Histoire de compléter Fiora, Kindred a aussi reçu la version longue de son histoire. Comme pour Fiora, Kindred n'avait que quelques lignes de descriptions sur le PBE, qui représentent ce qui s'affiche dans le client, et la version longue arrive en général plus tard. Là encore, Riot semble avoir fait une très belle histoire, bien que plus sombre que celle de Fiora.
Kindred, Chasseurs éternels
« Rappelle-moi, petit Agneau, de quoi pouvons-nous nous emparer ? »
« De tout, mon cher Loup. »
Kindred représente les essences jumelles de la mort, distinctes mais indissociables. La flèche d'Agneau offre une fin rapide à ceux qui acceptent leur destin. Loup pourchasse ceux qui fuient leur dernier soupir et leur arrache brutalement la vie à coups de crocs. Bien que les interprétations de la nature de Kindred varient à travers tout Runeterra, chaque mortel doit choisir le vrai visage de sa mort.
Kindred représente l'étreinte blanche du trépas et la mâchoire acérée qui se referme sur sa proie dans les ténèbres. Berger et boucher, poète et bête sauvage, deux visages pour un seul être. L'afflux de sang qui bat dans votre gorge lorsque vous vivez vos derniers instants résonne comme un cor de chasse qui appelle Kindred à se lancer sur vos traces. Si vous acceptez la miséricorde d'Agneau, ses flèches d'argent mettront fin à vos souffrances. Si vous refusez sa grâce, Loup se mettra en chasse et vous connaîtrez une agonie brutale.
Kindred hante les terres de Valoran depuis toujours, pour récolter son tribut funèbre parmi les mortels. On raconte qu'au moment du trépas, les vrais Demaciens se tournent vers Agneau et accueillent la délivrance offerte par sa flèche, tandis que dans les rues sombres de Noxus, Loup mène la chasse. Dans les terres enneigées de Freljord, avant de combattre, certaines tribus guerrières « embrassent le Loup » et font serment de l'honorer avec le sang de leurs ennemis. Après chaque Nuit de l'horreur, les habitants de Bilgewater se rassemblent pour célébrer la gloire des survivants et saluer ceux à qui Agneau et Loup ont offert une vraie mort.
Refuser Kindred revient à refuser l'ordre naturel des choses. Rares sont les âmes infortunées qui ont pu échapper à ces deux chasseurs. Loin d'offrir le salut, cette fuite contre-nature est la promesse d'un cauchemar éveillé. Kindred attend ceux qui sont emprisonnés entre la vie et la mort dans les Îles obscures. Tous savent qu'ils finiront par succomber, que ce soit sous les flèches d'Agneau ou par les crocs de Loup.
La plus ancienne représentation connue des chasseurs éternels consiste en une paire de masques antiques, gravés par un inconnu sur les tombes d'un peuple oublié de jadis. Depuis cette époque reculée, Agneau et Loup sont toujours restés ensemble tels deux âmes sœurs.
L'arbre qui cache la forêt
La bataille qui faisait rage devant eux promettait un véritable festin. Toutes ces vies si délicieuses... Tant de proies à achever, tant d'autres à chasser ! Loup se précipita dans la neige et Agneau se mit à danser avec légèreté entre le fil des épées et la pointe des lances, sans jamais que le massacre sanglant ne vienne entacher son blanc manteau.
« Je perçois beaucoup de courage et de souffrance ici, Loup. Nombreux sont ceux qui accueilleront la mort avec joie. » Avec son arc, elle décocha une flèche fatale d'un mouvement vif et fluide.
Le dernier soupir d'un soldat s'échappa de ses lèvres en même temps que son consentement épuisé lorsque son bouclier céda sous les coups d'une puissante hache. Fichée dans son cœur, une flèche blanche unique luisait d'un éclat éthéré.
« Le courage m'ennuie », grommela le grand loup noir en s'élançant dans la poudreuse. « Je suis affamé et j'ai hâte de me mettre en chasse. »
« Patience », murmura-t-elle à son oreille. Les mots venaient de quitter ses lèvres quand Loup s'arrêta soudain pour se plaquer au sol, les épaules tendues.
« Je sens la peur », dit-il d'une voix qui tremblait d'excitation.
Dans le champ de neige devenu boueux, un écuyer, trop jeune pour se battre mais néanmoins armé d'une épée, vit que Kindred avait marqué tous les soldats qui s'affrontaient dans la vallée.
« Je veux planter mes crocs dans cette chair tendre. Peut-il nous voir, Agneau ? »
« Oui, mais il doit choisir. Nourrir le Loup, ou accepter mon étreinte. »
Les combattants s'avancèrent alors vers l'écuyer. Son regard se porta sur la vague de soldats, courageux ou désespérés, qui se précipitait vers lui. Il comprit que son heure était venue. À cet instant, le jeune homme fit son choix. Il ne se laisserait pas tuer sans se défendre. Jusqu'à son dernier souffle, il tenterait de fuir.
Loup se mit alors à mordre dans le vide et à se rouler dans la neige comme un jeune chiot.
« Oui, mon cher Loup », fit Agneau de sa voix cristalline qui évoquait le tintement de petites clochettes. « Mets-toi en chasse. »
À ces mots, Loup bondit à travers le champ de bataille et se mit à la poursuite du jeune écuyer avec un cri qui résonna dans toute la vallée. Son corps sombre s'élança au milieu des cadavres mutilés et de leurs armes brisées.
L'écuyer tenta de se réfugier dans les bois et courut si vite que les arbres devinrent des formes floues sur son passage. Il poursuivit sa course et sentit l'air glacial lui brûler les poumons. S'arrêtant pour chercher son poursuivant, il ne vit rien d'autre que les arbres sombres autour de lui. Les ténèbres se refermaient sur lui et il comprit soudain qu'il n'y avait aucune issue. C'était le corps noir de Loup qui l'encerclait de toutes parts. La chasse était terminée. Loup planta ses crocs acérés dans le cou de l'écuyer, arrachant des lambeaux de vie de son jeune corps.
Il se délecta des hurlements du jeune garçon et du bruit de ses os qui se brisaient dans sa mâchoire. Agneau, qui avait suivi son ami, se mit à rire du spectacle. Loup se tourna vers elle et, d'une voix qui était davantage un grognement qu'un discours intelligible, lui demanda, « Est-ce de la musique que j'entends, Agneau ? »
« Ça l'est à tes oreilles », répondit-elle.
« Encore », grogna Loup en léchant la dernière goutte de sang qui perlait à ses babines. « Je veux encore chasser, petit Agneau. »
« Les proies ne manquent pas, murmura-t-elle. Jusqu'au jour où Kindred sera enfin seul. »
« Ce jour-là, voudras-tu me quitter ? »
Agneau se tourna de nouveau vers le champ de bataille. « Jamais je ne te quitterai, mon cher Loup. »