Transformer un "Irelia nous semble trop forte" en "Nerf pour Irelia à venir", est une chose qui pourrait arriver sur un site d'actualité. Passer de "Morello a finalement gagné son combat contre Teemo" à "Nerf pour Teemo en préparation", c'est quelque chose qui pourrait également arriver.
Non. Bien évidemment, c'est déjà arrivé. Les erreurs d'interprétation, et les extrapolations, qui donnent lieu à des articles dont l'information est fausse, c'est arrivé, et ça arrivera surement encore beaucoup de fois dans le futur. C'est un sujet dont
GhostCrawler a justement parlé récemment, et qui fait écho à certains événements qu'on a pu voir récemment chez LoLTracker. L'occasion d'aborder un sujet qui se détache un peu de ce qu'on fait d'habitude, à savoir du League of Legends. Ici, on parle plus de l'information et de son traitement.
Les erreurs d'interprétation : Fréquentes
Mal interpréter une information arrive souvent selon GhostCrawler. Bien entendu, cela n'arrive certainement pas qu'au niveau du journaliste. Le lecteur peut parfois aussi mal interpréter l'information telle qu'elle est retransmise par le rédacteur. Mots mal choisis, manque de clarté, personne interrogée à chaud, etc... Les raisons sont multiples. Pour ce qui est des personnes interviewée, la difficulté vient principalement de la discussion qui ne permet que rarement de choisir avec prudence les mots qu'on utilise, et de bien développer un sujet complexe. Un mot mal utilisé peut alors avoir une nuance à laquelle la personne ne s'attend pas, et peut avoir des grandes conséquences.
Il est aussi possible que le journaliste cherche à provoquer cette nuance. Même si ceux qui ont ce comportement sont rares d'après GhostCrawler, et qu'il n'en a vu que peu dans sa propre expérience, leur but reste d'avoir des lecteurs et/ou des spectateurs. Ils peuvent donc avoir tendance à se focaliser sur les éléments les plus controversés, les plus à même de générer des vues, surtout derrière un titre putaclic (Pas forcément choisi par le journaliste, toujours selon GhostCrawler).
Enfin, la différence de langage peut également poser des problèmes. Il est déjà arrivé pour GhostCrawler qu'après une interview en anglais, sa traduction ne dise pas ce qu'il avait l'intention de dire.
Les erreurs de l'interviewé : Possible
Parmi les autres erreurs communes, on trouve aussi l'oubli de certains détails de la part de l'interviewé. Pour GhostCrawler, il est arrivé à plusieurs reprises qu'il parle de comment une fonctionnalité a fini dans un état sans préciser que cela lui convenait. Parfois, il a pu expliquer pourquoi les joueurs commençaient à jouer d'une certaine manière, laissant penser qu'il les blâmait pour ça plutôt que lui et son entreprise pour avoir eu une conception qui encourage ce type de comportement. Par ailleurs, il peut être lui-même assez sarcastique, suggérant qu'il ne reconnaît pas ou se moque du ressenti des joueurs.
Il y a des solutions à ce problème, et cela demande surtout du travail et de l'expérience. Pour le premier, faire beaucoup d'interviews permet aux joueurs de s'habituer au style de communication de la personne. Pour le deuxième, acquérir de l'expérience au fil des interviews permet de reconnaître les moments où l'on est proche de se créer des problèmes, comme lorsqu'on parle d'une autre entreprise.
Une prévention qui reste la meilleure solution, dans la mesure où la correction d'une erreur est difficile, pour ne pas dire impossible, surtout à une ère ou l'information se propage bien vite sur les réseaux sociaux, et est parfois réutilisée à outrance.
Et du côté du média, et du lecteur ?
Les réflexions de GhostCrawler m'ont paru très intéressantes, car je vois au quotidien ce genre d'erreur, ou de malice. Qui n'a jamais vu un titre putaclic sur un article, une vidéo, etc... Pour s'apercevoir en cliquant qu'il n'y avait finalement rien d'intéressant, ou même que le titre était trompeur, pour ne pas dire faux ? Ces pratiques sont malheureusement fréquentes, parce que ça marche. GhostCrawler les a mentionnées, et c'est - je pense - ce qui incite le plus les personnes qui dialoguent avec les médias à faire attention à ce qu'elles disent, de peur de faire face à une situation qui pourrait leur coûter cher.
Le titre putaclic joue sur nos insatiables curiosités. Même en ayant connaissance du phénomène, on peut se faire avoir, et faire partie de ces nombreux clics, trompés par un titre... Si on daigne aller jusqu'à l'article. En effet, certains se content parfois du titre de l'article. Un élément bien maigre pour prendre connaissance d'une information et se faire un avis, encore plus si le titre ne retient de l'information qu'une citation, ou s'avère trompeur par son caractère putaclic.
Fait intéressant, environ 60% des personnes qui effectuent leur première visite de la journée en venant directement sur le site cliquent sur un article. Un chiffre qui descend à environ 10% pour ceux qui voient une publication sur notre page Facebook. Certes, les personnes qui naviguent sur un réseau social ne sont pas là pour voir ce que nous avons publié de base. Qui plus est, c'est rare d'avoir un titre aguicheur sur un article ici, en plus d'avoir avec la publication sur le réseau social un bref descriptif de l'article, qui évite aux personnes pas intéressées par le sujet de perdre leur temps à lire l'article. Et pour finir, petit brossage de poil dans le bon sens pour vous : J'ai très rarement vu dans les commentaires des avis/propos faisant suite à une lecture trop rapide ou incomplète de l'article. On en reparlera après.
Toujours est-il que récemment, j'ai commencé à publier certains des articles du site dans un groupe Facebook sur League of Legends, à titre d'expérimentation, notamment parce que le traitement d'une publication sur un groupe est différent de celui sur une page, sur Facebook. Accessoirement parce que les administrateurs m'y ont encouragé, du fait de la qualité des articles. Chose qui m'a quand même arraché un grand sourire. Pour ce qui est du résultat, eh bien, on tombe sur le problème dont je parle justement, à savoir le fait de ne lire que le titre de l'article :
Je ne vais pas blâmer les personnes concernées, on est très vite passé avec les smartphones d'un monde où on regardait des pages de pub de 5min sur une chaîne télévisée sans broncher au fait que regarder une seule publicité de 20sec sur Youtube nous paraît être une éternité. Rien de surprenant dans un monde où le nombre de canaux pour capter notre attention s'est multiplié aussi vite qu'une colonie de lapins. Réseaux sociaux, jeux vidéo, plateforme de streaming, messageries instantanées, stories, etc... On est submergés de choses à faire, à surveiller, à contrôler. Et c'est en toute logique que le temps qu'on accordait auparavant volontiers à certains canaux se réduit.
Quoiqu'il en soit, cet exemple illustre pour moi à la perfection le problème de distribution de l'information que n'importe quel média peut avoir aujourd'hui. Le contenu importe peu si le lecteur s'arrête au titre. Et c'est ce qui peut amener à des erreurs d'interprétation, ou des extrapolations. Ici c'est d'autant plus malheureux que ce qui en ressort est que nous avons publié un article "à côté de la plaque", alors que ce dernier contient suffisamment d'explications pour démonter les propos énoncés dans ces commentaires, et toutes les sources qui vont avec pour vérification. Ce n'est cependant pas ce qu'il y a de plus fréquent. De manière générale, on accusera surtout la personne/société faisant l'objet de l'article de dire n'importe quoi, ou de faire n'importe quoi. Le commentaire aurait très bien pu dire "Ouais ok, donc en gros on s'est tapé une méta horrible avec que des tanks, mais ça pour Riot ça pose pas de problème, c'est mieux quand c'est comme ça, évidemment. Sinon ça leur arrive de jouer à leur jeu, et de laisser autre chose que des bronzes l'équilibrer ?".
Du traitement à l'interprétation : Des difficultés même pour les plus aguerris
Finalement, cette distribution de l'information n'est qu'une grande chaîne dans laquelle un maillon défaillant peut provoquer toutes les conséquences qu'on a évoqué jusque ici. Et même pour les plus aguerris, ce n'est pas toujours facile. Prenons un exemple récent, à savoir le fait que Riot a signalé vouloir abandonner les changements sur Ryze et Azir pour passer plus de temps sur les autres champions. Je me souviens très bien qu'en lisant le post de Meddler, je me suis dit "Zut, comment je vais traduire ça pour que ça soit compréhensible jusqu'au bout ?". Parce que, je ne peux pas juste donner cette information brute. Il s'est passé des choses en amont, et même les plus habitués d'entre vous l'ont oublié, dans la mesure où c'était sur le PBE, et où tout change sans arrêt là bas. Même pour moi c'est difficile de suivre parfois.
Alors, je peux vous dire que les tests de mini-refonte qu'on a vu sur le PBE pour Ryze et Azir étaient les dernières tentatives de Riot de leur apporter des changements pour réduire la différence entre jeu pro et jeu normal, mais ce n'est pas suffisant. Connaissant Meddler, je sais que lorsqu'il dit ça, il parle à long terme, c'est à dire qu'il ne faut pas s'attendre à de nouveaux changements faramineux sur eux avant l'an prochain. Mais le lecteur lui, ne le sait pas forcément. Il ne connait pas forcément le timing que ça implique, la subtilité dans le fait qu'on ne verra certes pas de changements poussés, mais qu'on pourrait continuer à voir de l'équilibrage classique sur eux, ou d'autres éléments comme une cinématique ou des histoires, la possibilité que les choses changent si un concepteur décide de se coller de nouveau sur le sujet sur son temps libre et obtient du premier coup un changement très prometteur pour cet objectif, etc...
Vous l'aurez compris, une si simple affirmation entraîne tout un tas d'éléments supplémentaires que je dois transmettre au lecteur. Ou pas. Dans l'article par exemple, je n'ai pas parlé de la possibilité qu'un concepteur réussisse un miracle, parce que je la juge extrêmement peu probable. En revanche, j'ai bien précisé que de l'équilibrage classique pourrait avoir lieu. Ce n'est pas toujours facile de trouver le bon équilibre entre trop d'information, ça va agacer le lecteur de lire tout ça, et pas assez d'information, le lecteur pourrait être induit en erreur. Mais c'est mon travail de trouver cet équilibre. Ça ne fonctionne pas à tous les coups, mais c'est ma vision du "bon rédacteur".
Ce travail autour de la rédaction est l'un des piliers les plus importants pour que le lecteur puisse se construire correctement son propre avis, et qu'on puisse éviter à la fois des erreurs d'interprétation et d'extrapolation dû au langage et aux termes utilisés par les Rioters. Charge cependant au lecteur de bien lire ce qui ressort de tout ça ! :)