By Philidia on dimanche 4 mars 2018
Category: News

Bio et nouvelle de Kai'Sa

 
L'histoire de Kai'Sa est arrivée, Elle s'accompagne d'une nouvelle, et on trouve des informations sur le néant...
 
Kai'Sa - Fille du néant
 
Ce qu'il y a sans doute de plus remarquable, chez cette intrépide chasseuse du Néant nommée Kai'Sa, c'est l'absolue banalité de ses origines. Elle ne descendait pas de guerriers tribaux endurcis par des générations de conflits, pas plus qu'elle n'avait été invoquée depuis une terre lointaine pour affronter la menace indicible qui se tapissait sous Shurima. Non, elle n'était qu'une petite fille ordinaire, née de parents aimants qui résidaient dans les impitoyables déserts du sud. C'est là qu'elle passait ses journées à jouer avec ses amis, et ses nuits à rêver de la place qu'elle occupait dans ce monde.

L'été de sa dixième année, la jeune Kaisa connut un événement qui changea son destin pour toujours. Si elle avait été plus âgée, elle aurait sans doute été plus sensible aux événements inhabituels qui avaient commencé à se produire dans les villages. Chaque jour, sa mère la forçait à rester à la maison, craignant les étrangers qui erraient dans la région à la recherche de tributs pour les forces obscures du monde souterrain. Kaisa et ses amis n'y croyaient pas, jusqu'à ce qu'un soir, ils découvrent un enclos de chèvres sacrificielles achetées à des bergers nomades. À l'aide du couteau que son père lui avait offert à son huitième anniversaire, elle coupa les attaches des animaux et les laissa fuir dans un canyon proche. Cela ne sembla être qu'une farce sans conséquence… jusqu'à ce que l'impensable ne se produise. Le sol se mit à trembler et des éclairs embrasèrent le ciel. Les enfants prirent leurs jambes à leurs cous.

Le Néant venait d'être réveillé. Une énorme faille déchira le sol, avalant le village de Kaisa et tous ses habitants, ne laissant derrière elle qu'une étendue de sable transpercée de piliers tortueux, aussi noirs que la nuit.

Lorsqu'elle reprit connaissance, Kaisa se trouvait prisonnière du monde souterrain. Elle était paralysée par la peur, mais un espoir subsistait encore : elle percevait les faibles cris d'autres survivants. Ils tentaient tant bien que mal de s'appeler les uns les autres, en répétant leurs noms comme une incantation, mais au bout du troisième jour, il ne restait plus que sa voix. Ses amis et sa famille avaient tous péri. Elle se retrouva seule dans l'obscurité.

Alors qu'elle pensait que tout était perdu, elle vit la lumière.

Elle s'enfonça vers elle.

Sur le chemin, elle trouva de quoi s'alimenter sommairement. Il restait parmi les débris de la catastrophe quelques outres en peau de bête et des pêches en décomposition ; de quoi éviter de mourir de faim ou de soif. Mais avec le temps, l'appétit de Kaisa fut à nouveau remplacé par la peur. Elle déboucha dans une immense caverne illuminée par une mystérieuse lueur violacée, qui lui permit de voir qu'elle n'était plus seule.

D'innombrables créatures grouillaient sans un bruit dans les profondeurs. La première à s'avancer devant Kaisa n'était pas plus grande qu'elle. Elle agrippa son couteau à deux mains, prête à se défendre. L'horreur venue du Néant la plaqua au sol, mais elle planta la lame dans son cœur palpitant et, en se débattant, elles tombèrent toutes deux plus profondément encore dans l'abîme.

La créature paraissait morte, mais sa peau étrange s'était fermement fixée au bras de Kaisa. La carapace noire, qui était aussi dure que de l'acier, la picotait. En tentant de la retirer, prise de panique, Kaisa cassa son couteau. Lorsque des créatures de plus grande taille approchèrent, elle se servit de cette carapace comme d'un bouclier pour préparer sa fuite.

Elle comprit rapidement que cette cuirasse faisait désormais partie de son corps. Alors que la survie d'un jour se transforma en un défi de plusieurs années, cette seconde peau grandit en même temps qu'elle, tout autant que sa détermination.

Elle avait désormais plus qu'un simple espoir. Elle avait un plan. Se battre. Rester en vie. Trouver comment remonter.

Elle n'était plus une petite fille apeurée, mais une survivante téméraire. Elle n'était plus la proie, mais le prédateur. Depuis presque dix ans, elle vit entre deux mondes dans l'espoir de les maintenir à distance l'un de l'autre, car les villages qui parsèment Shurima ne sont pas les seules cibles du Néant ; tous les êtres vivants de Runeterra sont menacés d'extinction, et jamais elle ne laissera une telle chose arriver.

Bien qu'elle ait terrassé d'innombrables créatures du Néant, elle sait que beaucoup de ceux qu'elle protège la voient elle aussi comme un monstre. Son nom, d'ailleurs, est maintenant entré dans la légende aux côtés des horreurs qui ont frappé Icathia.

On ne l'appelle plus Kaisa… mais Kai'Sa.
 
La fille qui est revenue
 
« Écoute-moi attentivement », dis-je à la petite fille qui m'a trouvée ici, près d'un puits. « On a peu de temps. »

Elle se campe solidement sur ses jambes, sans la moindre trace de peur dans les yeux. « Dis-moi ce que je dois faire. »

Je l'aime bien. Pour la première fois depuis ce qu'il me semble être une éternité, un léger sourire se dessine sur mes lèvres. « Laisse tomber ça », lui dis-je en montrant du doigt la flèche qu'elle a dans la main. Elle la brandit comme si c'était une lance.

Je n'étais qu'une enfant quand le Néant m'a arrachée à ma famille, et je n'étais pas si différente de cette fillette. Les autres, en revanche, étaient vraiment des inconscients. Sacrifices, offrandes, tributs… Quel que soit le nom qu'ils donnaient à leurs actes, ça ne pouvait pas marcher. Le Néant n'est pas un dieu qu'on apaise avec des cadeaux et des prières. Tout ce qu'il veut, c'est tout dévorer.

« Tu veux les tuer ? Tu veux détruire toutes ces créatures ? » lui demandé-je.

Elle acquiesce.

« Alors affame-les. »

La sensation de picotement dans ma chair s'intensifie, comme si elle réagissait à mes paroles. Les menaces sont maintenant un peu plus proches de nous ; ma seconde peau est aussi tendue que la corde d'un arc. Je prends une dernière inspiration avant qu'elles ne soient sur nous.

Le sable commence à se soulever. Il s'écoule sur les flancs de formes émergentes. De sinistres rayons de lumière zèbrent le ciel nocturne de Shurima tandis que des monstres surgissent du sol en hurlant, la bave aux lèvres. Je commence immédiatement à concentrer mon énergie dans mes épaules.

Je serre les dents, puis je tire.

De violents projectiles lumineux frappent mes cibles et les arrêtent net, les faisant basculer en arrière. Une puanteur acide se répand dans l'air. La chitine fond dans un sifflement aigu.

Il ne reste très vite plus rien d'eux. J'attends que les picotements cessent, en vain.

La petite fille est accroupie à côté de moi, prête à passer à l'action. Elle ne comprend probablement pas ce qu'elle voit.

« Est-ce que ça fait mal ? » me demande-t-elle doucement en approchant sa main des écailles luisantes qui parcourent mon bras.

Par réflexe, j'écarte mon bras. Elle ne sourcille même pas.

« Parfois », avoué-je.

Non loin de là, tout son village ou presque dort à poings fermés. La fillette n'avait sans doute pas pu réprimer sa trop grande curiosité. On avait dû lui raconter tant et tant d'histoires aussi effrayantes qu'intrigantes sur les bêtes du Néant qui chassent la nuit.

Elle avait voulu voir tout cela de ses propres yeux. Toutes ces choses qui rôdent sous la terre et que son peuple craint et vénère à la fois.

Ma peau se tend encore plus. Des milliers d'aiguilles s'enfoncent dans ma chair, les picotements s'accentuent…

Je cligne des yeux. « Au fait, tu ne m'as pas dit ton nom. »

Elle se redresse fièrement en brandissant toujours sa flèche. « Je m'appelle Illi. Je suis venue protéger ma famille contre les monstres. » Elle ne doit pas avoir plus d'une dizaine d'années.

« Tu sais, Illi, la fuite est parfois la meilleure solution. »

« Mais toi, tu ne fuis pas », me rétorque-t-elle en plissant les yeux.

Cette petite est maligne. Je fais non de la tête. « Plus maintenant. »

« Dans ce cas, moi non plus ! » Maligne et courageuse.

Elle n'a pas la moindre idée de ce à quoi les siens sont confrontés. Aucun d'eux ne le sait. Tout ce que son peuple fait pour se débarrasser de ces créatures revient à sonner la cloche du dîner.

« Tu dois leur expliquer, Illi. Il faut qu'ils comprennent qu'ils doivent arrêter de danser à chaque nouvelle lune. Il faut arrêter d'attacher des animaux à des pieux. Le Néant n'a aucune pitié : il se nourrit ou il meurt. »

Le jour où j'ai compris cela, j'ai su que j'avais une chance. C'est peut-être pour cette raison que je continue de survivre alors que tant d'autres périssent.

Mais la survie a un prix que je paie continuellement depuis que je suis revenue.

« Regarde… » murmure la fillette. « Ils viennent nous chercher. »

Je n'ai pas besoin de regarder. Je savais qu'ils viendraient. Instinctivement, ma carapace se referme sur mon visage. Illi écarquille les yeux.

« N'aie pas peur », lui dis-je avec une voix maintenant si monstrueuse et distordue qu'elle pourrait effrayer n'importe qui.

« De quoi ? » répond-elle. Je souris une fois de plus, mais elle ne le voit pas.

Rares sont ceux qui m'ont vue en chair et en os… Ou plutôt, en chair, en os et en cette autre chose qui protège aujourd'hui mon corps. Seuls deux d'entre eux ont survécu.

Le peuple d'Illi doit compter de nombreux chasseurs habiles dans ses rangs, car on ne peut survivre ici sans talent. J'imagine que c'est d'eux qu'elle tire son courage. Leurs torches percent l'obscurité de la nuit.

« Papa ! » crie-t-elle soudainement en direction des villageois. « Je l'ai trouvée ! La fille qui est revenue ! »

Ils viennent vers nous, à présent. Leurs armes sont prêtes, leurs regards sont déterminés. « Illi ! » hurle son père. Il encoche une flèche. « Éloigne-toi de cette… chose ! »

La petite relève les yeux vers moi, perplexe. Pour chaque fillette telle qu'Illi, dix autres m'auraient fuie. Ou pire encore. Je sais ce que disent les gens sur moi. J'ai vu les signes de leur peur gribouillés sur des murs de terre ou gravés dans la roche des canyons.

Prenez garde à la fille qui est revenue, c'est un monstre.

Ils ne savent rien de moi. Je suis la vérité qu'ils refusent de voir en face, l'incarnation de ce qui les terrifie le plus. Je suppose que c'est la raison pour laquelle ils ont ajouté la marque du Néant à mon nom.

Il y a dix ans, j'étais Kaisa. Je ressemblais beaucoup à Illi, je croyais en un avenir aussi brillant que les étoiles. Cet avenir est mort le jour où le Néant s'est emparé de moi.

Le picotement reprend. Illi lâche ma main au moment où je matérialise mes armes lumineuses sur mes bras. « Vas-y, rejoins ton papa. »

« Fuis, Illi ! » crie son père. Il bande son arc d'une main tremblante.

« Non ! » répond Illi. Elle se tourne vers moi. « Je ne veux plus fuir. »

Je la pousse en direction de son père, sans perdre des yeux les villageois. « Tu es une combattante, Illi. Ils auront besoin de toi. »

Elle fait quelques pas, puis se retourne à nouveau. « Qu'est-ce que je dois leur dire ? »

« Dis-leur… Dis-leur de se préparer. »

Le Néant m'a pris beaucoup de choses, mais je ne le laisserai pas tout me prendre. Ces instants où la bonté et l'humanité irradient, où l'innocence et la confiance éteignent la peur… Ils me redonnent espoir, ils me permettent de croire que l'on peut vaincre le torrent de poison qui coule sous nos terres.

La première fois que je me suis échappée de l'abîme, je l'ai fait pour moi.

Un jour, peut-être le ferai-je pour eux.
 
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