By Philidia on lundi 3 juillet 2017
Category: News

Du nouveau dans l'Univers : histoire et nouvelle de Kayn

 
Qui dit nouveau champion, dit forcément une histoire à découvrir ! Et dans le cas de Kayn, on en apprends beaucoup plus sur sa relation avec Rhaast, sur son arme, sur ses relations avec d'autres champions, et sur beaucoup d'autres choses...
 
Kayn - Faucheur de l'ombre
 
Expert inégalé dans la pratique de la magie des ombres, Shieda Kayn combat pour accomplir sa véritable destinée : mener un jour l'Ordre de l'ombre vers une ère nouvelle où Ionia régnera en maître. Avec audace, il manie Rhaast, une arme darkin douée de raison, sans jamais craindre la corruption de son corps et de son esprit. Il ne peut y avoir pour lui que deux fins possibles : soit Kayn pliera l'arme à sa volonté, soit la lame maléfique le consumera complètement, ouvrant la voie pour la destruction de tout Runeterra.

Noxien de naissance, Kayn fut enrôlé comme bien d'autres dans les rangs des enfants soldats – pratique cruelle revendiquée seulement par les plus ignobles chefs de guerre de l'empire. La compassion d'Ionia était en effet une faiblesse à exploiter : leurs guerriers hésiteraient à lever l'épée contre des adversaires au visage innocent. Kayn avait alors à peine assez de force pour soulever son arme, et ses supérieurs s'attendaient à ce que son premier jour de combat fût également le dernier.

Les forces noxiennes débarquèrent à l'embouchure du fleuve Epool. Kayn et ses camarades furent placés en avant-garde à leur corps défendant, face à des groupes d'habitants qui défendaient de leur mieux leur foyer contre le retour de ces envahisseurs. Tandis que ses camarades étaient éviscérés ou fuyaient, Kayn ne trahit aucune crainte. Il lâcha sa lourde épée, s'empara d'une faux qui traînait au sol et se dressa face aux Ioniens au moment où les soldats réguliers de Noxus surgissaient sur le flanc.

Le carnage fut atroce. Les paysans, les chasseurs, quelques Vastayas, même : tous furent étripés sans pitié.

Deux jours plus tard, la nouvelle ayant circulé dans tous les territoires du sud, l'Ordre de l'ombre se rendit sur les lieux du massacre. Son chef, Zed, savait que ce lieu n'avait aucun intérêt stratégique. Cette tuerie était un message. Noxus ne montrerait aucune pitié.

L'éclat d'un reflet métallique attira l'œil de Zed. Un enfant qui n'avait pas onze ans gisait dans la boue, tentant de lever sa faux brisée vers lui, ses phalanges blanchies par l'effort et rougies par le sang. Les yeux du garçon étaient troublés par une douleur au-delà de son âge, mais brûlaient de toute la fureur d'un guerrier endurci. Une telle ténacité n'était pas de celles que l'on enseigne. Zed comprit que cet enfant, ce survivant abandonné par Noxus, était une arme qui pouvait être retournée contre ceux qui l'avaient conduit ici pour y mourir. L'assassin tendit la main et accueillit Kayn dans l'Ordre de l'ombre.

Les acolytes passaient généralement des années à s'entraîner avec une seule arme de leur choix, mais Kayn les maîtrisa toutes : pour lui, ce n'étaient que des accessoires. L'arme véritable, c'était lui. Il voyait toute armure comme un poids inutile et préférait se cacher dans les ombres pour aller frapper ses ennemis, vif et invisible. Ces exécutions instantanées faisaient naître la peur dans le cœur des rares chanceux que Kayn épargnait.

Et, avec sa légende, l'arrogance du garçon grandit. Il pensait vraiment qu'un jour sa puissance éclipserait celle de Zed en personne.

Cet orgueil conduisit Kayn à accepter l'épreuve ultime qu'on lui proposa : trouver une arme darkin récemment exhumée à Noxus et empêcher qu'on ne l'utilise contre les défenseurs épuisés d'Ionia. Il n'eut aucune hésitation, ne se demanda jamais pourquoi on l'avait choisi pour cette tâche. Et, en vérité, là où tout autre acolyte aurait détruit la faux vivante nommée Rhaast, Kayn s'en empara.

La corruption le gagna au moment où ses doigts se refermèrent sur le manche, les enfermant tous deux, homme et arme, dans une lutte titanesque. Rhaast attendait depuis longtemps l'hôte parfait pour pouvoir se joindre à ses frères darkin et plonger le monde dans le chaos, mais Kayn n'avait aucune intention de se laisser si facilement dominer. Il revint triomphalement à Ionia, convaincu que Zed ferait de lui le nouveau maître de l'Ordre de l'ombre.
 
 
La lame venue du fond des âges
 
 
Kayn, sûr de lui, attendait dans l'ombre de la noxtoraa, encerclé par des soldats morts, et l'ironie de la situation dessina un sourire sur ses lèvres. Ces arches triomphales de pierre noire avaient été érigées pour honorer la puissance de Noxus, pour susciter la peur, pour contraindre ceux qui les passaient à reconnaître leur allégeance. Celle-ci, désormais, n'était plus qu'une pierre tombale, un monument dédié à l'arrogance et à la force qui faillit, un symbole de la peur éprouvée par des soldats morts trop accoutumés à la distiller.

Kayn aimait la peur. Il comptait sur elle. C'était une arme et, tout comme ses frères de l'Ordre de l'ombre maîtrisaient le katana ou les shurikens, Kayn maîtrisait la peur.

Mais, tandis qu'il sentait le sol noxien sous ses semelles pour la première fois depuis des années, tandis qu'il demeurait au milieu des guerriers abattus, quelque chose le mettait mal à l'aise. C'était comme une tension dans l'air, comme une moiteur avant le déchaînement de la pluie.

Nakuri, camarade de Kayn et membre de l'Ordre, changea son arme de main et se prépara à un combat plus personnel. À son honneur, il parvint presque à cacher le tremblement dans sa voix. « Que va-t-il se passer à présent, mon frère ? »

Kayn ne répondit rien. Ses mains restaient vides de part et d'autre de son corps. Il savait avoir le contrôle. Et pourtant, il ne pouvait empêcher une impression de déjà-vu, comme l'écho d'un rêve. Tout lui vint dans un éclair, et le laissa aussi vite.

Une voix s'éleva de l'espace qui les séparait : une voix sombre, haineuse, trempée dans la douleur de mille champs de bataille, les mettant au défi d'agir.

« Qui s'en montrera digne ? »



Zed avait convoqué son meilleur élève.

Des espions de l'Ordre avaient confirmé l'inquiétante rumeur. Les Noxiens avaient découvert une antique faux d'origine darkin, d'une puissance égale aux plus puissantes magies d'Ionia. Un œil cramoisi, vibrant de haine, ornait le pommeau de l'arme, mettant au défi tout guerrier de partir au combat avec elle. À l'évidence, personne ne s'en était montré digne. Tous ceux qui touchaient la faux étaient aussitôt consumés par son aura impie et maléfique ; on avait dû l'envelopper dans un sac recouvert de mailles métalliques avant de la confier à une caravane lourdement défendue pour la mener jusqu'au Bastion immortel.

Shieda Kayn savait ce que l'on allait lui demander. Ce serait la dernière épreuve.

Il avait atteint les confins de la cité côtière de Vindor avant même d'avoir réfléchi à la signification réelle de cette entreprise. Porter le combat sur le territoire de l'ennemi était audacieux. Kayn aussi l'était. Personne n'était à la mesure de son talent, personne d'autre n'aurait pu convaincre Zed de lui confier le sort d'Ionia. Il n'y avait aucun doute : Kayn était promis à la grandeur.

Il mit son piège en place peu avant le crépuscule. La caravane était à peine visible à l'horizon, dans le flamboiement du sable doré par le soleil : cela lui laissait tout le temps voulu pour se débarrasser des trois gardes au moment où ils atteindraient la noxtoraa.

Kayn traversa en silence l'ombre de l'arche quand il vit le premier garde de la patrouille. Kayn invoqua sa magie des ombres et s'enfonça dans le mur de pierre noire comme si un passage s'était ouvert pour lui seul. Il apercevait la silhouette des gardes, les deux mains fermées sur leurs lances.

Il bondit hors de l'édifice, caché par la pénombre, et ôta la vie du deuxième garde à mains nues. Avant que le troisième puisse réagir, Kayn se désintégra en filaments de ténèbres brutes, glissa sur la route pavée et se reforma devant sa victime. En un éclair, il brisa la nuque de son ennemi.

Le premier garde entendit la chute du cadavre et se tourna vers Kayn.

L'assassin sourit, prenant le temps de savourer l'instant. « Cela vous tétanise, n'est-ce pas ? » siffla-t-il, avant de glisser une fois de plus dans l'ombre de la noxtoraa. « La peur... »

Il se dressa dans l'ombre du soldat terrifié.

« Et là, tu es censé t'enfuir, Noxien. Va dire aux autres ce que tu as vu ici. »

Le soldat jeta sa lance et courut vers la sûreté de Vindor. Il n'alla pas loin.

Camouflé par une robe aussi sombre que celle de Kayn, Nakuri jaillit de derrière la noxtoraa et plongea son katana dans le ventre du soldat en fuite. L'acolyte leva les yeux vers Kayn. « La puissance militaire de Noxus ? Quelle absurdité... »

« Je te savais impétueux, mon frère », cracha Kayn. « Mais là, vraiment... Me suivre jusqu'ici dans l'espoir de partager ma gloire ? »

Mais il n'eut pas le temps de poursuivre ses remontrances. La caravane approchait.

« Hors de ma vue, Nakuri. Je m'occuperai de toi plus tard. Si tu survis. »



Les longues ombres du crépuscule cachèrent les cadavres jusqu'à ce que les soldats d'escorte fussent presque sous la grande arche.

« Halte ! » cria l'homme de tête en sortant son épée. « Dispersez-vous ! Maintenant ! »

Les soldats descendirent de cheval dans la confusion et, pour la première fois, Kayn put voir leur cargaison. C'était exactement ce que Zed avait décrit : de la maille de fer et du tissu sur le dos d'un puissant destrier vindorien.

La patience ne faisait pas partie des qualités de Nakuri : sans réfléchir, il fonça sur le soldat le plus proche. Kayn choisissait toujours ses cibles avec soin. Il frappa l'homme de tête.

Il se tourna de nouveau vers le Vindorien, mais la faux avait disparu.

Non ! Il n'avait pas fait un si long chemin pour échouer.

« Kayn ! » hurla Nakuri, qui tuait les soldats les uns après les autres. « Derrière toi ! »

Un Noxien désespéré avait détaché l'arme dont l'œil rouge brillait d'une rage inhumaine. Les prunelles du soldat s'agrandirent démesurément et il se mit à frapper ses propres camarades à grands gestes. Il n'avait visiblement aucun contrôle et il tentait en vain de se débarrasser de la faux.

Les rumeurs étaient vraies.

Faisant encore appel à sa magie de l'ombre, Kayn plongea dans la chair du Noxien corrompu par le Darkin. Un très court moment, il vit à travers les yeux de cet être sans âge, fut le témoin de millénaires de douleur et de cris, de larmes et de lamentations. Cette entité incarnait une mort éternelle, à jamais ressuscitée. C'était le mal pur, et il fallait y mettre un terme.

Il jaillit de ce qui restait du Noxien ; la chair du soldat s'était recomposée en écailles de carapace durcie qui explosèrent en fragments noirs et en cendres. Il ne restait plus que la faux, dont l'œil était maintenant fermé. Kayn se précipita vers elle pendant que Nakuri éliminait leurs derniers ennemis.

« Arrête, mon frère ! » hurla l'acolyte dont le katana gouttait de sang. « Qu'est-ce que tu fais ? Tu as vu de quoi cette arme est capable ! Il faut la détruire ! »

Kayn lui fit face. « Non. Elle est à moi. »

Ils s'approchèrent l'un de l'autre ; aucun des deux ne voulait renoncer. Dans la ville, au loin, le tocsin commença à sonner. Le moment sembla s'éterniser.

Nakuri fit passer son arme dans son autre main. « Que va-t-il se passer à présent, mon frère ? »

Alors, la faux parla à Kayn. C'était comme un écho dans son esprit, et pourtant les yeux écarquillés de l'autre acolyte montrèrent qu'il entendait aussi.

« Qui s'en montrera digne ? »

Kayn invoqua des doigts d'ombre qui prirent l'arme, la levèrent dans la nuit et la déposèrent en tournoyant entre ses mains. L'arme donnait le sentiment de faire partie de lui, d'avoir toujours fait partie de lui, comme si lui et lui seul était né pour la porter. Il la fit virevolter et plaça le tranchant sur la gorge de Nakuri.

« Il se passera ce que doit. »
 
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