Les Championnats du Monde 2015 ont vu une diversité dans les choix des champions encore inédite. Pour faire pencher la balance, certaines équipes n'ont pas hésité à semer le doute dans l'esprit de leurs adversaires à leurs manières … Entre la mobilité toujours plus ahurissante, les picks flexibles et les piliers de draft, coup d'oeil sur une méta aussi ouverte que surprenante.
Face à la solidité de l'Asie, l'Occident opte pour la flexibilité
Si les joueurs asiatiques sont aussi redoutés, c'est pour leur aisance à s'adapter aux changements de métagame. Cette capacité d'adaptation à toute épreuve constitue leur principale force depuis leur arrivée dans la compétition internationale. Et si les formations occidentales sont parvenues à rattraper leur retard de niveau face aux équipes chinoises et taïwanaises, les coréens tremblent rarement lorsqu'ils évoluent dans des compositons classiques. Parti de ce constat, la seule option viable pour les équipes occidentales était de porter leur choix soit sur des champions aux positions flexibles. Cette flexibilité des champions est rendue possible par les ajustements successifs lors des mises à jour ou par les nouveaux arrivant dans le jeu tels que Tahm Kench ou Ekko. Ce dernier, par exemple, peut ainsi être joué top, jungle ou midlane et permet des approches plus larges lors des parties. Ces équilibrages ont rendus certains picks redoutables et la draft, complètement imprévisible ! D'anciennes gloires sont ainsi remises au goût du jour par les patches successifs et les petits nouveaux ont désormais leur chemin tout tracé pour cotôyer les sommets. Ces flex-picks sont maintenant trop nombreux pour tous être bannis, et certains se sont souvent frayés un chemin jusqu'à la Faille, quand d'autres s'y sont invités quand personne ne les y attendait.
Martin "Rekkles" Larsson a été un des premiers joueurs à faire un pick exotique
Darius, indétrônable
Résident inamovible ou presque de la toplane et ambassadeur des Colosses lors de ces Championnats du Monde, Darius a fait couler des litres de sang au cours de la compétition. Souvent disponible au détriment de Gangplank, Mordekaiser ou encore Lulu, la Main de Noxus est entre autres responsable de deux quintuplés ces dernières semaines au cours du Championnat du monde. C'est bien évidemment dans les compositions de combat d'équipe qu'il est le plus redoutable : équipé d'un Couperet Noir et d'un Visage Spirituel, il est capable de rester au milieu de l'équipe adverse sans trembler, lacérant ses adversaires pour mieux les pourfendre ensuite grâce à sa Guillotine Noxienne.
Kennen, imprévisible ninja
Kennen est probablement le pick le plus inattendu de ces Championnats, encore plus en tant que Carry AD comme l'a proposé a plusieurs reprises Martin “Rekkles” Larsson - avec le succès spectaculaire que l'on connaît. Comme tout bon ninja qui se respecte, Kennen est flexible en diable et on ne sait jamais où l'attendre. Paul “SoaZ” Boyer a aimé le jouer top, quand d'autres l'ont choisi pour épauler Kalista et ainsi engager des combats grâce à la combinaison des ultimes des deux champions, inélvitablement dévastatrice. Mais c'est affublé de l'équipement typique de Kalista, les inséparable Ouragan de Runaan et Lame du Roi Déchu, qu'il s'est montré redoutable dans les stratégies d'équipes visant des victoires très rapides. Mais la versatilité de Kennen a son revers de la médaille : arrivé en late game, il n'est plus aussi efficace et perd vite pied face à Jinx ou Tristana.
Tahm Kench, dévoreur d'espoir
Lorsqu'une équipe décide d'axer sa stratégie autour d'un Carry ADsurpuissant comme Jinx, Tristana ou Kalista, le choix d'un support protecteur est une évidence, sinon une nécessité absolue. Si Morgana ou Thresh excellaient dans cette mission, Tahm Kench a su prouver sa valeur en tant que garde du corps. Sa capacité Dévoration est un atout indéniable face à des champions qui initient les combats très rapidement, et prévient très biqen le poke lors des phases de laning. C'est aux côtés de Jinx, tous deux affichant leurs sourires carnassiers, que Tahm Kench est le plus impressionnant. En dévorant un ennemi puis en le recrachant directement sur les Pyromâcheurs de Jinx, il met en place un enchaînement de contrôles systématiquement meurtrier pour celui qui a servi de repas au Roi des Rivières. Mais on l'a également vu briller au côté de Kalista, leurs deux compétences ultimes créant des situations d'isolement pour les cibles adverses. À cet égard, le combo de Alfonso “Mithy” Aguirre Rodrigez et Jesper “Niels” Svenningsen face à la Morgana de Shuo-Chieh “SwordArt” Hu est explicite. Isolée de son équipe, Morgana se voit propulsée encore plus loin de celle-ci hors de tout espoir de salut, à la merci du reste de l'équipe Origen.
Fiora, impitoyable duelliste
Autre champion très prisé des coréens, Fiora est avec Darius & Gnar lepick toplane le plus dévastateur de la compétition. Lorsqu'elle est jouée par Kyung-ho “Smeb” Song ou Gyeong-hwan "MaRin" Jang, la Sublime Bretteuse est mortelle pour quiconque ose s'approcher d'elle sans soutien. Cette force, elle la trouve dans un panel de compétences très complet : la mobilité que lui octroie son A, la temporisation et le contre de son Z, et les dégâts colossaux de son E. Bien exécutées, ces compétences peuvent retourner en sa faveur n'importe quelle aggression, menant souvent son adversaire vers une mort certaine si Fiora active son ultime. Et s'il en reste pour douter de la légitimité de sa présence sur la ligne du haut, les performances de Smeb et MaRin lors des quarts de finale - où elle a été jouée dans 6 de ces 7 parties - devraient achever de les convaincre.
Zac, l'arme secrète
Le Zaunien Amorphe de Combat n'a probablement jamais aussi bien porté son nom. Dévoilé par Ho-Jin “Hojin” Lee lors des demi-finales opposant Koo Tigers à Fnatic, ce jungler jusqu'ici inédit n'a pas perdu une seconde pour montrer son efficacité. Après la désactivation de Gragas (plus d’infos sur la déclaration officielle de Riot en anglais), il fallait s'attendre à une ouverture des choix de champions dans la jungle et Zac en fût le parfait exemple. Connu pour sa faiblesse en début de partie, sa capacité à engager de très loin et son terrible contrôle en combat ont malgré tout semé le désordre dans les rangs de la formation européenne. Son passif, lui permet également de temporiser encore plus les combats lorsqu'il meurt, et passé le milieu de partie, il devient impossible de faire tomber Zac. Ce pick est sans doute la révélation de la compétition, tant il a contribué à déstabiliser Fnatic et il a également montré l'impressionante maîtrise des coréens lors des combats d'équipe.
Hojin et son pick Zac a été déterminant pendant la demi-finale
Plus de champions pour plus d'actions
Difficile de citer la totalité des picks suprenants que nous avons pu voir jusqu'ici dans la compétition. Nous aurions pu citer le Jayce Carry AD de Hyuk-kyu “Deft” Kim lors des quarts de finale qui l'a opposé aux Fnatic, mais la stratégie d'Edward Gaming qui consistait à multiplier les escarmouches n'a pas pris face à l'ogre européen. Une bonne occasion de remarquer que certains choix aussi exotiques ont un impact puissant sur les stratégies d'équipes et peuvent parfois conduire à un échec cuisant. Si aucune équipe ne fait de choix aussi risqués sans un minimum de préparation, certaines stratégies demandent la réunion de beaucoup de facteurs pour que celles-ci portent leurs fruits. Mais en tant que spectateurs, nous n'avons aucun regret à avoir, tant le jeu de cette diversité en valait largement la chandelle. Car faire trembler la méta, c'est aussi et surtout faire vibrer la foule. Et vous, avec quels picks fantasistes aimez-vous surprendre vos adversaires lors de vos séjour dans la faille ?