By AliasTcherki on mercredi 28 mars 2018
Category: E-sport

Les LCS EU annoncent leur système de franchises

 
 On avait suivi le passage au système de franchise chez les NA l'année dernière et l'Europe a décidé de passer le cap cette année. Nous finirons donc l'année normalement avant de passer à ce nouveau système en 2019. Riot a publié un long article expliquant ces changements. Qu'impliquent-t-il, quelle sera la timeline pour cette année, est-ce vraiment une bonne idée pour l'Europe, faisons le point.
 

Pourquoi changer ?
 

Pourquoi changer le format des LCS EU ? Ça marche bien pourtant non, le split est super compétitif cette année !
En effet cela peut paraître étonnant avec un tel Spring Split 2018 que Riot ait envie de changer quoique ce soit au fonctionnement de la scène. Pourtant tout à l'air de bien marcher. Mais la vue extérieure lors d'un split passionnant et la vue en interne ne nous donne absolument pas les mêmes résultats et on se rend compte que les équipes européennes font face à énormément de problèmes dans leur gestion qui complexifie beaucoup le bon fonctionnement de la région. En effet, en suivant d'un peu plus près les différents acteurs importants en Europe, voici ce qu'on a pu trouver lors des années précédentes :


I) Des équipes européennes ont complètement disparues avec le système de relégation

Moscow Five. SK Gaming. Ces noms disent peut-être quelque chose aux plus anciens d'entre-vous, mais pour ceux qui se sont intéressés à la scène qu'il y a peu de temps ces équipes ne vous disent surement rien. Et pourtant elles ont énormément participé à la construction de la région.

Moscow 5 est l'équipe légendaire composée à son apogée des quatre russes Darien (Top), Diamondprox (Jungle), Alex Ich (Mid), Genja (ADC) et l'arménien GoSu Pepper (Support). Renommée en fin de vie en Gambit Gaming, les Moscow 5 ont pendant longtemps dominé l'Europe, se distinguant par une capacité folle à innover et dérouter ses adversaires. Très actifs avant l'apparition des LCS, certains des plus grands tournois étaient les IEM dont ils en ont gagné deux (IEM Kiev face à TSM et IEM Worlds Championship face à Dignitas). Ils ont également réussi à arriver en demi-finale des Worlds 2012 et se sont fait éliminer 2-1 par les Taipei Assassins, futurs vainqueurs du tournoi.
SK Gaming est un autre nom très connu en Europe, ayant vu passer des joueurs de très haut calibres dans ses rangs, comme nRated, Wickd, Snoopeh, CandyPanda, YellowStar, Svenskeren, Forgiven ou encore Ocelote... En effet, même si ils étaient du mauvais côté ce jour-là, c'est face à eux que xPeke a réussi l'un des plays les plus iconiques de l'histoire de l'esport :
 

Surement l'un des plays les plus connus.
 
Mais SK Gaming n'est pas seulement des défaites mais de très belles années, remportant la DreamHack Winter en 2013, terminant premier de la saison régulière aux printemps 2014 et 2015.
 
Et ce ne sont pas les seules équipes que l'on pourrait citer : CLG.EU, Copenhagen Wolves, Alliance ne sont pas des noms vus par l'Europe depuis longtemps. Car l'Europe a perdu toutes ces équipes après une gestion discutable et une phase de relégation intransigeante : il suffit alors d'un seul mauvais split pour voir disparaitre certaines des plus grandes marques d'une région. Et avec elles, elles emportent beaucoup de fans déçus de ne plus voir leur équipe jouer au plus haut niveau. Et l'e-sport, qui n'en est encore qu'à ses balbutiements, ne peut se permettre de perdre autant de viewers !
 

II) Il est très difficile de trouver des sponsors

Du fait du premier point et de la rapidité à laquelle une équipe pouvait disparaitre, il est très difficile pour une équipe de trouver des sponsors. En effet, ceci a très bien été expliqué par Romain (l'ancien manager des UoL) dans une vidéo produite par Blitz Esports. Le concept est que du fait de ce risque à disparaitre il est impossible pour les équipes européennes de signer un contrat de plus d'un an maximum, ce qui étend beaucoup les négociations et fait peur à trop d'entreprises.
 
 
Romain toujours aussi fou, même lors d'explications sérieuses
 
 
III) Les joueurs sont moins protégés et moins payés
 
Cette année l'Europe a de nouveau perdu de nombreux joueurs au profit de la région NA : PowerOfEvil, Febiven par exemple ont suivi le chemin d'autre Bjergsen, Jensen, Svenskeren, Huni, Reignover et plus.
En effet dans le contexte actuel difficile de payer les joueurs aussi bien qu'en NA où les revenus sont extrêmement bien partagés et où le contexte économique global de la ligue permettant de générer plus de revenus permet de mieux protéger les joueurs. Une preuve ? Tout simplement la vidéo que l'on pourrait qualifier d'excuse de la part d'Ocelote, expliquant qu'il ne peut rien contre le fait que Zven et Mithy, deux de ses joueurs stars chez G2, discutent avec des équipes américaines pour un potentiel transfert. Et nous savons tous comment cela s'est terminé.
 
 
Donc quelles seront les nouveautés ?
 
 
Les équipes à présent des partenaires
 
 
La première grande nouveauté est la suivante : il n'existera plus de relégations. Les équipes ne pourront plus être éliminées des LCS du fait d'un split moins performant qu'un autre. Ceci présente le grand avantage de faire passer la focalisation des équipes sur le long terme et de les éloigner d'une vision court-termiste :
La deuxième grande nouveauté que cache ce terme de "partenaires" est que Riot peut plus facilement imposer un certain nombre de règles auprès des équipes afin de protéger au mieux les joueurs. Et l'une des premières choses que Riot a décidé de faire est d'augmenter le salaire minimum des joueurs professionnels en Europe. Aujourd'hui de 24.000€, il passera à 60.000€, soit plus du double.
La troisième est qu'à présent les équipes participant aux LCS sont entièrement choisies par Riot, et non par le hasard de la compétition. Au travers d'un procédé expliqué plus en détail dans un prochain paragraphe, Riot choisira 10 équipes pour former les LCS EU pour 2019. Si par la suite une autre équipe veut rejoindre les LCS à son tour, celle-ci aura deux options :
 Mais dans les deux cas, chaque équipe voulant intégrer les LCS devront tout d'abord dépenser une somme importante pour acheter leur place (qui sera aux alentours de 10 millions pour l'Europe) et passer par un processus d'acceptation de la part de Riot Games.
 
 
Des revenus maintenant partagés
 
Derrière cette expression un peu barbare se cache un concept relativement simple. La ligue toute entière va générer une certaine quantité de revenus (diffusion, marchandises etc...). Toute ou partie de ces revenus sont alors mis ensemble et repartagés.
Tout d'abord il faut réaliser l'addition du salaire de tous les joueurs. Ce nombre doit représenter au moins 35% de la valeur des revenus globaux de la ligue. Si ce nombre est inférieur (que donc la ligue génère beaucoup de revenus), la différence ira alors aux joueurs.
Un exemple : imaginons que les revenus de la ligue soient de 100, les salaires des joueurs de 30. On remarque ici que les salaires des joueurs représentent moins de 35% de la valeur des revenus globaux. De fait, les joueurs se partageront tous 5 bonus provenant des revenus de la ligue.
Ceci fait, le reste des revenus seront partagés ainsi :
Ainsi, pour reprendre notre exemple précédent, sachant que les revenus de la ligue sont de 100, que 5 ont été donnés aux joueurs, Riot Games recevra 45 et les équipes se partageront 45 également.
 
Ceci permet de créer une véritable dynamique de groupe au sein de la ligue, afin que chaque équipe profite du travail de toutes les autres.
 
 
Un développement accru pour les joueurs
 
C'est l'un des points sur lequel Riot est le moins concret pour le moment. Très peu de détails sont donnés mais une ligne directrice se fait sentir : Riot veut aider ses joueurs à transitionner au sein de la scène professionnelle. Alors que nous sommes en plein milieu d'une affaire sortie par Remilia, l'ancienne support des Renegades (des nouvelles arriveront dans le prochain e-sport tracker), il semble en effet urgent que Riot mette en place un cadre qui permette aux joueurs de se développer dans un cadre plus stable.
 
 
Et donc, qui retrouverons-nous en 2019
 
Et bien pour l'instant nous le savons pas ! Car en effet, Riot va mener un grand processus de candidatures tout au long de 2018 afin de choisir les 10 équipes qui participeront aux LCS l'année prochaine. Celui-ci se passera en trois grandes phases :
 
 
 Quelques questions sur le système
 
Comme souvent ce système fait se poser beaucoup de questions ! N'hésitez pas à poser les votre en commentaires, je les rajouterai à l'article ^^
 
Q : Mais avec la suppression des relégations, les équipes n'auront plus de raisons de bien jouer, elles ne peuvent plus descendre !
A : Ce n'est pas parce qu'il n'y a plus de relégations que les équipes n'auront pas de raisons de se battre pour accomplir les meilleures performances ! Tout d'abord il y aura des raisons financières : les équipes n'étant pas au niveau ne gagneront pas autant que les autres équipes.
Une deuxième raison est qu'une équipe ayant de mauvaises performances à répétition pourrait, à terme, se faire renvoyer par Riot. Pour l'instant nous ne connaissons pas les conditions imposées par Riot EU, mais en NA, terminer 5 fois aux 9e et 10e place durant 8 splits consécutifs amènera Riot à forcer une équipe à vendre sa place à un autre prétendant.
Donc il reste de nombreuses raisons, et Riot ne gardera pas indéfiniment des équipes d'un trop mauvais niveau.
 
Q : Mais l'Europe va devenir les NA bis en fait !
A : Non, Riot est conscient que l'Europe a son propre modèle. Au niveau des LCS les similitudes sont certes très nombreuses mais elles ne le seront absolument pas à tous les autres niveaux.
Comme on a pu le voir cette année, Riot a supprimé les Challenger Series pour à la place rajouter des tournois semi-professionnels locaux dans chaque pays (nous avons par exemple l'Open Tour en France). Ainsi, sur ce point l'Europe ne suivra pas le modèle américain de l'Academy League mais conservera un modèle plus local.
Quickshot, l'un des plus anciens caster en Europe, a confirmé qu'il sera extrêmement important au moment du choix des équipes, que celles-ci présentent un plan concret afin de prouver qu'elles sont capables de se vendre et de créer de l'engouement au niveau local et pas seulement européen.
 
Q : Mais est-ce que mon équipe favorite peut disparaitre avec les franchises ?
A : Oui. Comme on a pu le voir en NA, des équipes n'ont pas franchi l'étape importante comme Dignitas, Envy ou même Immortals, finaliste des LCS NA et représentant de la région aux Worlds. Il est donc important de comprendre que beaucoup d'équipes européennes peuvent disparaitre dans ce processus et il risque d'y avoir de nombreux déçus.
Mais grâce à ce processus de recrutement, l'ensemble des 10 équipes auront le plus à cœur possible de faire de leur mieux et de se battre pour améliorer la région Européenne entière.
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