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Explorez le mont Targon

Explorez le mont Targon
 
On avait déjà pu voir les histoires dans le client être modifiées pour Leona, Diana et Pantheon, et cela laissait présager une version longue sous peu. Ces histoires sont désormais disponibles, via un mini-site de Riot. Question histoire, vous allez être servi, il y a de quoi lire !
 
On notera également que si Pantheon, Diana et Leona sont dans la liste des champions, il y en a deux autres, qui n'ont pas encore été dévoilés, et qui devraient apparaître plus tard. De qui pourrait-il s'agir ?
 
Mont Targon
 
Comme tous les lieux mythologiques, le Mont Targon enflamme l'imagination des rêveurs, des fous, de tous ceux qui sont assoiffés d'aventure. Ceux qui survivent au pénible voyage jusqu'au pied de la titanesque montagne y découvrent un ciel illuminé par de nombreux corps célestes ; non seulement le soleil et les lunes, mais aussi les planètes, les comètes flamboyantes et l'agencement favorable des étoiles. Les gens qui vivent au pied de la montagne croient que ce sont les manifestations d'êtres stellaires depuis longtemps disparus, des créatures ancestrales dont l'ampleur et la puissance échappent à la compréhension des simples humains.
 
 
 
Du haut de son imposante aiguille de pierres stériles, le Mont Targon est le point culminant de la plus haute chaîne de montagnes de Runeterra. S'élevant aux confins de toute civilisation, il n'est accessible que par les explorateurs les plus déterminés.

Le Mont Targon a inspiré de nombreuses légendes. Certains récits racontent que des soldats flamboyants à la puissance phénoménale descendent des cieux pour y affronter des monstres. D'autres disent qu'il fut formé par la chute de la demeure des divinités célestes. Les légendes les plus folles prétendent même qu'il s'agit d'un titan endormi depuis l'antiquité.

Comme tous les lieux mythologiques, le Mont Targon enflamme l'imagination des rêveurs, des fous, de tous ceux qui sont assoiffés d'aventure. Ceux qui survivent au pénible voyage jusqu'au pied de la titanesque montagne sont accueillis à bras ouverts par les rares communautés nomades qui y ont établi leurs camps.

À son arrivée, le voyageur épuisé apprend l'existence de tribus, telle que celle de Rakkor, qui sont parvenues à survivre pendant des siècles au climat rude et impitoyable de ces terres. Toutes se retrouvent dans la croyance selon laquelle vivre à l'ombre de ces monuments démesurés permet de puiser dans leurs mystérieux pouvoirs. L'origine de ces monuments, leur fonction oseraient dire certains, demeure un mystère ; aucun mortel ne saurait percer les intentions de leurs créateurs disparus. De nombreuses croyances ont émergé au pied de la montagne, mais toutes tiennent de la doctrine des Solaris, le clan dominant de la région, qui vénère le soleil. Le temple des Solaris est bâti sur le versant est de la montagne, qu'il n'est possible d'atteindre qu'en traversant de fragiles ponts de cordes surplombant des gouffres insondables, en gravissant des marches découpées à même la roche et en se faufilant le long d'étroites corniches taillées sur d'abruptes parois recouvertes de symboles antiques et de colossales effigies.

Certaines âmes courageuses tentent même de gravir l'insurmontable montagne, à la recherche peut-être de l'illumination ou de la gloire, ou répondant simplement au désir ardent d'en contempler le sommet. Chaque nouvel aventurier qui tente l'ascension est accompagné par les cris d'encouragement des habitants, mais ceux-ci sont bien conscients que la montagne ne se jugera digne d'être conquise que par une minorité d'entre eux. Et au Mont Targon, les indignes sont condamnés à mourir.

Les flancs escarpés de la montagne et les changements de temps brutaux sur ses pentes rendent la montée incroyablement difficile. Ses rochers sont couverts des corps convulsés de ceux qui ont échoué dans leur entreprise. C'est que monter à son sommet est une tâche pratiquement impossible, qui met à rude épreuve la force, la détermination et la ténacité de tout grimpeur. Certains tentent l'ascension pendant des semaines, voire des mois, tandis que d'autres abandonnent au bout d'un jour tant la montagne, changeant perpétuellement, est imprévisible. Même pour les rares âmes téméraires qui parviennent à atteindre le sommet, l'épreuve est loin d'être terminée. Ceux qui y arrivent à la force de leurs ongles n'y découvrent qu'un paysage de ruines abandonnées et de gravures érodées dont la compréhension leur échappe immanquablement. Pour des raisons insondables, la montagne n'a trouvé que peu d'âmes qui seraient dignes d'elle.

Pour de rares élus, le sommet serait dissimulé par une cascade de lumière étincelante derrière laquelle il serait possible d'apercevoir des merveilles et des paysages lointains, telle l'image impensable du domaine mythique qui se cache au-delà. Bien qu'ayant atteint la cime, beaucoup échouent devant cette ultime épreuve et fuient, effrayés par la simple vision de ce monde étranger. Parmi les rares qui persistent, beaucoup ne reviennent jamais. D'autres refont surface quelques minutes, années ou même siècles plus tard.

Une chose est certaine, néanmoins : à leur retour, ils ont si changé qu'ils sont méconnaissables.
 
Pantheon Square 0   Pantheon
 
"Faites venir un véritable champion, ou une centaine d'autres tels que vous, et nous aurons alors un combat dont on parlera jusqu'à la fin des temps."
 
Derrière le nom de Pantheon se cache un guerrier hors pair, un combattant pratiquement impossible à arrêter. Pantheon est né dans la tribu de Rakkor, un peuple guerrier qui vit sur les flancs du Mont Targon ; après être parvenu au sommet du dangereux pic et en avoir été jugé digne, il devint l'incarnation de la Manifestation céleste de la guerre. Disposant d'un pouvoir surhumain, il poursuit sans cesse les ennemis de Targon, ne laissant que des cadavres dans son sillage.

Atreus était un jeune et fier Rakkoran, qui devait son nom à l'une des quatre étoiles formant la constellation du Guerrier dans le ciel nocturne, la constellation que tous les Rakkorans nomment Pantheon. Il n'était pas le plus rapide ni le plus fort des jeunes guerriers du Mont Targon, pas plus qu'il n'était le plus habile à l'arc, à la lance ou à l'épée, mais Atreus était doté d'une résolution inflexible et son endurance était légendaire. Chaque jour, avant l'aube, tandis que les autres dormaient encore, il se levait pour courir le long des traîtres sentiers du Mont Targon, et il était toujours le dernier à quitter le terrain d'entraînement le soir venu, les bras gourds d'avoir tant frappé.

Une féroce rivalité était née entre Atreus et un autre jeune Rakkoran, un garçon nommé Pylas. Fils d'une lignée de guerriers réputés, Pylas était fort, talentueux et populaire. Son destin se devait d'être grandiose et nul garçon de son âge ne pouvait le vaincre dans l'arène. Seul Atreus refusait de se soumettre, se relevant encore et toujours pour continuer le combat, ensanglanté et malmené, qu'il ait été mis à terre dix ou cent fois. Atreus y gagna le respect de ses instructeurs, mais aussi l'inimitié de Pylas, qui voyait dans cette bravade incessante un manque de respect.

Atreus fut mis à l'écart par ses camarades et il fut l'objet de nombreuses humiliations ourdies par Pylas et son entourage, mais il endura tout stoïquement. Il ne parla jamais à sa famille de l'ostracisme dont il était victime, sachant que cela ne ferait que leur causer du chagrin.

Lors d'une patrouille, alors que l'hiver venait de commencer et qu'ils étaient à un jour de marche de leur village, les jeunes guerriers et leurs instructeurs découvrirent les ruines fumantes d'un avant-poste des Rakkorans. La neige était teintée de sang et des cadavres jonchaient le sol. L'ordre de battre en retraite fut rapidement donné, mais il était trop tard... L'ennemi fondait déjà sur eux.

Portant de lourdes armures en fer et recouverts de fourrures, les assaillants bondirent de sous la neige en brandissant des haches où se reflétait une froide lumière. Aucun des jeunes guerriers n'avait encore terminé sa formation et leurs instructeurs étaient tous des hommes d'un âge avancé, mais pour chacun d'eux qui succombait, plusieurs adversaires mouraient également. Malheureusement, les ennemis étaient beaucoup plus nombreux et les Rakkorans furent abattus, les uns après les autres.

Pylas et Atreus combattaient dos à dos, derniers Rakkorans encore debout. Tous deux étaient blessés, le corps sanguinolent. La bataille touchait à sa fin, mais les deux guerriers savaient qu'ils devaient prévenir leur village. Atreus plongea sa lance dans la gorge d'un barbare, tandis que Pylas en abattait deux de plus, ouvrant temporairement une brèche dans l'encerclement ennemi. Atreus ordonna à Pylas de s'élancer, affirmant qu'il allait retenir les ennemis pour qu'il puisse s'enfuir. N'ayant pas le temps de discuter la chose, d'autant qu'Atreus chargeait déjà l'ennemi, Pylas se mit à courir.

Atreus combattit avec ardeur, mais quand une lourde hache frappa son torse, il finit par tomber et par sombrer dans l'inconscience.

Lorsqu'Atreus se réveilla, ce n'était pas dans le paradis céleste auquel il s'attendait, mais sur la montagne même où il avait perdu connaissance. Le soleil était déjà descendu derrière les pics voisins, et une mince couche de neige fraîche l'avait recouvert. Engourdi, à peine lucide, il se remit debout. Il alla examiner les Rakkorans autour de lui, mais tous étaient morts. Pire encore, Pylas était étendu non loin de là, une hache plantée dans le dos. Le village n'avait pas été prévenu.

En se traînant de son mieux jusqu'à Pylas, Atreus remarqua que son ancien rival était encore vivant, quoique grièvement blessé. Hissant le jeune guerrier sur ses épaules, Atreus entama la longue marche pour les ramener chez eux. Trois jours plus tard, ils atteignirent les abords du village et il put enfin s'évanouir.

À son réveil, il trouva Pylas qui le veillait, ses blessures recousues et bandées. Si Atreus fut soulagé que leur village n'ait pas été attaqué, il fut surpris d'apprendre que ni les anciens des Rakkorans ni ceux des Solaris n'avaient envoyé les Ra-Horaks pour rechercher et éliminer les intrus, choisissant d'attendre et de ne se défendre qu'en cas d'attaque.

Dans les mois qui suivirent, Atreus et Pylas devinrent des amis très proches. Leurs anciens antagonismes désormais passés, ils se lancèrent avec une vigueur et une détermination nouvelles dans l'entraînement. Cependant, le ressentiment d'Atreus envers l'ordre des Solaris ne cessa de croître. Il estimait que le meilleur moyen de protéger les Rakkorans était d'aller traquer leurs ennemis, mais une ancienne membre de sa tribu, Leona, était devenue la nouvelle maîtresse des Solaris : elle préconisait une forme différente de protection qu'Atreus considérait faible et passive.

Comme tous les jeunes Rakkorans, Atreus et Pylas avaient grandi en étant bercés par les récits de grands héros, qui escaladaient le Mont Targon pour s'y voir insuffler de grands pouvoirs. Après avoir terminé les difficiles rituels guerriers des Rakkorans, les deux jeunes hommes recommencèrent à s'entraîner d'arrache-pied en vue de se lancer dans l'escalade à leur tour. Atreus espérait y trouver la force de traquer et de vaincre seul les ennemis des Rakkorans, puisque les Solaris n'étaient pas enclins à le faire.

Seuls les plus forts se lançaient dans une telle aventure et moins d'un pour mille parvenait ne serait-ce qu'à entrapercevoir le sommet du pic. Néanmoins, Atreus et Pylas rejoignirent un large groupe rassemblant des hommes de tous les villages voisins de la montagne, et ils commencèrent leur ascension. Alors qu'ils commençaient à avancer, le soleil fut éclipsé par une lune d'argent. Certains y virent un mauvais présage, mais Atreus considéra qu'il s'agissait d'un signe qu'il allait dans la bonne direction, que ce qu'il pensait des Solaris était juste.

Après quelques semaines d'escalade, il ne restait plus que la moitié du groupe de départ. Certains avaient fait demi-tour, d'autres avaient payé leur tribut à la montagne en tombant dans des crevasses, en disparaissant sous des avalanches ou congelés dans leur sommeil. Ils étaient loin au-dessus des nuages et le ciel était rempli de lumières changeantes et d'illusions. Et pourtant, ils continuaient à avancer.

L'air se raréfiait de plus en plus et le froid était toujours plus mordant alors que les semaines se muaient en mois. Certains d'entre eux s'arrêtaient pour reprendre leur souffle, avant d'expirer, la chair congelée par le flanc de la montagne. D'autres, rendus fous par le manque d'air et par l'épuisement, se jetaient du haut des falaises, tombant comme des pierres. Aux uns puis aux autres, la montagne réclamait le prix du sang : bientôt, il ne resta plus que Pylas et Atreus.

Épuisés, frigorifiés et l'esprit engourdi, ils parvinrent enfin en haut de la montagne et n'y trouvèrent... rien.

Ils ne virent ni fabuleuse cité ni héros célestes ; seulement la glace, la mort et des rochers dessinant d'étranges formes circulaires. Pylas s'évanouit, ayant épuisé toutes ses ressources, et Atreus hurla de frustration.

Sachant que Pylas n'avait pas la force d'entreprendre la descente, Atreus alla s'asseoir près de lui, posa sa tête sur ses genoux et regarda la vie quitter le corps de son ami.

C'est alors que les cieux s'ouvrirent. L'air frémit comme un liquide et un portail apparut devant Atreus. Une lumière dorée en sortit, réchauffant son visage, et il put apercevoir une cité derrière ce voile lumineux, un lieu grandiose et à l'architecture inconcevable. Quelqu'un se tenait devant lui, la main tendue.

Des larmes d'émerveillement coulaient le long du visage d'Atreus. Il n'aurait pas abandonné son ami, mais quand il regarda Pylas, il vit que ce dernier était mort dans ses bras, un grand sourire sur le visage. Atreus se leva, ferma les paupières de son camarade et le laissa doucement reposer dans la neige. Il avança pour rencontrer son guide, traversa le voile et parvint au véritable Targon.

Les mois passèrent. Au pied de la montagne, on finit par estimer qu'Atreus et Pylas étaient morts comme tous ceux qui avaient entrepris l'ascension. Ils étaient regrettés, mais cela n'avait rien d'inhabituel ni d'inattendu. Il n'arrivait pas plus d'une fois par génération que quelqu'un redescende du sommet avec des pouvoirs.

C'est alors qu'une nouvelle bande de pillards barbares apparut mystérieusement dans la montagne, presque un an jour pour jour après le massacre de l'avant-poste des Rakkorans et de l'escouade d'Atreus. Ils attaquèrent plusieurs villages isolés, détruisant tout sur leur passage, avant de monter à l'assaut du temple des Solaris, tout en haut de la montagne. Les gardes présents n'étaient pas en nombre suffisant pour défendre les reliques et les prêtres, mais ils restèrent impassibles, prêts à mourir pour faire leur devoir.

Tandis que les maraudeurs ennemis s'approchaient, un intense vent surnaturel descendit du ciel, fouettant la neige dans une fureur grandissante. Les nuages s'écartèrent, exposant dans toute sa majesté le Mont Targon, épicentre de la tempête. Des deux côtés, les combattants luttèrent pour rester debout, protégeant leurs yeux de la tempête de glace tandis qu'une cité lumineuse et fantomatique apparaissait dans le ciel, juste au-dessus de la montagne.

Les quatre étoiles de la constellation de Pantheon émirent une puissante lueur avant de s'éteindre. Simultanément, la lumière brûlante d'une étoile filante partit de la cité éthérée, fonçant droit vers le sol.

Elle hurla en se dirigeant vers le temple à une vitesse époustouflante, et les barbares ébahis lancèrent des prières désespérées vers leurs dieux. Le rayon de lumière frappa le sol, séparant les deux groupes en faisant trembler le sol.

Ce n'était pas une étoile, mais un guerrier nimbé de lumière céleste, armé d'un bouclier d'or et d'une lance légendaire. Il avait atterri dans la position du guerrier, un genou à terre, le regard planté sur les ennemis qui souillaient les abords du Mont Targon ; les Rakkorans reconnurent Atreus... mais ce n'était pas tout à fait Atreus. La Manifestation du Guerrier en avait fait son avatar et il était désormais tout aussi bien mortel qu'immortel ; il était l'incarnation de la guerre. Atreus était devenu un avatar du combat. Il était devenu Pantheon.

Il se redressa, les yeux brûlant d'un éclat céleste, et ses ennemis comprirent que leur heure était venue.

Le combat fut rapidement terminé ; personne ne pouvait résister longtemps à Pantheon. Le sang des barbares disparaissait aussitôt qu'il éclaboussait l'armure et l'arme de Pantheon et les laissait impeccables, brillant d'un éclat stellaire. Ses ennemis vaincus, Pantheon entra dans la tempête de glace qui faisait rage et disparut à la vue de tous.

La famille d'Atreus pleura son fils et organisa ses funérailles. S'ils suspectaient qu'il était mort, n'étant pas revenu de son expédition, ses parents savaient désormais qu'il n'était plus de ce monde. La Manifestation de Pantheon avait effacé sa personnalité, ses souvenirs et ses émotions. Le corps d'Atreus n'était plus qu'une enveloppe pour la Manifestation de la guerre ; son âme mortelle avait rejoint celles de ses ancêtres dans l'au-delà céleste.

Atreus n'était pas le premier réceptacle de Pantheon sur Runeterra. Il y en avait eu d'autres et il y en aurait certainement d'autres encore. Ils ne sont pas immortels ; prisonniers des limites de leur incarnation, ils peuvent être tués, encore que cela réclame de grands efforts. La dernière apparition de Pantheon a été largement débattue au sein du conseil des anciens Solaris, car sa présence est à la fois une bénédiction et une malédiction, présageant de l'arrivée d'heures sombres...
 
La lance de Targon
 
Il était seul à attendre le convoi armé, sa silhouette se dessinant devant le soleil. Sa lourde cape et la longue plume ornant son heaume avaient quelque chose de surnaturel dans la chaleur et la sécheresse du désert. Il tenait une grande lance sur son flanc.

Le convoi comptait trente combattants. Pour la plupart, il s'agissait de mercenaires, d'hommes et de femmes aguerris, portant hauberts, cuirasses et cottes de mailles, armés d'arbalètes, de hallebardes et d'épées. Ils avançaient sur le sentier poussiéreux en plaisantant et en discutant aux côtés de mules lourdement chargées, mais ils s'arrêtèrent dans un grand silence lorsqu'ils virent le guerrier se tenir immobile devant eux. Le chef de l'expédition, tout de noir vêtu, ne put s'empêcher de froncer les sourcils tandis qu'il arrêtait sa monture noire comme le charbon.

La silhouette dressée sur l'excroissance rocheuse n'avait pas bougé d'un pouce pour s'écarter.

« Vous venez avec la soif du meurtre au fond du cœur », déclara-t-elle.

Sa voix était dure comme l'acier, et on y devinait un léger accent.

« Je viens de la montagne. Vous n'irez pas plus loin. »

Les mercenaires s'esclaffèrent.

« Dégage de là, espèce de fou », hurla l'un d'entre eux, « ou nous planterons ta tête sur une pique pour marquer notre passage. »

« Tu es bien loin de chez toi, l'ami », dit le chef du convoi. « Nous allons à la montagne, nous aussi. Il n'est pas nécessaire de faire couler le sang ici. »

Le guerrier solitaire ne répondit pas.

« Nous sommes de simples pèlerins, et nous avons un long voyage devant nous », expliqua le chef. « Et par ailleurs, nous ne pouvons plus faire marche arrière désormais. Nos navires sont déjà repartis, tu vois ? », ajouta-t-il, tendant le bras derrière lui.

Derrière le convoi, à moins d'un kilomètre de distance, les vagues brillaient telles les écailles d'un dragon dans la lumière du soir. On pouvait y voir trois galères, les voiles se déployant alors qu'elles se tournaient vers le nord pour entreprendre le chemin du retour.

« Nous venons sans aucune mauvaise intention, je t'assure », continua le chef. « Nous venons seulement chercher la sagesse. »

« Ta langue est fourchue, serpent », finit par dire le guerrier solitaire. « Vous voulez le sang de l'oracle. Partez, ou vous mourrez. »

Le cavalier se renfrogna plus encore, puis se tourna nonchalamment vers ses troupes.

« Qu'il en soit ainsi », dit-il. « Tuez-le. »

Un instant plus tard, les arbalètes étaient épaulées et l'air se remplissait des carreaux qu'elles venaient de tirer. Le guerrier solitaire ne bougea pas pour autant ; les carreaux rebondirent simplement en tintant sur son lourd bouclier circulaire. Il commença alors à avancer.

Il ne semblait pas pressé. Il marchait à grands pas, sa résolution inflexible, toujours dos au soleil, la pointe de sa lance abaissée en direction de ses ennemis. Une nouvelle volée de carreaux fusa dans sa direction. Une fois encore, ils furent tous détournés par son bouclier.

Le guerrier solitaire se déplaçait avec fluidité, chacun de ses mouvements souple, efficace et mortel. Il était surnaturellement rapide, plus rapide qu'aucun homme ne pouvait l'être. D'autres mercenaires tombèrent, leur sang rougissant les sables arides. Pas un n'était parvenu à porter un seul coup au terrifiant combattant. Il avançait sans donner la moindre impression d'effort, combattait, se rapprochait inexorablement du cavalier. Les uns après les autres, les mercenaires tombaient. Très rapidement, ceux qui tenaient encore debout firent demi-tour et commencèrent à s'enfuir pour ne pas affronter cet ennemi invincible.

« Tuez-le ! », rugit le chef de l'expédition, dégainant un pistolet de belle facture.

Un nuage passa devant le soleil, permettant de mieux voir le guerrier. Il portait une armure d'un type archaïque, les bras et les jambes nus, mais prodigieusement musclés. Sa cape était d'un rouge profond, mais dans le crépuscule on aurait cru voir des étoiles scintiller dans la trame du tissu. Ce même éclat céleste brillait dans le regard impitoyable qu'encadrait la visière de son heaume.

Le guerrier solitaire se déplaçait avec fluidité, chacun de ses mouvements souple, efficace et mortel. Il était surnaturellement rapide, plus rapide qu'aucun homme ne pouvait l'être. D'autres mercenaires tombèrent, leur sang rougissant les sables arides. Pas un n'était parvenu à porter un seul coup au terrifiant combattant. Il avançait sans donner la moindre impression d'effort, combattait, se rapprochait inexorablement du cavalier. Les uns après les autres, les mercenaires tombaient. Très rapidement, ceux qui tenaient encore debout firent demi-tour et commencèrent à s'enfuir pour ne pas affronter cet ennemi invincible.

Le cavalier leva son pistolet en direction du guerrier solitaire et tira. Dans un réflexe stupéfiant, le guerrier esquiva le tir au dernier instant et la balle ne fit qu'égratigner le côté de son heaume. Le chef de l'expédition jura et commença à réarmer son pistolet... Mais il fut trop lent.

Le bouclier du guerrier le frappa en pleine poitrine, le jetant à bas de sa monture. Il tomba lourdement et grimaça quand le pied du guerrier s'écrasa sur son torse, le clouant au sol.

« Mais qui es-tu ? », souffla-t-il.

« Je suis ta mort », répliqua le guerrier solitaire. « Je suis Pantheon. »

Le chef du convoi tourna la tête sur le côté et repéra son pistolet tombé dans la poussière non loin de lui. Il tenta de l'atteindre, mais c'était sans espoir.

« Réjouis-toi, mortel », dit Pantheon. « C'est un grand honneur que de mourir frappé par la Lance de Targon. »

L'homme à terre voulut parler, mais aucun mot ne put s'échapper de sa bouche avant que la lance de Pantheon ne transperce son torse. Le sang jaillit d'entre ses lèvres ; puis il ne bougea plus.

Pantheon retira son arme et se détourna. Le crépuscule avait cédé la place à l'obscurité et d'innombrables étoiles éclairaient le ciel nocturne.

Une comète enflammée descendait vers l'horizon, derrière de distantes montagnes, loin vers l'est.

Les yeux de Pantheon se plissèrent.

« Il est temps », dit-il aux ténèbres, avant d'entreprendre le long voyage du retour vers le Mont Targon.
 
Leona Square 0   Leona
 
"Si tu veux avoir l'éclat du soleil, tu dois d'abord brûler autant que lui."
 
Imprégnée de l'énergie du soleil, Leona fait partie des moines-guerriers des Solaris qui défendent le Mont Targon ; elle combat avec sa Lame du zénith et son Bouclier de l'aube. Sa peau brûle d'éclats ardents et ses yeux crépitent au rythme de la Manifestation céleste qui l'habite. Équipée d'une armure d'or et affligée par le terrible fardeau de connaissances antiques, Leona apporte à certains l'illumination, à d'autres la mort.

Vivre sur les terres qui entourent les pics du Mont Targon, c'est accepter une vie âpre et dure. Que tant de gens s'y essaient néanmoins témoigne de la capacité de l'esprit humain à tout supporter pour découvrir un sens et un but à l'existence. La dureté de ceux qui vivent là n'a rien à envier à la sécheresse des collines qui entourent la base de la montagne.

Vivre dans les hauteurs de Targon est la promesse d'un danger constant. Quand la brume descend des sommets, elle ne vient jamais seule. Toutes sortes de choses qui ne sont pas de ce monde demeurent lorsque la brume se retire : des créatures irradiantes qui tuent sans discernement et des voix indistinctes qui murmurent de terribles secrets pour rendre fous les mortels.

Subsistant grâce à la végétation des coteaux et à ses précieux troupeaux, la tribu de Rakkor survit à l'extrême limite de l'endurance humaine, aiguisant ses techniques martiales pour pouvoir se battre à la fin du monde. Rakkor signifie Tribu du Dernier Soleil, et son peuple pense que de nombreux mondes ont existé avant celui-ci mais ont été détruits par une grande catastrophe. Ses oracles enseignent que quand l'actuel soleil sera détruit il n'y en aura plus jamais d'autres : c'est pourquoi les guerriers se préparent à combattre ceux qui voudraient éteindre sa lumière.

Pour les Rakkorans, le combat est un acte de dévotion, une offrande à l'éclat du soleil en majesté. On attend de chaque membre de la tribu qu'il puisse combattre et tuer sans pitié ni hésitation et Leona ne faisait pas exception. Elle apprit à combattre dès qu'elle sut marcher et maîtrisa rapidement l'épée et le bouclier. Elle était fascinée par les brumes entourant les sommets et se demandait souvent ce qu'il pouvait y avoir au-delà. Cette fascination ne l'empêcha pas de combattre les bêtes féroces, les entités inhumaines et les étrangers aux orbites vides qui descendaient la montagne.

Elle les tua comme elle avait appris à le faire jusqu'au jour où elle rencontra un jeune garçon à la peau d'or qui errait sur les flancs de la montagne : son front était surmonté de cornes et il avait des ailes évoquant celles des chauves-souris. Il ne parlait pas son langage, mais à l'évidence il était perdu et apeuré. Sa peau brillait de lumière douce et bien que toute sa formation lui intimât l'ordre d'attaquer, Leona ne put se résoudre à porter la main sur quelqu'un d'aussi clairement démuni. Elle décida donc d'accompagner le garçon jusqu'à un chemin qui conduisait au sommet puis elle le regarda s'éloigner dans un rayon de lumière et disparaître.

Quand elle revint chez les Rakkorans, on l'accusa d'avoir trahi son devoir envers le soleil. Un jeune garçon nommé Atreus l'avait vue remettre une créature de la montagne sur sa route au lieu de la tuer. Atreus avait raconté à son père ce qu'il avait observé et ce dernier avait dénoncé Leona comme hérétique foulant au pied les croyances du peuple. Leona ne nia pas et les lois de Rakkor ne connaissaient qu'une punition pour une telle transgression : l'ordalie par le combat. Leona devrait faire face à Atreus dans l'arène sous le soleil de midi et le jugement serait rendu par la lumière. Leona et Atreus étaient de force égale : aux compétences guerrières de l'une répondait la poursuite obsessionnelle de l'excellence martiale de l'autre. Leona prit son épée et son bouclier, Atreus sa longue lance, et nul n'aurait pu prédire qui des deux l'emporterait.

Leona et Atreus combattirent sous le ciel ardent et tout en s'infligeant respectivement des dizaines de blessures, aucun ne parvint à asséner le coup de grâce. Alors que le soleil disparaissait à l'horizon, un ancien des Solaris entra dans le camp de Rakkor avec trois guerriers à l'armure d'or pour demander un arrêt du duel. Les Solaris professaient une foi martiale bâtie autour de l'adoration du soleil et leur doctrine rigoureuse encadrait la vie sur le Mont Targon et aux alentours. L'ancien avait été conduit jusqu'aux Rakkorans par des songes et une ancienne prophétie des Solaris parlant d'un guerrier à l'éclat plus lumineux que le soleil ainsi que d'une fille de Targon capable de rendre l'unité au royaume céleste. L'ancien pensait que Leona était cette élue et, en apprenant la nature de sa transgression, sa conviction fut renforcée.

Les oracles de la tribu protestèrent qu'on ne devait pas interrompre le duel, mais l'ancien n'en démordait pas : Leona devait venir avec lui et devenir l'une des Solaris afin de découvrir la plénitude de leurs enseignements. Les Rakkorans étaient fiers de leur indépendance, mais même eux s'inclinaient devant les décrets sacrés des Solaris. Les guerriers soulevèrent le corps blessé de Leona pour le porter de la tribu de Rakkor vers sa nouvelle vie.

Le temple des Solaris était une haute citadelle sur les pentes orientales du Mont Targon, une tour étincelante de granit poli marbré par des veines d'or. Là, Leona apprit les voies sacrées de l'ordre : comment il adorait le soleil comme source de toute vie et rejetait toute autre forme de lumière comme un mensonge. L'ordre était sévère et ascétique, mais portée par sa foi dans la prophétie de l'ancien, Leona excella dans cet environnement discipliné, dévorant ces nouveaux enseignements avec la fièvre d'un homme égaré en plein désert qui découvre soudain une oasis. Leona s'entraîna chaque jour avec la branche guerrière des Solaris, les Ra-Horaks (les Disciples de l'Horizon), hissant ses talents déjà remarquables à l'épée au rang d'art. Avec le temps, Leona mûrit assez pour prendre le commandement des Ra-Horaks, et elle devint célèbre tout autour du Mont Targon comme une servante du soleil juste, dévouée et même, disaient certains, excessivement zélée.

Sa vie changea définitivement le jour où elle dut escorter un membre des Solaris au cœur du temple. C'était une jeune femme aux cheveux blancs comme la neige dont le front était frappé d'une rune brillante. Elle se nommait Diana, et Leona avait souvent entendu les anciens du temple se plaindre de ses agissements. Diana avait disparu des mois plus tôt mais elle venait de réapparaître dans une armure pâle qui irradiait de lumière argentée. Diana prétendait apporter de grandes nouvelles, des révélations qui ébranleraient les Solaris jusqu'aux fondations de leurs croyances, mais qu'elle ne révélerait qu'aux anciens du temple.

Leona introduisit Diana sous bonne garde, car son instinct de guerrier décelait quelque chose d'inquiétant dans l'attitude de la jeune femme. Diana fut présentée aux anciens et leur parla des Lunaris, une croyance ancienne et proscrite qui vénérait la lune, expliquant que les vérités auxquelles tenaient les Solaris étaient incomplètes. Elle décrivit un royaume au-delà des pics, un endroit où le soleil et la lune n'étaient pas ennemis, où de nouvelles vérités pourraient leur montrer des manières inédites d'envisager le monde. Leona sentit sa colère croître à chaque mot prononcé par Diana et quand les anciens rejetèrent son témoignage et la traitèrent de blasphématrice, Leona sut que son épée était destinée à mettre fin à la vie de l'hérétique.

Avant que Leona ne puisse réagir à l'effroyable colère de Diana contre les anciens, la fille aux cheveux blancs se rua droit devant elle. Une lumière aveuglante explosa entre les mains de Diana et, en un clin d'œil, des orbes de feu argenté réduisirent en cendres les anciens. Des flammes blanches jaillirent dans un tourbillon d'éclairs froids et repoussèrent Leona loin de la chambre. Quand elle reprit conscience, Diana était partie et les Solaris n'avaient plus de maîtres. Tandis que les derniers survivants restaient sous le choc de l'attaque qui avait ravagé le plus sacré de leurs lieux saints, Leona comprit qu'un seul chemin s'ouvrait pour elle. Elle devait pourchasser et détruire Diana pour avoir tué les anciens des Solaris.

La piste de Diana était facile à trouver. La trace de ses pas était comme du mercure brillant aux yeux de Leona, remontant les pentes vers les hauteurs du Mont Targon. Leona ne fléchit pas et elle s'enfonça dans un paysage étrange et inconnu, comme si elle empruntait des chemins qui n'avaient jamais existé jusqu'à ce moment précis. Le soleil et la lune passaient au-dessus d'elle en course floue, comme si les jours et les nuits se succédaient à chaque inspiration, à chaque expiration. Leona ne s'arrêtait ni pour manger ni pour boire et laissait la fureur la nourrir au-delà de ce qu'elle aurait cru humainement possible.

Enfin, elle atteignit le sommet de la montagne, exténuée, affamée, dépourvue de toute autre pensée que son désir de punir Diana. Là, assis sur un rocher au sommet de la montagne, elle vit le garçon à la peau dorée dont elle avait naguère épargné la vie. Derrière lui, le ciel brûlait d'une lumière aveuglante dans une aurore boréale de couleurs impossibles qui suggéraient une majestueuse cité d'or et d'argent. Leona comprit que le temple Solari faisait humblement écho à la magnificence de ces tours diaphanes et de ces minarets étincelants et elle tomba à genoux de ravissement.

Le garçon à la peau dorée lui parla alors dans la vieille langue des Rakkorans, lui expliquant qu'il aurait voulu qu'elle le suive le jour où ils s'étaient rencontrés et qu'il espérait qu'il ne fût pas trop tard. Il lui tendit la main et offrit de lui montrer des miracles, de l'initier aux pensées des dieux.

Leona n'avait jamais rien fui de sa vie. Elle prit la main du garçon et elle sourit tandis qu'il la conduisait au sein de la lumière. Une colonne d'illuminations incandescentes jaillit de la voûte céleste et engloutit Leona. Une présence terrifiante déversa dans son corps une terrible puissance et les souvenirs oubliés des premiers matins du monde. Son armure et ses armes furent brûlées jusqu'aux cendres par un feu cosmique et furent reforgées en plaques de guerre ornées, en bouclier d'or et de lumière et en épée palpitante d'aube.

La guerrière qui redescendit la montagne ressemblait à celle qui y était montée, mais à l'intérieur Leona avait changé. Elle conservait ses souvenirs et ses pensées, elle était toujours maîtresse de sa chair, mais quelque chose de vaste et d'inhumain l'avait choisie pour être son vaisseau. Cette force inconnue lui avait conféré d'incroyables pouvoirs et un savoir terrible qui la hantait et pesait sur son âme : un savoir qu'elle ne pouvait partager qu'avec une seule personne.

Plus que jamais, Leona devait trouver Diana.
 
La porteuse de lumière
 

Les bandits attaquèrent avant l'aube : cinquante hommes agiles comme des loups, protégés par des hauberts de fer, couverts d'étranges fourrures et armés de haches. Ils pénétrèrent souplement dans le campement, au pied de la montagne. Ces hommes avaient combattu comme des frères pendant des années, ils vivaient dans le battement de cœur qui sépare la vie de la mort. Ils étaient conduits par un guerrier en armure d'écailles dont l'épaule soutenait une épée longue à la lame large. Sous son casque à forme de dragon, son visage à la barbe âpre portait les stigmates d'une vie de guerre sous les soleils les plus durs.

Les campements précédents n'avaient guère résisté : ils n'étaient pas grand-chose pour des guerriers de cette trempe. Le butin de ces razzias était toujours médiocre, mais sur des terres si infécondes, on prenait ce qu'on trouvait.

Cette fois-ci encore, tout allait se passer comme d'habitude.

Une lumière déchira soudain la pénombre droit devant, un éclat brillant de soleil levant.

Impossible. L'aube était encore à plus d'une heure.

Le chef leva une main calleuse en voyant une silhouette solitaire se dresser au milieu du campement. Il sourit en constatant que c'était une femme. Enfin, un butin digne de ce nom. La lumière l'entourait et le sourire de l'homme se figea quand il s'aperçut qu'elle était engoncée dans une armure de guerre. Des cheveux auburn émergeaient d'une coiffe dorée et l'éclat du jour émanait de son lourd bouclier et de son épée à lame longue.

D'autres guerriers émergèrent du campement et prirent place aux côtés de la femme, chacun équipé d'une lance et d'une armure d'or.

« Cette terre est sous ma protection », dit Leona.

Elle leva son épée tandis que les douze guerriers des Ra-Horaks formaient un angle autour d'elle. Six de chaque côté, ils levèrent leurs boucliers et les encastrèrent pour en faire un mur unique. Leona fit un quart de tour et verrouilla le sien au sommet de la construction. Son épée s'infiltra dans l'ouverture crantée de son bouclier.

Elle affermit sa prise sur la poignée revêtue de cuir de son arme et éprouva la soudaine poussée de puissance dans tout son corps. Un feu qui réclamait d'être libéré. Leona retint en elle cette flambée, la laissant pénétrer sa chair. Ses yeux brillèrent d'ambre et elle sentit son cœur battre dans sa poitrine. L'être avec lequel elle avait fusionné en haut de la montagne avait hâte de brûler ces hommes de son feu purificateur.

L'homme au casque de dragon : c'est la clé de tout. Tue-le et les autres s'effondreront.

Une partie de Leona souhaitait déchaîner cette puissance, voulait réduire ces hommes en cendres. Leurs attaques avaient tué des masses de gens dont le seul crime était d'avoir pour foyer le Mont Targon. Ils avaient souillé les lieux saints des Solaris, renversant les pierres solaires et polluant les torrents des montagnes.

L'homme au casque de dragon rit et fit tournoyer sa grande épée tandis que ses hommes s'éloignaient de lui. Combattre avec une telle arme et lui conserver son mouvement requérait de l'espace. Il hurla quelque chose dans une langue gutturale qui tenait de l'aboi de chien sauvage plus que de la parole humaine et ses guerriers répondirent dans un rugissement.

Leona expira un souffle ardent tandis que les bandits chargeaient les Ra-Horaks. Elle laissa le feu pénétrer dans son sang, sentit la créature antique mêler plus intimement son essence à la sienne, reçut son don de perception venu d'un autre monde.

Le temps ralentit pour Leona. Elle vit la pulsation lumineuse du cœur de chaque ennemi et elle entendit le battement de tambour du sang qui coulait dans leurs veines. À ses yeux, leur corps rougeoyait de la rage de combattre qui les habitait. L'homme au casque de dragon abattit son épée comme le poing d'un titan sur le bouclier de Leona. L'impact fut terrible et repoussa la combattante sur plusieurs mètres. Les Ra-Horaks reculèrent avec elle, le mur de boucliers intact. Le bouclier de Leona étincelait de lumière et le manteau de l'homme au casque de dragon fut consumé par la fournaise. Ses yeux s'agrandirent de surprise, mais il prépara son énorme épée à frapper une deuxième fois.

« Tenez la position ! Lances en avant ! », hurla Leona tandis que les bandits arrivaient au contact. Les lances d'or jaillirent au moment de l'impact et le premier rang des assaillants s'effondra dans des éclaboussures de sang. Ils furent piétinés par les lignes suivantes qui chargeaient toujours.

Le mur de boucliers tint bon. Les haches s'abattirent dans un vacarme de vociférations. Leona enfonça sa lame dans la nuque d'un bandit dont le visage était lacéré de cicatrices. L'homme hurla et chuta, la gorge emplie de sang. Du bouclier, elle frappa l'homme le plus proche, lui enfonçant le crâne.

La formation des Ra-Horaks ploya lorsque l'arme du chef frappa de nouveau, brisant cette fois un bouclier. Son propriétaire s'effondra, le buste tranché en deux.

Leona ne laissa pas l'homme au casque de dragon agir une troisième fois.

Elle frappa de son épée d'or et un écho ardent de son image flamboya au pourtour de la lame gravée de runes. Un feu chauffé à blanc engloutit le chef ennemi, incendiant ses cheveux et ce qui restait de ses fourrures, faisant fondre son armure sur sa peau. Il hurla de douleur et Leona sentit le pouvoir cosmique qui l'habitait se repaître de la souffrance de l'homme. Il trébucha vers l'arrière, toujours en vie mais la chair rongée par le feu jusqu'à l'os. L'assaut de ses hommes cessa lorsqu'ils le virent tomber à genoux dans une colonne de flammes.

« Droit sur eux ! », hurla Leona, et les Ra-Horaks chargèrent. Avec puissance, les pointes des lances frappèrent. On pousse, on déchire la chair, on retire la lame. Sans interruption, le rituel macabre se poursuivait avec la régularité d'une machine à moissonner. Les bandits se débandèrent devant les armes ruisselantes de sang des Ra-Horaks, horrifiés par le sort de leur chef. Ils ne pensaient plus qu'à s'enfuir.

Nul ne savait pourquoi ces bandits étaient venus jusqu'à Targon, car à l'évidence l'ascension et le mystère de la montagne n'étaient pas leur motivation. C'étaient des guerriers, pas des pèlerins, et il était évident que les laisser se regrouper ne mènerait qu'à de nouveaux massacres.

Leona ne pouvait le permettre ; elle enfonça son épée dans le sol. Elle fouilla jusqu'au plus profond d'elle-même, tirant une extraordinaire puissance d'un lieu situé au-delà de la montagne. Le soleil émergea derrière les plus hauts sommets tandis que Leona levait la main vers la lumière.

Elle mit un genou en terre et frappa du poing le sol.

Une pluie de feu tomba du ciel.
 
Diana Square 0   Diana
 
Armée de son croissant de lune, Diana combat dans les rangs des Lunaris, une foi qui a presque disparu des terres qui entourent le Mont Targon. Portant une armure étincelante évoquant les reflets de la nuit sur un paysage de neige, elle incarne la puissance de la lune. L'essence d'une Manifestation venue d'au-delà des plus hauts sommets de Targon imprègne Diana : plus tout à fait humaine, elle lutte pour comprendre sa puissance et son rôle en ce monde.

Diana est née alors que ses parents s'abritaient d'une tempête sur les flancs âpres du Mont Targon. Ils venaient d'une terre lointaine, attirés par un rêve de montagne qui leur promettait une révélation. L'épuisement et les rafales aveuglantes les accablèrent sur les pentes orientales de la montagne et, là, dans le froid durci par les lueurs de la lune, Diana vint au monde au moment où sa mère le quittait.

Des chasseurs d'un proche temple Solari la trouvèrent le jour suivant, alors que le soleil atteignait son zénith sur un paysage enfin apaisé, enveloppée dans une peau d'ours et engoncée dans les bras de son père mort. Ils la conduisirent à leur temple où elle fut présentée au soleil et reçut le nom de Diana. La fillette aux cheveux de sable fut élevée dans la foi Solari qui dominait toutes les terres environnant le Mont Targon. Diana devint une initiée et grandit dans la vénération du soleil. Elle apprit les légendes concernant le soleil et s'entraîna chaque jour avec les Ra-Horaks, les moines-guerriers des Solaris.

Les anciens lui apprirent que toute vie provenait du soleil et que la lumière de la lune était fausse en ce qu'elle ne nourrissait pas et créait une pénombre dans laquelle seules les créatures des ténèbres trouvaient refuge. Pourtant, Diana était fascinée par la lune bien davantage que par la dure luminosité du soleil. Chaque nuit, la jeune fille se réveillait après avoir rêvé qu'elle quittait le dortoir des initiés et grimpait aux flancs de la montagne pour cueillir des fleurs nocturnes et voir les torrents s'argenter sous la lumière lunaire.

Tandis que les années passaient, Diana se sentit de moins en moins en phase avec l'enseignement des anciens. Elle ne pouvait s'empêcher de remettre en question tout ce qui lui était enseigné, elle suspectait que les enseignements passaient bien des choses sous silence, comme si ce qu'on lui transmettait était délibérément incomplet. En grandissant, Diana souffrit de plus en plus de cette sensation d'isolement et ses amis d'enfance s'éloignèrent progressivement de la jeune fille indisciplinée et contrariante qui ne parvenait pas à s'intégrer. La nuit, observant la lune se lever sur les lointains sommets, Diana se sentait de plus en plus étrangère à son propre monde. L'envie d'escalader la montagne était de plus en plus forte, mais tout ce qu'on lui avait appris depuis sa naissance affirmait que, si elle essayait, elle y perdrait plus que la vie. Seuls les plus dignes et les plus héroïques pouvaient envisager un tel périple. Chaque jour, Diana se sentait plus certaine qu'un aspect essentiel de son existence restait inexploré.

Un premier indice de ce que sa vie pouvait devenir lui fut donné un jour qu'elle balayait la bibliothèque en punition de ses querelles avec les anciens. Un éclat de lumière derrière une étagère attira son œil et elle découvrit les pages noircies d'un ancien manuscrit. Diana s'empara du volume et en lut les pages chaque nuit à la lumière de la lune : ce qu'elle y trouva déverrouilla une porte au plus profond d'elle.

Diana apprit l'existence d'un groupe presque disparu connu sous le nom de Lunaris, dont la foi voyait la lune comme une source de vie et d'équilibre. D'après ce que Diana put glaner de ces fragments, les Lunaris parlaient du cycle éternel, la nuit succédant au jour et le soleil à la lune, essentiel à l'harmonie universelle. Ce fut une révélation pour la fille aux cheveux couleur sable : éblouie, elle regarda au-delà des murs du temple et elle aperçut une vieille femme enveloppée dans une peau d'ours qui gravissait la route de la montagne. Les pas de la vieille femme étaient hésitants et, pour rester debout, elle devait s'appuyer sur un bâton sculpté en bois de saule. Elle vit Diana et l'appela à l'aide, expliquant qu'elle devait atteindre le sommet de la montagne avant le matin ; un désir que Diana savait impossible.

L'envie de Diana d'aider la vieille femme et de monter avec elle affrontait l'enseignement qu'elle avait toujours reçu des Solaris. La montagne était réservée à ceux qui le méritaient et Diana ne s'était jamais sentie digne de rien. La femme demanda une nouvelle fois son aide et cette fois Diana n'hésita pas. Elle franchit le mur et prit le bras de la voyageuse pour la soutenir sur le chemin de la montagne, stupéfaite qu'une personne de son âge ait réussi à aller si loin. Elles grimpèrent pendant des heures, dépassèrent le plafond des nuages : l'air soudain glacial laissait la lune et les étoiles étinceler comme des diamants. En dépit de son âge, la femme continua de gravir le chemin, encourageant Diana quand elle butait contre une pierre ou quand sa respiration se faisait difficile.

Le matin approchait, mais sous les étoiles brillantes qui n'éclairaient plus que le sommet de la montagne, Diana avait perdu toute notion du temps. La vieille femme et elle continuèrent de monter et, à chaque fois qu'elle manquait de s'effondrer, Diana tirait sa force de la lumière pâle de la lune pour éviter la chute. Finalement, Diana tomba à genoux, totalement épuisée, tout son corps engourdi de fatigue. Lorsqu'elle releva les yeux, elle vit que le sommet de la montagne avait été atteint, un exploit qu'elle pensait impossible en une nuit. Le sommet était nimbé d'illuminations spectrales, de voiles d'intenses lumières, de spirales de couleurs vives et d'un tourbillon d'or et d'argent dansant dans l'air.

Elle chercha sa compagne du regard, mais la vieille femme avait disparu : seul son manteau en peau d'ours, sur les épaules de Diana, révélait qu'elle n'avait pas été qu'un songe. Les yeux plongés dans la lumière, Diana comprit que le vide qui l'habitait pouvait être comblé, qu'elle pouvait être acceptée pour ce qu'elle était vraiment, qu'elle pouvait participer à quelque chose d'immense qui la dépassait de loin. C'était ce que Diana avait attendu toute sa vie sans le savoir et une vitalité nouvelle courait dans ses membres lorsqu'elle se remit sur pieds. Elle fit un pas hésitant vers l'extraordinaire panorama, sa résolution s'affermissant à chaque souffle.

La lumière s'intensifia et Diana hurla en la sentant se déverser en elle en une union immense et inhumaine, antique et puissante. Ce qu'elle ressentait était douloureux mais allègre, cette seconde au goût d'éternité était tout ensemble une hallucination et une révélation. Quand la lumière s'estompa, Diana ressentit un manque insoutenable.

Elle reprit sa route en trébuchant, dans un état second, fermée à tout ce qui l'entourait, jusqu'à ce qu'elle se trouve devant une fissure au flanc de la montagne : une grotte qui serait restée invisible sans les ombres jetées par la lumière lunaire. Frigorifiée, Diana chercha un abri dans la caverne. À l'intérieur, la fissure étroite s'élargissait en une vaste ruine qui avait été naguère un temple ou une chambre de réunion. Les murs crevassés étaient couverts d'anciennes fresques qui dépeignaient des guerriers d'or et d'argent combattant une horde sans fin de monstres grotesques sous une pluie de comètes en fusion.

Au centre de la chambre, une épée en forme de croissant accompagnait une armure sans égale : cotte de mailles d'argent et plaques d'acier poli aux gravures somptueuses. Se reflétant dans l'armure étincelante, Diana découvrit que ses cheveux naguère couleur de sable avaient viré au blanc le plus pur et qu'une rune incandescente brillait sur son front. Elle reconnut le symbole qui décorait finement les plaques de l'armure, le symbole qui ornait les feuilles noircies du manuscrit de la bibliothèque. Ce fut le moment de vérité de Diana. Elle pouvait se détourner de sa destinée ou l'adopter pleinement.

Diana étendit le bras et toucha du doigt l'acier froid de l'armure tandis que, dans son esprit, jaillissaient les images de vies qu'elle n'avait jamais vécues, les souvenirs d'expériences et de sensations qu'elle n'avait jamais éprouvées. Des fragments d'histoire ancienne s'engouffrèrent dans sa tête comme un blizzard ; des connaissances secrètes qu'elle comprenait à peine et des futurs possibles dispersés comme la poussière par le vent.

Quand les visions se dissipèrent, Diana réalisa qu'elle était revêtue de l'armure d'argent et qu'elle y était à son aise comme si elle avait été conçue spécialement pour elle. Son esprit était toujours agité par les connaissances qu'elle venait d'absorber, mais qui restaient pour la plupart aux limites de l'incompréhensible pour elle, comme une image floutée par la brume. Elle était toujours Diana, mais elle était autre chose, quelque chose d'éternel. Subjuguée par ce savoir nouveau, Diana quitta la grotte et retourna vers le temple des Solaris, convaincue qu'elle devait partager avec les anciens ce qu'elle avait découvert.

Elle fut accueillie aux portes du temple par Leona, maîtresse des Ra-Horaks et plus grande guerrière des Solaris. Diana fut conduite devant les anciens qui écoutèrent avec une horreur croissante ce qu'elle avait appris des Lunaris. Quand elle eut achevé sa narration, les anciens la dénoncèrent violemment comme blasphématrice et adoratrice de faux dieux. Pour punition, la mort seule pouvait convenir.

Diana n'en crut pas ses oreilles. Comment les anciens pouvaient-ils repousser ce qui lui paraissait si évidemment vrai ? Comment pouvaient-ils tourner le dos aux révélations venues de la sainte montagne ? Elle sentit la rage monter en elle devant un tel aveuglement et des orbes d'argent incandescent se mirent à tourner dans l'air autour d'elle. Dans un hurlement de rage et de frustration, Diana sortit son épée et, partout où elle frappait, la mort faisait son œuvre dans un brasier de feu argenté. Diana se déchaîna jusqu'à l'épuisement de sa colère, et lorsqu'enfin elle se calma, elle découvrit le carnage qu'elle avait accompli. Les anciens étaient morts et Leona était étendue sur le dos, son armure fumant comme si elle sortait de la forge. Écœurée par ce qu'elle avait fait, Diana s'enfuit vers les confins sauvages du Mont Targon tandis que les Solaris demeuraient pétrifiés par la sauvagerie de son attaque.

Chassée par les guerriers des Ra-Horaks, Diana cherche désormais à donner un sens aux souvenirs fragmentaires des Lunaris qui palpitent dans les profondeurs de son esprit. Agitée par des demi-vérités confuses et des parcelles de savoir antique, Diana ne s'accroche qu'à une seule conviction : les Lunaris et les Solaris ne devraient pas être ennemis, et une grande destinée l'attend. Nul ne sait quelle est cette destinée, mais Diana l'apprendra, quel qu'en soit le coût.
 
Le travail de cette nuit
 
Même enfant, c'est la nuit que préférait Diana. Il en allait ainsi depuis qu'elle était assez âgée pour escalader les murs du temple et observer la lune dans la voûte étoilée. De ses yeux mauves, elle tenta de percer la canopée de la forêt dense, mais elle ne perçut au-dessus d'elle qu'une lueur diffuse masquée par les nuages et les branches.

Les arbres couverts de mousse étaient noirs, leurs branches aux formes fantastiques ressemblaient à des membres tordus dressés vers le ciel. Elle ne voyait plus le chemin, sa route était envahie par les buissons sauvages et les herbes folles. Des aiguilles emportées par le vent raclèrent son armure et Diana ferma les yeux pour mieux saisir le souvenir qui s'éveillait en elle.

Un souvenir, oui, mais pas un des siens. C'était quelque chose d'autre, quelque chose qui émanait de la mémoire fracturée que l'essence céleste avait partagée avec sa chair. Quand elle rouvrit les yeux, l'image impalpable d'une forêt se surimposait aux arbres sombres qui l'entouraient. C'était le même lieu, mais en un temps différent, lorsque la forêt était jeune, effervescente, traversée de chemins lumineux enrichis par un kaléidoscope de fleurs colorées.

Élevée dans les pourtours âpres du Mont Targon, Diana n'avait jamais vu une forêt de cette sorte. Elle savait n'avoir sous les yeux qu'un écho du passé, mais les fragrances de miel et de jasmin dépassaient tout ce qu'elle avait jamais connu.

« Merci... » murmura-t-elle en suivant le tracé spectral de l'ancienne voie.

Celle-ci conduisit Diana à travers d'immenses arbres flétris qui auraient dû disparaître depuis longtemps. Le chemin escaladait les pentes rocheuses, contournait des troncs tordus et des sapins sauvages. Il traversait des torrents agités, creusait un passage entre les rocs : il finit par conduire Diana à un plateau qui surplombait un lac d'eau froide et noire.

Au centre du plateau s'élevait un cercle de monolithes gravés de spirales et de figures courbes. Sur chaque pierre, Diana vit la rune même qui brillait sur son front et elle comprit qu'elle avait atteint sa destination. Elle sentit monter en elle une anticipation fébrile, une sensation qu'elle associait désormais avec la magie la plus dangereuse, la plus sauvage. Prudemment, elle approcha du cercle, cherchant des yeux toute menace potentielle. Elle ne vit rien, mais elle sentit que quelque chose était là, quelque chose d'hostile et de pourtant familier.

Diana alla jusqu'au centre du cercle et elle sortit son épée. Sa lame en croissant étincela dans les éclats lunaires qui perçaient les nuages. Elle s'agenouilla, baissa la tête, la pointe de sa lame dans le sol, le manche en support de sa joue.

Elle les sentit avant de les voir.

Un brusque changement de pression dans l'air. Une sensation d'atmosphère chargée.

Diana bondit sur ses pieds tandis que l'espace entre les pierres s'ouvrait soudain en fissures. L'air vibra et un trio de bêtes hurlantes jaillit avant de charger férocement, tout en chair d'ivoire, carapaces d'ossements blancs et griffes d'acier.

Des horreurs.

Diana plongea tandis qu'une mâchoire claquait au-dessus d'elle. Elle frappa de son épée l'arc qui, au-dessus de la tête du monstre, maintenait son crâne sur ses épaules saillantes. La créature s'effondra et sa chair s'effilocha immédiatement. Diana se redressa et vit que les autres créatures tournaient autour d'elle comme des chasseurs en meute, l'œil prudemment fixé sur sa lame étincelante. La bête qu'elle avait tuée n'était plus qu'une flaque pathétique de goudron bouillonnant.

Les autres attaquèrent de nouveau, chacun sur un flanc. Leur chair s'assombrissait déjà en un violet sinistre, semblant siffler dans l'atmosphère hostile de ce monde. Diana sauta sur la bête de gauche et fit tournoyer son arme en direction de son cou. Elle hurla une scansion sacrée des Lunaris et sa lame irradia d'une lumière incandescente.

La bête implosa, sa chair désintégrée par le pouvoir de la lame lunaire. Diana tenta d'esquiver l'attaque de la dernière bête. Pas assez vite. Des serres aiguisées comme des lames de rasoir traversèrent l'acier de ses épaulières et elle fut trainée sur le sol. La poitrine de la bête s'ouvrit, révélant une masse gluante d'organes et de crocs. Les dents s'enfoncèrent dans la chair de son épaule et Diana hurla tandis qu'un froid engourdissant se répandait dans son corps. Elle raffermit sa prise sur le manche de son arme et traversa le corps de la bête comme avec un poignard. La créature hurla et lâcha prise. Une substance noire et fumante dégoulina de son corps lacéré. Diana bondit plus loin, torturée par la douleur qui irradiait dans ses membres. Elle se remit en garde alors que les nuages commençaient à se dissiper.

La bête avait goûté à son sang et piaillait, agitée par une faim de prédateur. Sa silhouette était désormais recouverte d'un noir brillant mêlé de violet venimeux. Des bras couverts de lames se déployèrent et se mêlèrent en un tourbillon de griffes et de serres. Une chair surnaturelle coula comme de la cire pour fermer la terrible blessure qui lui avait été infligée.

L'essence qui vibrait en Diana s'échauffa. Elle remplit ses pensées d'une haine immarcescible venue des profondeurs du passé. Diana aperçut des combats anciens, si terribles qu'ils avaient englouti dans le feu des mondes entiers, une guerre qui avait presque défait ce monde et n'avait pas renoncé à le détruire.

La créature chargea Diana, tout son corps gorgé de la puissance brute venue d'un autre royaume d'existence.

Les nuages s'écartèrent et un rai d'argent scintillant fila vers le sol. L'épée de Diana s'abreuva à la lumière des lunes lointaines et sa lame brilla d'un éclat nouveau. Elle traça un arc meurtrier, traversant les protections, la chair et les os de la créature avec toute la puissance des illuminations de la nuit.

La bête fut désintégrée dans une détonation de lumière. Sa chair s'évapora dans la nuit, laissant Diana seule sur le plateau, épuisée, tandis que la puissance à laquelle elle s'était unie sur la montagne se retirait aux confins de son corps.

Elle chassa de sa tête les ultimes images d'une cité vide où la vie, autrefois, avait été florissante. La tristesse se saisit d'elle, quoi que cet endroit lui fût inconnu, mais son deuil ne dura que le temps pour la vision de disparaître et elle fut Diana de nouveau.

Les créatures avaient disparu et les pierres du cercle brillaient de lueurs argentées. Libéré de l'influence de l'endroit maléfique situé de l'autre côté du voile, il retrouvait tout son pouvoir de guérison. Diana sentit ce pouvoir s'écouler dans la terre, se répandre dans tout le paysage, transporté par les rocs et les racines jusqu'au cœur même de ce monde.

« Le travail de cette nuit est terminé », dit-elle. « La voie est scellée. »

Elle se tourna vers le lac dont les eaux scintillaient sous la lumière lunaire. Elle ressentit l'irrésistible besoin de s'en approcher.

« Mais quelle que soit la nuit, il y a toujours un autre travail à accomplir », murmura-t-elle.
 
Mise à jour sur le PBE (25/02)
Discussions avec Meddler sur plusieurs champions
 
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People in conversation:
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  • This commment is unpublished.
    SkitSky · 9 years ago
    Oh interressant.
    Pas encore lu les histoires mais des spéculations me viennent à l'esprit comme le prochain champion et le dragon (En supposant que cela ne soit pas les mêmes champions)
    Serai ce le teaser habituel ?
    • This commment is unpublished.
      Philidia
      • Administrateur du site
      · 9 years ago
      C'est fortement possible. D'ailleurs, je crois que j'ai indiqué dans un des articles qui va sortir ce week end que le teasing a pas commencé, et je sais plus lequel, et j'ai pas le temps de chercher, donc je risque de passer pour un idiot :p

      Pour l'un des deux, je pense que c'est Aurelion Sol oui. Pour l'autre, à voir. Cela pourrait être Taric, avec un nouveau lore, ou ça pourrait être un champion dont on voit pas venir le rework.
    • This commment is unpublished.
      SkitSky · 9 years ago
      Hey message d un dev de riot au sujet des reworks

      "Sure. The same group that worked on Poppy is currently working on Yorick.
      Designer - SolCrushed
      Narrative - JohnODyin
      Art - Lonewingy
      CertainlyT is still here on ChampUp, working on something awesome...."

      Donc apparemment c'est bien vrai que le plus ballzy des développeurs travaillerai sur quelque chose d'incroyable et les points de suspension laisse à penser que c'est secret donc ouais phili bien vus, ptetre un secret rework.

      Mais pour taric j'ai quand même des petits doutes quand à son accrochage avec le mont Targon.

      En plus tu nous tease un article pour ce WE au sujet du teasing. Mon dieu Inception incoming xD
    • This commment is unpublished.
      Monsieur · 9 years ago
      Je pense au dragon pour un des deux persos. L'autre aucune idée.

      En tout cas j'aime beaucoup le travail de Riot pour étoffer son Lore et donner une légitimité à ses champions
    • This commment is unpublished.
      vanderbrice · 9 years ago
      Peut-etre bard puis aurel... Ao shin
      Je me fait pas du tout au nom Aurelion Sol...
  • This commment is unpublished.
    Guyten · 9 years ago
    Woah ces nouvelles histoires !
    Pour les deux personnages manquants, voici ce que j'en pense :
    [list]
    Le premier sera Aurelion Sol, ça c'est évident vu son nom, un "dieu" protecteur des Solaris,
    Pour le deuxième, j'opterai pour la refonte de Taric. Il deviendrait ainsi un être d'un autre monde qui viendrait du m'ont Targon, un ancien du clan des Lunaris.
    [/list]
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    Etopak · 9 years ago
    Salut!
    Alors personnellement, je vois deux alternatives au deux personnages mystères: on sait que dans les mini-event ou teasers, il y a un grand méchant contre lequel les gentils se battent (exemple: Gankplank dans l'event de Bilgewater) , or, ici, Diana ne peut pas être le grand méchant car dans l'histoire de Leona, il est dis qu'elle devait la retrouver mais plus la tuer. Donc, pour moi, première possibilité: Aurelion sol est un protecteur du mont Targon et le dernier champion est le grand méchant et est un champion déjà connu qui sera rework. Deuxième possibilité (j'adorerais que ce soit celle-la): Aurelion Sol est le grand méchant (n'oublions pas que dans la mythologie grecque, les dragons sont mauvais) et le dernier champion pourrait être un esprit stellaire protecteur (oui Bard c'est à toi que je pense)
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      vanderbrice · 9 years ago
      Je suis aussi plus pour ta 2eme version, l'histoire aussi peut prendre ses racines de la mythologie grecquo-romane ce qui appuyera ta thèse (spartiate, mont aux pouvoirs, conotation latines sur les noms des champions, présence de l'astronomie). Et surtout, le rename de aoshin en aurelion sol montre aussi le changement de culture entre l'asie de l'est et l'europe latine.
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      Grudumpf · 9 years ago
      D'autant plus que Ao Shin était présenté comme "mauvais" dans le comic d'Udyr et son skin ultime. Pour le second, je vois beaucoup plus Taric moi. Le côté "magie stellaire" lui irait bien je trouve
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    Monsieur · 9 years ago
    J'ai fini de lire toutes le Lore du mont Targon. C'est pas mal mais il manque encore un petit quelque chose pour qu'ils arrivent au niveau de Blizzard. Cela reste de bonnes histoires. On a le côté héroïque et hors du commun qui ressortent bien. Mais personnellement je n'aime pas le style qu'ils ont à rester en retrait. J'arrive pas à m'immerger dans les personnages quand ils en parlent.

    Cependant je suis heureux qu'ils continuent de po diner le Lore. Reste à lier les zones de Runeterra entre elles. J'aimerai bien voir des rencontre ou des récits incluant plusieurs zones pour vraiment donner vie au monde de lol. A l'heure actuelle je reste sur une image du style "pleins de petits mondes mais chacun dans son coin" c'est dommage.
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    Nedra · 9 years ago
    oh please, pas Taric en acolyte Lunaris de Diana, elle mérite mieux que la pornstar mâle du jeu en guise d'unique compagnon, là où Leona a l'Essence de la Guerre lol, même si grace au lore on sent qu'il n'est pas censé y avoir de conflit armé entre les 2 camps, un peu d'équilibre "badass", ça me ferait plaisir.
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    Etopak · 9 years ago
    Après 2/3 recherches, j'ai trouvé des trucs assez intéressants (atention gros pavé). Déjà, on le sait, beaucoup e choses dans cette histoire sont inspirés de la mythologie grecque et romaine: Panthéon fait référence à Arès, Leona pourrait être une version femelle d'Apollon, Diana est une référence à Artémis, déesse de la chasse et de la Lune (qui se nomme Diane chez les romains, ouuuh complot!). Maintenant pour Aurelion Sol, après quelques recherches, j'ai une théorie, attention, c'est de la spéculation: Il a existé un empereur romain nommé Aurelian qui a massacré plusieurs peuples barbares quand Rome commençait à vaciller mais surtout, il a fondé un culte nommé Sol invictus qui vénérait le soleil ou plutôt une divinité solaire (sa mère était une prêtresse du soleil par ailleurs). A côté de ça, on a des anciens Solaris qui refusent de croire en l'existence du pouvoir de la lune. Du coup, on pourrait penser qu'Aurelion Sol a été celui qui a détruit les lunaris pour ne laisser que le culte du soleil (qui serait le culte de lui-même au final) et a créé cette propagande disant que seul le soleil pouvait être vénéré. Enfin, comme on l'a vu, les champions se rapprochent tous des dieux grecs, or, Taric, je ne le vois pas forcément dans ce rôle. Mais quel champion pourrait s'y insérer avec une bonne refonte? Moi je dis Yorick en représentation de la divinité de la mort (coucou Hadès!). Après tout, même sans refonte, celui-ci a un rapport privilégié avec la mort! Alors pourquoi pas?
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      SkitSky · 9 years ago
      Pour Aurelion sol je te suit
      Mais Yorick en mont Targon je veux bien que les perso change dans les refontes mais ya des limites xD et puis comme tu las bien dit pour taric, ça sonne pas trop dieu grec.

      Au moins Taric y a de la bogossitude légendaire de la Grèce antique xD
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