 
L'homme de Freljord se nommait Olaf, c'était un guerrier de la glace et, dès qu'il fut remis de sa commotion, il affirma vouloir se joindre à eux jusqu'à ce qu'il puisse combattre l'esprit le plus dangereux au sein de la Brume noire.

« Vous voulez mourir ? » lui demanda Lucian.

« Évidemment », répondit Olaf, comme si la question n'avait aucun sens. « Je cherche une fin digne des légendes. »

Miss Fortune ne songea pas une seconde à interdire au fou ses rêves de gloire posthume. Tant qu'il maniait la hache contre le bon ennemi, il pouvait les accompagner où il voulait.

À trois reprises, la brume se referma sur eux, à chaque fois elle arracha une âme infortunée à leur groupe. Des rires haineux se répondaient tout autour d'eux, grinçant comme une chaîne sur de l'acier rouillé. Des charognards caquetaient sur les toits dans l'attente d'un banquet de chair. Des lumières dansèrent dans la pénombre de la brume, comme des feux-follets sur des marais.

« Ne les regardez pas ! » prévint Lucian.

Son avertissement vint trop tard pour un homme et sa femme. Miss Fortune ne connaissait pas leur nom, mais elle savait qu'ils avaient perdu un fils en mer quelques mois plus tôt. Ils se dirigèrent vers le bord de la falaise et chutèrent, à la poursuite d'une vision qu'ils étaient les seuls à voir.

Un autre homme, leurré aussi par les feux-follets, se plongea le crochet qui lui servait de main dans la gorge avant que ses amis ne puissent l'en empêcher. Un autre disparut purement et simplement dans la brume sans que personne ne le voie partir.

Quand ils atteignirent enfin le Pont du serpent, ils n'étaient plus qu'une douzaine. Miss Fortune ne parvenait pas à se désoler pour eux : elle les avait avertis de ne pas venir avec elle. Quand on veut survivre, on s'enferme derrière des portes closes et des runes de protection, agrippé à des talismans de la Grande Barbue et en priant une divinité ou une autre.

Encore que pendant la Nuit de l'horreur, même ça ne garantissait rien.

Ils virent sur leur route d'innombrables maisons dont la porte avait été forcée et ne pendait plus qu'à un dernier fragment de charnière. Miss Fortune ne regardait que droit devant elle, mais il était difficile de ne pas sentir les regards accusateurs des visages pétrifiés dans un ultime moment de terreur.

« La Brume noire prendra son dû », dit Rafen en passant devant une nouvelle maison dont la famille était morte et froide.

Miss Fortune faillit s'indigner que l'horreur soit ainsi acceptée comme une fatalité, mais à quoi bon ? Après tout, son second avait raison.

Elle préféra concentrer son attention sur les contours flous du bâtiment, de l'autre côté du pont. Il était construit au centre d'un cratère creusé au milieu des falaises, comme si quelque monstrueuse créature marine avait arraché une énorme bouchée au roc. Comme la plupart des lieux de Bilgewater, le bâtiment avait été monté avec les rebuts de l'océan. Ses murs étaient faits de bois flottant et de branches venues de terres lointaines, ses fenêtres avaient été pillées sur des carcasses de navire rejetées sur le rivage. Sa particularité était de ne posséder aucune ligne droite. Les angles curieux donnaient vaguement l'impression que la structure était en mouvement, comme si elle pouvait un jour choisir un autre lieu pour y enfoncer des racines temporaires.

Ses tours aussi étaient biscornues, centrifuges comme une corne de narval et surmontées du même symbole en spirale que Miss Fortune portait autour du cou. Une lueur scintillante entourait l'icône et, là où elle brillait, les ténèbres étaient repoussées.

« Quel est cet endroit ? » demanda Lucian.

« Le Temple de la Grande Barbue », répondit Miss Fortune. « La Maison de Nagakabouros. »

« C'est un endroit sûr ? »

« C'est plus sûr que de rester dehors. »

Lucian approuva de la tête et le groupe prit pied sur le pont. Comme le temple dont ils approchaient, le pont était irrégulier, ondulant comme s'il était en vie.

Rafen s'arrêta devant le parapet en ruines et baissa les yeux.

« Chaque année, ça monte un peu plus haut », dit-il.

Réticente, Miss Fortune le rejoignit et se pencha aussi par-dessus la rambarde.

Les docks et la Ville aux rats étaient plongés dans la Brume noire et même les gondolées étaient à peine visibles. Bilgewater étouffait sous la pression de la brume dont les radicules poussaient jusque dans les moindres recoins de la ville. Des hurlements de terreur montaient jusqu'à eux, poussés par des vies au bord de succomber pour rejoindre la légion des morts.

Rafen haussa les épaules. « Encore quelques années et plus rien à Bilgewater ne sera hors de sa portée. »

« Il peut se passer beaucoup de choses en quelques années », dit Miss Fortune.

« Ce truc-là survient tous les ans ? » demanda Olaf, un pied sur le parapet sans souci de la hauteur vertigineuse.

Miss Fortune acquiesça.

« Excellent ! » dit l'homme de Freljord. « Si mon destin n'est pas de mourir cette nuit, je reviendrai à la prochaine Brume noire. »

« Chacun choisit ses funérailles », répliqua Rafen.

« Merci ! » dit Olaf, avec une si vigoureuse tape dans le dos que Rafen faillit basculer. Les yeux du combattant de Freljord s'écarquillèrent à la vue de tentacules spectraux qui s'élevaient de la brume pour mieux s'abattre sur les bas-fonds de la Ville aux rats.

« La bête ! » hurla-t-il.

Et avant que personne n'ait pu l'arrêter, il grimpa sur le parapet et se jeta dans le vide.

« Satané fou ! » dit Rafen en voyant la silhouette d'Olaf disparaître dans la brume.

« Tous les briseurs de glace sont fous », dit Miss Fortune. « Mais celui-ci était plus fou encore que tous ceux que j'ai croisés dans ma vie. »

« Faites entrer tout le monde à l'intérieur », dit Lucian.

Miss Fortune entendit la tension dans sa voix ; elle se retourna et elle vit qu'il faisait face à une immense silhouette dans une robe noire qui faisait cliqueter ses chaînes. Une lumière verdâtre et morbide entourait le spectre qui, dans sa main cadavérique, balançait une lanterne. La peur s'empara de Miss Fortune, une peur comme elle n'en avait plus connue depuis la mort de sa mère.

Lucian tira ses pistolets. « Thresh est à moi. »

« Aucun problème ! » répondit Miss Fortune en se détournant.

Son regard fut attiré vers les hauteurs : les ombres semblaient se refermer autour du temple. Sa gorge se noua lorsqu'elle vit Hecarim et ses chevaliers d'effroi apparaître sur le rebord du cratère.

L'Ombre de la guerre leva son glaive et les cavaliers spectraux lancèrent leurs destriers des enfers sur la pente. Aucun cavalier mortel n'aurait pu survivre à une telle descente, mais ces cavaliers-là n'avaient rien de simples mortels.

« Courez ! » hurla Miss Fortune.
 
Présaison & Redposts #2
Mise à jour sur le PBE (29/10)
 
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  • This commment is unpublished.
    Kardain · 8 years ago
    Ce serait bien d'avoir une voix en audio, comme si c'était un conte que l'on nous lisait, comme il avait fait l'année précédente, bon après c'est un peu long mais bon ^^
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