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Histoire de Yorick

Histoire de Yorick
 
Comme d'habitude, Riot publie une version courte de l'histoire de nouveaux champions (Ou des champions dont l'histoire est refaite), puis une histoire longue une fois le patch sorti. Après un AMA qui a déjà dévoilé pas mal de chose sur notre nouveau Yorick, c'est désormais son histoire complète qui est publiée par Riot !
 
Yorick
Berger des âmes perdues
 
"Ces îles... Elles hurlent de douleur..."
 
Yorick est le dernier survivant d'un ordre religieux disparu depuis longtemps et son pouvoir sur les morts est à la fois une bénédiction et une malédiction. Prisonnier des Îles obscures, il n'a pour compagnons que les cadavres pourrissants et les esprits hurlants qu'il rassemble. Les actes monstrueux de Yorick trahissent son noble objectif : libérer sa terre natale de la malédiction de la Ruine.
 
Même enfant, Yorick ne connut pas de vie normale. Élevé dans un village de pêcheurs aux confins des Îles bénies, il eut toujours du mal à se faire accepter. Alors que la plupart des enfants de son âge jouaient à cache-cache, le jeune Yorick se faisait des amis d'un genre différent : les esprits des défunts récents.
 
Au début, Yorick fut terrifié par sa capacité à entendre et à voir les morts. À chaque fois que quelqu'un trépassait dans le village, Yorick restait éveillé toute la nuit, attendant les pleurs effroyables d'un nouveau visiteur. Il ne comprenait pas pourquoi ces âmes le hantaient, pourquoi ses parents lui disaient qu'il avait seulement des cauchemars.
 
Peu à peu, il finit par se rendre compte que les âmes ne cherchaient pas à lui faire de mal. Elles étaient tout simplement perdues et avaient besoin d'un guide vers l'au-delà. Comme Yorick était le seul à les voir, il accepta de devenir leur fanal, les escortant vers ce qui leur était destiné pour l'éternité.
 
C'était une mission douce-amère. Yorick découvrit qu'il prenait plaisir à la compagnie des fantômes, mais à chaque fois qu'il en menait un jusqu'à son dernier repos, il devait dire adieu à un ami. Pour les morts, il était un sauveur, mais pour les vivants, il était un paria. Les villageois ne voyaient en lui qu'un petit garçon perturbé qui parlait à des personnes imaginaires.
 
Les rumeurs concernant les visions de Yorick dépassèrent bientôt les frontières du village et attirèrent l'attention d'un petit ordre de moines qui vivaient au cœur des Îles bénies. Leurs envoyés voyagèrent jusqu'à l'île de Yorick, convaincus qu'il pouvait devenir un atout pour leur foi.
 
Yorick accepta de se rendre dans leur monastère et, là, il découvrit la voie des Frères du Crépuscule et la véritable signification de leurs attributs. Chaque moine transportait une pelle pour symboliser son désir de mener à bien les rites funéraires, afin que les âmes des morts ne perdent pas leur route. Chaque frère emportait également une fiole d'eau remplie à la source sacrée des Îles bénies. Ces Larmes de Vie représentaient le devoir qu'avaient les religieux de soigner les vivants.
 
Mais, en dépit de tous ses efforts, Yorick ne parvint pas à se faire accepter des autres moines. Pour eux, il était la preuve tangible de choses qui ne devraient être connues que par la foi. Ils lui en voulaient de sa capacité à percevoir si facilement ce qu'ils avaient lutté toute leur vie pour comprendre. Rejeté par ses frères, Yorick se retrouva de nouveau seul.
 
Un matin, alors qu'il s'occupait de ses fonctions au cimetière, Yorick fut interrompu par la vue d'un nuage noir tourbillonnant sur la surface des Îles bénies et dévorant tout sur son passage. Il essaya de s'enfuir, mais le nuage l'enveloppa rapidement et le plongea dans l'obscurité.
 
Tout autour de Yorick, des entités vivantes se tordaient et se débattaient, corrompues par la magie impie de la Brume noire. Les hommes, les animaux, les plantes elles-mêmes commencèrent à se transformer en caricatures macabres de ce qu'ils étaient jusque-là. Des murmures émanaient de l'air qui s'agitait autour de lui, et ses frères commencèrent à arracher les fioles suspendues à leur cou, comme si ces objets les plongeaient dans une terrible angoisse. Un instant plus tard, Yorick regarda avec horreur les âmes des moines s'arracher à leur corps, ne laissant derrière elles que des cadavres froids et pâles.
 
Au milieu des hurlements de ses frères, seul Yorick pouvait entendre des voix dans la brume.
 
« Ôte-la. Joins-toi à nous. Nous ne ferons plus qu'un. »
 
Il sentit que ses doigts, malgré lui, agrippaient la fiole à son cou. Rassemblant toute sa volonté, Yorick força ses mains à s'éloigner de sa gorge et il commanda aux âmes hurlantes de s'éloigner. La Brume noire s'agita violemment et Yorick perdit connaissance.
 
Lorsqu'il s'éveilla, les vents s'étaient calmés et la région autrefois fertile était devenue le grotesque paysage de cauchemar des Îles obscures. Des radicules isolées de la Brume noire étaient toujours collées à lui, tâchant de ronger le seul être vivant qui n'avait pas été corrompu. Tandis que la Brume tournait autour de lui, Yorick vit qu'elle prenait garde à ne pas s'approcher de la fiole à son cou. Yorick referma la main sur l'eau sacrée, comprenant que c'était elle qui le gardait en vie.
 
Dans les jours qui suivirent, Yorick arpenta les îles à la recherche de survivants mais ne trouva que les vestiges distordus de ce qui avait naguère vécu ici. Où qu'il allât, il ne voyait que des esprits tourmentés s'élevant du cadavre des morts.
 
Tandis qu'il cherchait, Yorick comprit peu à peu quels événements avaient conduit à ce cataclysme. Un roi était venu, cherchant le moyen de ressusciter sa reine défunte, mais n'était parvenu qu'à maudire les Îles et tout ce qui y vivait.
 
Yorick souhaita trouver ce « Roi déchu » et défaire la malédiction qu'il avait apportée à sa terre natale. Mais il se sentait impuissant face à la mort qui semblait l'entourer à l'infini.
 
Éperdu de peine et de douleur, Yorick commença à parler avec les esprits qui l'entouraient, tentant de trouver auprès d'eux la consolation, comme lorsqu'il était enfant. Mais, tandis qu'il communiait avec la Brume, les cadavres sortirent de leurs tombes, guidés par sa voix. Il réalisa que les corps qu'il avait naguère conduits à leur dernier repos obéissaient à ses ordres.
 
Une lueur d'espoir s'alluma au plus profond de son désespoir. Pour libérer les morts des Îles obscures, Yorick devait s'emparer de leur puissance et de leur force.
 
Pour mettre fin à la malédiction, il allait devoir l'utiliser.
 
 
Derniers sacrements
 
 
« Aidez... Aidez-moi... » supplia le naufragé.
 
Yorick n'aurait pu dire depuis quand le survivant gisait là, en sang, dans les débris de son voilier échoué. Il poussait des gémissements sonores, mais ses cris étaient noyés dans la cacophonie des âmes qui hantaient l'île. Un maelström d'esprits s'assemblèrent autour de lui, attirés par ses dernières lueurs de vie comme par un phare, avides de faucher une âme neuve. Les yeux de l'homme s'élargirent d'horreur.
 
Il avait raison d'être effrayé. Yorick avait vu ce qu'il advenait des êtres perdus emportés par la Brume noire, et la chair encore palpitante était une denrée rare dans les Îles obscures. Depuis combien de temps Yorick n'avait-il plus vu un être vivant ? Un siècle ? Il sentit la Brume frissonner sur son dos, elle avait hâte de prendre cet étranger dans sa froide étreinte. Mais la vue de l'homme remua en Yorick quelque chose qu'il avait oublié depuis longtemps, et il refusa d'abandonner à la Brume cette existence. Le moine souleva le blessé et le porta sur son dos jusqu'à son vieux monastère.
 
Yorick lança un regard au visage de l'homme qui poussait un râle à chaque pas que faisait son sauveur. Pourquoi es-tu venu ici, ô vivant ?
 
Yorick porta le naufragé à travers plusieurs couloirs de l'abbaye, avant de s'arrêter devant une vieille infirmerie. Il posa le blessé sur une immense table de pierre et commença à l'examiner. Les côtes de l'homme étaient presque toutes brisées, un de ses poumons s'était affaissé.
 
« Pourquoi perds-tu ton temps ? » demandèrent à l'unisson les voix qui émergeaient de la Brume dans le dos de Yorick.
 
Yorick resta silencieux. Il s'éloigna de la table et se dirigea vers une lourde porte, à l'arrière de l'infirmerie. La porte résista à sa poussée, sa main ne laissant qu'une empreinte dans l'épaisse couche de poussière. Il appuya de l'épaule contre le bois et força de tout son poids.
 
« Tant d'efforts pour rien ! fit la Brume. Laisse-le-nous. »
 
Une fois encore, Yorick ne répondit que par un silence méprisant ; la porte céda soudain sous sa poussée. Le battant de chêne grinça sur les dalles de pierre, découvrant une chambre remplie de parchemins, d'herbes et de cataplasmes. Un moment, Yorick observa les reliques de son ancienne vie, luttant pour se rappeler comment les utiliser. Il prit quelques objets qui lui semblaient familiers : des pansements jaunis par l'âge et des onguents durcis comme de la pierre. Puis il retourna jusqu'à la table.
 
« Laisse-le-nous, reprit la Brume. Il était déjà à nous au moment où la mer l'a jeté sur le rivage. »
 
« Silence ! » gronda Yorick.
 
L'homme sur la table luttait désormais pour respirer. Sachant qu'il avait peu de temps pour le sauver, Yorick essaya de panser ses blessures, mais les bandages en putréfaction tombaient en poussière quand il les manipulait.
 
Dans un râle stertoreux, l'homme fut pris de convulsions. Il agrippa le bras du moine dans un geste désespéré. Yorick savait qu'une seule chose, désormais, pouvait encore sauver la vie de cet homme. Il ôta la fiole de cristal qui pendait à son cou et observa l'eau sacrée, source de vie, qui s'y trouvait. Il n'en restait presque plus. Yorick ignorait si cela suffirait à sauver l'homme, et quand bien même...
 
Non, il fallait voir la vérité en face. En essayant de sauver le naufragé, il tentait seulement de se raccrocher au souvenir de son ancienne vie, de l'époque où ce lieu maudit s'appelait encore les Îles bénies. Les âmes dans la Brume se moquaient de lui, mais la vérité imprégnait leurs moqueries. Cet homme n'avait aucune chance d'échapper à la malédiction, et si Yorick utilisait les Larmes de Vie, il en irait de même pour lui. Il ferma la fiole et la renoua à son cou.
 
Reculant d'un pas, Yorick regarda la poitrine de l'homme se soulever et retomber une dernière fois. La Brume noire remplit la pièce, ses esprits survoltés par l'attente. Elle frissonna et arracha l'âme du mort à son cadavre. L'esprit poussa un cri presque inaudible avant d'être dévoré.
 
Yorick, immobile dans la pièce, murmura une prière qu'il avait presque oubliée. Il ne pouvait détacher les yeux du corps sans vie sur la table, cruel souvenir de la tâche qu'il lui restait à accomplir. Aussi longtemps que la malédiction de la Ruine perdurait, quiconque aborderait les îles connaîtrait le même sort. Il lui fallait rétablir la paix dans cet archipel maudit, mais, en dépit de longues années de recherche, sa seule piste était fondée sur des rumeurs au sujet d'un roi déchu.
 
Il avait besoin de réponses.
 
Sur un seul mouvement de la main de Yorick, un fin filet de Brume entra dans le corps de l'homme. Une seconde plus tard, ce dernier se dressa sur la table, à peine doté de conscience. Mais il pouvait voir, entendre et marcher.
 
« Aide-moi », dit Yorick.
 
Le corps tituba hors de l'infirmerie et ses pas résonnèrent dans les couloirs du monastère. Il poursuivit jusqu'au cimetière putride, progressant entre les rangées de tombes vides.
 
Yorick ne quitta pas le cadavre des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la Brume au centre de l'île. Peut-être celui-ci reviendrait-il avec une réponse.
Yorick est le dernier survivant d'un ordre religieux disparu depuis longtemps et son pouvoir sur les morts est à la fois une bénédiction et une malédiction. Prisonnier des Îles obscures, il n'a pour compagnons que les cadavres pourrissants et les esprits hurlants qu'il rassemble. Les actes monstrueux de Yorick trahissent son noble objectif : libérer sa terre natale de la malédiction de la Ruine.

Même enfant, Yorick ne connut pas de vie normale. Élevé dans un village de pêcheurs aux confins des Îles bénies, il eut toujours du mal à se faire accepter. Alors que la plupart des enfants de son âge jouaient à cache-cache, le jeune Yorick se faisait des amis d'un genre différent : les esprits des défunts récents.

Au début, Yorick fut terrifié par sa capacité à entendre et à voir les morts. À chaque fois que quelqu'un trépassait dans le village, Yorick restait éveillé toute la nuit, attendant les pleurs effroyables d'un nouveau visiteur. Il ne comprenait pas pourquoi ces âmes le hantaient, pourquoi ses parents lui disaient qu'il avait seulement des cauchemars.

Peu à peu, il finit par se rendre compte que les âmes ne cherchaient pas à lui faire de mal. Elles étaient tout simplement perdues et avaient besoin d'un guide vers l'au-delà. Comme Yorick était le seul à les voir, il accepta de devenir leur fanal, les escortant vers ce qui leur était destiné pour l'éternité.

C'était une mission douce-amère. Yorick découvrit qu'il prenait plaisir à la compagnie des fantômes, mais à chaque fois qu'il en menait un jusqu'à son dernier repos, il devait dire adieu à un ami. Pour les morts, il était un sauveur, mais pour les vivants, il était un paria. Les villageois ne voyaient en lui qu'un petit garçon perturbé qui parlait à des personnes imaginaires.

Les rumeurs concernant les visions de Yorick dépassèrent bientôt les frontières du village et attirèrent l'attention d'un petit ordre de moines qui vivaient au cœur des Îles bénies. Leurs envoyés voyagèrent jusqu'à l'île de Yorick, convaincus qu'il pouvait devenir un atout pour leur foi.

Yorick accepta de se rendre dans leur monastère et, là, il découvrit la voie des Frères du Crépuscule et la véritable signification de leurs attributs. Chaque moine transportait une pelle pour symboliser son désir de mener à bien les rites funéraires, afin que les âmes des morts ne perdent pas leur route. Chaque frère emportait également une fiole d'eau remplie à la source sacrée des Îles bénies. Ces Larmes de Vie représentaient le devoir qu'avaient les religieux de soigner les vivants.

Mais, en dépit de tous ses efforts, Yorick ne parvint pas à se faire accepter des autres moines. Pour eux, il était la preuve tangible de choses qui ne devraient être connues que par la foi. Ils lui en voulaient de sa capacité à percevoir si facilement ce qu'ils avaient lutté toute leur vie pour comprendre. Rejeté par ses frères, Yorick se retrouva de nouveau seul.

Un matin, alors qu'il s'occupait de ses fonctions au cimetière, Yorick fut interrompu par la vue d'un nuage noir tourbillonnant sur la surface des Îles bénies et dévorant tout sur son passage. Il essaya de s'enfuir, mais le nuage l'enveloppa rapidement et le plongea dans l'obscurité.

Tout autour de Yorick, des entités vivantes se tordaient et se débattaient, corrompues par la magie impie de la Brume noire. Les hommes, les animaux, les plantes elles-mêmes commencèrent à se transformer en caricatures macabres de ce qu'ils étaient jusque-là. Des murmures émanaient de l'air qui s'agitait autour de lui, et ses frères commencèrent à arracher les fioles suspendues à leur cou, comme si ces objets les plongeaient dans une terrible angoisse. Un instant plus tard, Yorick regarda avec horreur les âmes des moines s'arracher à leur corps, ne laissant derrière elles que des cadavres froids et pâles.

Au milieu des hurlements de ses frères, seul Yorick pouvait entendre des voix dans la brume.

« Ôte-la. Joins-toi à nous. Nous ne ferons plus qu'un. »

Il sentit que ses doigts, malgré lui, agrippaient la fiole à son cou. Rassemblant toute sa volonté, Yorick força ses mains à s'éloigner de sa gorge et il commanda aux âmes hurlantes de s'éloigner. La Brume noire s'agita violemment et Yorick perdit connaissance.

Lorsqu'il s'éveilla, les vents s'étaient calmés et la région autrefois fertile était devenue le grotesque paysage de cauchemar des Îles obscures. Des radicules isolées de la Brume noire étaient toujours collées à lui, tâchant de ronger le seul être vivant qui n'avait pas été corrompu. Tandis que la Brume tournait autour de lui, Yorick vit qu'elle prenait garde à ne pas s'approcher de la fiole à son cou. Yorick referma la main sur l'eau sacrée, comprenant que c'était elle qui le gardait en vie.

Dans les jours qui suivirent, Yorick arpenta les îles à la recherche de survivants mais ne trouva que les vestiges distordus de ce qui avait naguère vécu ici. Où qu'il allât, il ne voyait que des esprits tourmentés s'élevant du cadavre des morts.

Tandis qu'il cherchait, Yorick comprit peu à peu quels événements avaient conduit à ce cataclysme. Un roi était venu, cherchant le moyen de ressusciter sa reine défunte, mais n'était parvenu qu'à maudire les Îles et tout ce qui y vivait.

Yorick souhaita trouver ce « Roi déchu » et défaire la malédiction qu'il avait apportée à sa terre natale. Mais il se sentait impuissant face à la mort qui semblait l'entourer à l'infini.

Éperdu de peine et de douleur, Yorick commença à parler avec les esprits qui l'entouraient, tentant de trouver auprès d'eux la consolation, comme lorsqu'il était enfant. Mais, tandis qu'il communiait avec la Brume, les cadavres sortirent de leurs tombes, guidés par sa voix. Il réalisa que les corps qu'il avait naguère conduits à leur dernier repos obéissaient à ses ordres.

Une lueur d'espoir s'alluma au plus profond de son désespoir. Pour libérer les morts des Îles obscures, Yorick devait s'emparer de leur puissance et de leur force.

Pour mettre fin à la malédiction, il allait devoir l'utiliser.DERNIERS SACREMENTS
DERNIERS SACREMENTS

« Aidez... Aidez-moi... » supplia le naufragé.

Yorick n'aurait pu dire depuis quand le survivant gisait là, en sang, dans les débris de son voilier échoué. Il poussait des gémissements sonores, mais ses cris étaient noyés dans la cacophonie des âmes qui hantaient l'île. Un maelström d'esprits s'assemblèrent autour de lui, attirés par ses dernières lueurs de vie comme par un phare, avides de faucher une âme neuve. Les yeux de l'homme s'élargirent d'horreur.

Il avait raison d'être effrayé. Yorick avait vu ce qu'il advenait des êtres perdus emportés par la Brume noire, et la chair encore palpitante était une denrée rare dans les Îles obscures. Depuis combien de temps Yorick n'avait-il plus vu un être vivant ? Un siècle ? Il sentit la Brume frissonner sur son dos, elle avait hâte de prendre cet étranger dans sa froide étreinte. Mais la vue de l'homme remua en Yorick quelque chose qu'il avait oublié depuis longtemps, et il refusa d'abandonner à la Brume cette existence. Le moine souleva le blessé et le porta sur son dos jusqu'à son vieux monastère.

Yorick lança un regard au visage de l'homme qui poussait un râle à chaque pas que faisait son sauveur. Pourquoi es-tu venu ici, ô vivant ?

Yorick porta le naufragé à travers plusieurs couloirs de l'abbaye, avant de s'arrêter devant une vieille infirmerie. Il posa le blessé sur une immense table de pierre et commença à l'examiner. Les côtes de l'homme étaient presque toutes brisées, un de ses poumons s'était affaissé.

« Pourquoi perds-tu ton temps ? » demandèrent à l'unisson les voix qui émergeaient de la Brume dans le dos de Yorick.

Yorick resta silencieux. Il s'éloigna de la table et se dirigea vers une lourde porte, à l'arrière de l'infirmerie. La porte résista à sa poussée, sa main ne laissant qu'une empreinte dans l'épaisse couche de poussière. Il appuya de l'épaule contre le bois et força de tout son poids.

« Tant d'efforts pour rien ! fit la Brume. Laisse-le-nous. »

Une fois encore, Yorick ne répondit que par un silence méprisant ; la porte céda soudain sous sa poussée. Le battant de chêne grinça sur les dalles de pierre, découvrant une chambre remplie de parchemins, d'herbes et de cataplasmes. Un moment, Yorick observa les reliques de son ancienne vie, luttant pour se rappeler comment les utiliser. Il prit quelques objets qui lui semblaient familiers : des pansements jaunis par l'âge et des onguents durcis comme de la pierre. Puis il retourna jusqu'à la table.

« Laisse-le-nous, reprit la Brume. Il était déjà à nous au moment où la mer l'a jeté sur le rivage. »

« Silence ! » gronda Yorick.

L'homme sur la table luttait désormais pour respirer. Sachant qu'il avait peu de temps pour le sauver, Yorick essaya de panser ses blessures, mais les bandages en putréfaction tombaient en poussière quand il les manipulait.

Dans un râle stertoreux, l'homme fut pris de convulsions. Il agrippa le bras du moine dans un geste désespéré. Yorick savait qu'une seule chose, désormais, pouvait encore sauver la vie de cet homme. Il ôta la fiole de cristal qui pendait à son cou et observa l'eau sacrée, source de vie, qui s'y trouvait. Il n'en restait presque plus. Yorick ignorait si cela suffirait à sauver l'homme, et quand bien même...

Non, il fallait voir la vérité en face. En essayant de sauver le naufragé, il tentait seulement de se raccrocher au souvenir de son ancienne vie, de l'époque où ce lieu maudit s'appelait encore les Îles bénies. Les âmes dans la Brume se moquaient de lui, mais la vérité imprégnait leurs moqueries. Cet homme n'avait aucune chance d'échapper à la malédiction, et si Yorick utilisait les Larmes de Vie, il en irait de même pour lui. Il ferma la fiole et la renoua à son cou.

Reculant d'un pas, Yorick regarda la poitrine de l'homme se soulever et retomber une dernière fois. La Brume noire remplit la pièce, ses esprits survoltés par l'attente. Elle frissonna et arracha l'âme du mort à son cadavre. L'esprit poussa un cri presque inaudible avant d'être dévoré.

Yorick, immobile dans la pièce, murmura une prière qu'il avait presque oubliée. Il ne pouvait détacher les yeux du corps sans vie sur la table, cruel souvenir de la tâche qu'il lui restait à accomplir. Aussi longtemps que la malédiction de la Ruine perdurait, quiconque aborderait les îles connaîtrait le même sort. Il lui fallait rétablir la paix dans cet archipel maudit, mais, en dépit de longues années de recherche, sa seule piste était fondée sur des rumeurs au sujet d'un roi déchu.

Il avait besoin de réponses.

Sur un seul mouvement de la main de Yorick, un fin filet de Brume entra dans le corps de l'homme. Une seconde plus tard, ce dernier se dressa sur la table, à peine doté de conscience. Mais il pouvait voir, entendre et marcher.

« Aide-moi », dit Yorick.

Le corps tituba hors de l'infirmerie et ses pas résonnèrent dans les couloirs du monastère. Il poursuivit jusqu'au cimetière putride, progressant entre les rangées de tombes vides.

Yorick ne quitta pas le cadavre des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la Brume au centre de l'île. Peut-être celui-ci reviendrait-il avec une réponse.
Enfilez vos tabliers et préchauffez le four !
[Récapitulatif] Cycle PBE 6.19
 
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