Aucune grande idée ne peut trouver sa place dans League of Legends sans être examinée, étudiée et modifiée lors de notre processus collaboratif. Lorsque Marco « Wendigo » Silva, un infographiste du bureau de São Paulo, a imaginé « Cyber Yi », il savait que son idée allait devoir passer au crible de ce processus.
Silva était prêt à se battre pour défendre son idée, alors il a rassemblé toute une équipe d'artistes conceptuels et d'animateurs pour créer une présentation de 50 pages expliquant comment un skin légendaire de Yi inspiré par les grands films du genre cyberpunk pouvait trouver sa place dans le jeu. Les premiers Rioters a avoir vu la présentation l'ont envoyée à d'autres, et ainsi de suite. De plus en plus de monde a commencé à s'intéresser à l'idée cybernétique de Silva.
« Au début, je me suis tout de suite dit que c'était vraiment dément, se souvient l'artiste conceptuel en chef Larry « The Bravo Ray » Ray. J'étais impressionné. »
Néanmoins, Silva n'avait pas envisagé tous les obstacles qui allaient se présenter. Alors que le concept de Cyber Yi était encore au stade de l'ébauche, une équipe du bureau de Santa Monica travaillait de son côté sur le skin cybernétique PROJET : Yasuo. Nos artistes ont estimé que Cyber Yi pourrait venir compléter le nouveau skin de Yasuo, mais ils devaient d'abord définir la direction artistique de PROJET : Yasuo, ainsi que de tous les autres champions qui pourraient venir s'intégrer à cet univers.
Ainsi, Cyber Yi devrait d'abord évoluer.
Une autre gamme de skins technologiques et futuristes existait déjà dans League of Legends : les deux variantes de Mecha, avec Malphite, Aatrox et Kha'Zix d'un côté et Viktor, Kog'Maw, Vel'Koz, Cho'gath, Urgot et Skarner de l'autre.
L'armée de Viktor, d'après l'infographiste spécialisé dans les effets visuels Adam « Riot AdamUnicorn » Kupratis, « c'est comme des Vikings à qui on aurait donné des réacteurs. » Il y a de l'huile, des étincelles, des pistons, une source de carburant... « Tout est en feu, et ça fait mal rien que d'être à côté. »
Image Caption: Dans le concept des Mecha de Viktor, toutes les armes et armures étaient orientées vers l'avant. « Ce qu'il y a derrière eux ne les intéresse pas, ils ont déjà tué tout ce qui s'y trouvait », précise Larry Ray.
Les Mecha originaux, pour leur part, sont influencés par les robots géants, ces monstres qui attaquent les villes dans les films ou les animés japonais. Les parties sensibles des Mechas sont recouvertes et peintes, ce qui permet de combiner la forme et la fonction pour donner naissance à une machine tellement massive qu'une famille entière de yordles pourrait vivre dans le cockpit.
Les artistes ont décidé de faire en sorte que les skins PROJET restent à une taille humaine, même si les champions ont fusionné avec des machines et ont amélioré leurs corps grâce à la technologie. « Pour intégrer le PROJET, il faut abandonner son humanité, indique Lisa « Saiyaka » Thorn, conceptrice visuelle. La technologie s'approprie votre âme. »
Bien sûr, les champions PROJET ne sont pas que des coques dépourvues d'âme. Différents indices laissent entrevoir leurs origines : le gant en cuir de Yasuo, la mâchoire exposée de Leona, les abdos sculptés de Maître Yi. Ce ne sont pas des robots, mais des humains qui ont été largement modifiés.
Utiliser certaines formes et couleurs permet d'unifier les skins de façon subtile. L'acier froid et bleuté définit les skins Mecha de base, tandis que les Mecha de Viktor se démarquent par leurs parties et jointures émettant des lueurs orange et rouges. La plupart des champions PROJET font également appel à des coloris entre le jaune et le rouge, mais Kupratis indique que les skins « jouent avec des éléments soustraits ». Il veut dire en cela que l'équipement des champions PROJET émet d'autres couleurs, mais elles sont atténuées par la lumière environnante.
Dans les skins Mecha de Viktor, des cylindres ressortent d'un peu partout : les mandibules de Cho'gath deviennent des tubes, des pistons sortent du museau de Kog'Maw... En revanche, ce sont les formes hexagonales qui dominent la ligne Mecha originale. On peut les voir dans la texture des ailes de Kha'Zix, mais aussi dans la forme de sa tête ou dans la courbure de ses bras. Les artistes ont pour habitude de parler du « langage des formes ». Ainsi, définir un langage des formes bien clair pour chaque champion et chaque gamme de skins permet d'assurer une cohérence visuelle et, donc, de faire en sorte que les joueurs les comprennent et les reconnaissent bien.
Pour définir le langage des formes des skins PROJET, nous avons dû aller plus loin qu'une simple différentiation avec les deux variantes de Mecha. Paul « SpaceW0mbat » Hoefener, l'artiste conceptuel à l'origine du skin PROJET : Yasuo, considère qu'il s'agit d'un mélange d'éléments informatiques (du matériel, avec des puces et des boîtiers en carbone) et de touches plus éthérées, intangibles. « La façon dont les particules se dissolvent a un petit côté magique, explique Hoefener, mais ça reste d'aspect technologique. » Pour mieux définir cette idée, l'équipe artistique a carrément écrit une définition de ce que PROJET signifiait.
PROJET : c'est la fusion parfaite de l'essence surnaturelle d'un être avec des armes avancées et d'implants corporels. Cet alliage de technologie et d'énergie permet à des hôtes extraordinaires de canaliser leur essence dans une manifestation physique et, dans de plus rares cas, de transcender leur enveloppe charnelle. Seuls des sujets possédant une essence extrêmement concentrée et des attributs physiques exceptionnels peuvent espérer débloquer le potentiel véritable de PROJET.
À terme, PROJET consiste également à transformer la forme « simplement humaine » des champions à l'aide de la technologie, et le langage des formes utilisé par nos artistes reflète cela. « Quand les champions utilisent leurs pouvoirs renforcés grâce à PROJET, ils se servent de formes et de géométries qui correspondent à leurs caractéristiques spécifiques », dit Thorn.
Par exemple, Fiora a beau être gracieuse, on a quand même peur de se faire piquer si jamais on lui rentre dedans. Lucian est défini par des parallélogrammes lisses et aérodynamiques, et son Z affiche une rose des vents. Les concepteurs voulaient que ces éléments soient visibles, même après que les champions ont fusionné leurs âmes avec la technologie pour atteindre l'état de PROJET. C'est pour ça que PROJET : Fiora a des triangles pointus d'apparence numérique. PROJET : Lucian, lui, émet des sursauts lumineux de plus en plus brillants.
- Fiora : élégante, gracieuse, agile
- Zed : ténébreux, insaisissable, mortel
- Lucian : esprit vengeur, véloce, classe
- Yi : cyclone, vif, fatal
- Leona : puissante, rayonnante, flamboyante
Les joueurs ont adoré le concept de PROJET, mais il a fallu encore un peu de temps pour trouver comment intégrer ces thèmes et ces idées dans la proposition de Marco Silva pour Cyber Yi. La taille, la couleur, la forme, l'objectif, la personnalité : chacun de ces éléments devait être étudié avec soin et adapté pour que PROJET devienne une gamme de skins à part entière.
Hoefener explique que le long processus de conception de PROJET : Yi est passé par toutes les étapes qui définissent la sensibilité artistique de League of Legends. « À l'issue de ce processus, tout le monde avait ajouté sa touche personnelle, précise-t-il, et c'est comme ça que les choses finissent par s'intégrer à League of Legends. »
Pour Silva, voir son idée de Cyber Yi évoluer pour devenir PROJET : Yi, c'était un peu comme voir un rêve devenir réalité. Il dit qu'il joue toujours principalement Maître Yi, et précise : « maintenant, quand je ganke, il y aura beaucoup plus de particules qui volent dans tous les sens. »