Avec l'arrivée du nouveau champion Ornn, Riot a publié son histoire complète. Comme toujours, cela se compose d'une biographie, et d'une nouvelle. Bonne lecture !
Ornn - Dieu de la forge volcanique
Ornn est le demi-dieu de la forge et de l'artisanat à Freljord. Avec comme seule compagne la solitude, il travaille dans sa forge enfouie au plus profond des cavernes de lave de l'Âtre-foyer. C'est là qu'il fond et purifie les métaux nécessaires à la création d'objets de qualité inimitable. Tandis que d'autres divinités – Volibear avant tout – s'immiscent dans les affaires des mortels, Ornn ne sort de son antre que pour remettre ces déités à leur place, avec son fidèle marteau ou les pouvoirs du volcan lui-même.
Contrairement à la plupart de ses semblables, Ornn aime la discrétion, la solitude et la concentration. Sous un volcan endormi qui porte les cicatrices d'éruptions passées, il travaille jour et nuit, forgeant ce que son cœur lui dicte. Les résultats sont des artefacts dignes des plus grandes légendes, et les chanceux qui ont eu la chance de tomber sur ces reliques ont tous témoigné de leur qualité extraordinaire. Certains disent que le bouclier de Braum provient des forges d'Ornn et que ses millénaires d'existence n'ont pas eu de prise sur lui. Personne ne peut en être certain, car personne n'est allé voir le dieu forgeron pour lui poser la question.
Le nom d'Ornn était autrefois murmuré sur les terres qui allaient un jour prendre le nom de Freljord. Mais ces légendes furent effacées de la trame historique par ses ennemis et par l'inexorable passage du temps. Aujourd'hui, seules quelques tribus dont les origines remontent à d'anciens clans de forgerons, d'architectes et de brasseurs se remémorent certains de ses exploits. Ce peuple oublié depuis longtemps était appelé les Feux de l'Âtre. C'étaient des apprentis venus des quatre coins du monde s'installer sur les flancs de l'Âtre-foyer afin de se mettre à l'école d'Ornn.
Malgré cette forme primitive d'adulation, Ornn ne s'était jamais considéré comme leur maître. Il ne commentait leur travail que d'un hochement de tête ou d'un grognement. Mais les Feux de l'Âtre s'en contentaient et étaient déterminés à perfectionner leur art. En résultèrent les outils les plus fins, les bâtiments les plus solides et la meilleure bière qui aient jamais été créés par des mortels. Ornn approuvait en secret la persévérance des Feux de l'Âtre et leur goût du dépassement.
Mais, en une seule nuit, tout fut détruit par un affrontement titanesque entre Volibear et son frère Ornn ; une lutte dont les raisons resteront toujours obscures aux humains. Le cataclysme qui en résulta ne fut que feu et cendres, pluie d'éclairs si violents qu'ils étaient visibles jusqu'aux confins du monde. Lorsque la poussière fut retombée, l'Âtre-Foyer n'était plus qu'une caldeira fumante et les Feux de l'Âtre avaient péri sous les cendres.
Ornn ne l'avoua jamais, mais il en fut dévasté. À travers ce peuple travailleur, il avait eu un aperçu du potentiel des mortels, et tout avait été détruit par l'égoïsme furieux des immortels. Hanté par la culpabilité, il se réfugia dans la solitude de sa forge et s'y enterra des siècles durant.
Aujourd'hui, il sent que le monde est à l'aube d'une nouvelle ère. Certains de ses frères ont déjà repris une forme physique, entourés de sectes d'adorateurs toujours plus agités et violents. Freljord lui-même est divisé et dépourvu de chef, tandis que d'antiques horreurs rôdent dans l'ombre, attendant l'occasion d'attaquer. De grands changements sont sur le point de se produire.
Face aux guerres qui menacent, Ornn sait que Freljord et Runeterra auront besoin d'un bon forgeron.
La voix du foyer
Personne ne savait qui avait allumé le feu, mais nous avions vu la fumée s'élever de loin.
La Griffe hivernale avait chassé notre tribu vers le nord, où les terres étaient si rudes que, la première nuit, même notre chef de guerre Olgavanna eut du mal à supporter le froid. Notre troupeau d'elnuks mourut la deuxième nuit. Au moins, nous eûmes de quoi manger la troisième.
Mais ce repas n'était qu'un lointain souvenir quand nous commençâmes l'ascension de la montagne sans sommet. Kriek le Cul-de-jatte l'appelait « la Demi-montagne du Vieil Ornn. » Notre chaman avait perdu l'esprit, mais Olgavanna ne l'aurait abandonné pour rien au monde. Il l'avait convaincue que notre survie se trouvait à la source de cette mystérieuse fumée. Nous, nous pensions que nous courions à notre perte.
Les flancs de la demi-montagne offraient un paysage désolé de pierre noire. Nous y découvrîmes les ruines d'une ville oubliée par les cartes et qui n'était plus qu'un labyrinthe de bâtiments détruits. Kriek, perché sur les épaules de Boarin, répétait que l'endroit s'appelait jadis l'Âtre-Foyer.
De sombres nuages crépitaient à l'est et les vents portaient une puanteur de décomposition et de fourrure mouillée. Nos éclaireurs ne revinrent jamais. Nous savions tous ce que cela signifiait, mais aucun d'entre nous n'osait prononcer à voix haute le mot « Ursidés ».
Nous continuâmes l'escalade jusqu'à un vaste cratère. Là, Kriek vit les flammes. C'était d'autant plus étrange que Kriek le Cul-de-jatte était également aveugle.
Au centre du cratère se trouvait la source de la fumée que nous suivions. Olgavanna affirma que le cratère, à défaut d'autre chose, offrait une protection contre les vents glaciaux. Nous nous aventurâmes donc dans ce qui allait certainement devenir notre tombe. Il était difficile de se déplacer sur les roches vitrifiées, mais s'arrêter, c'était le renoncement et la mort.
Soudain, nous vîmes le fourneau. La structure en dôme seule semblait artificielle. Elle avait la forme d'une tête de bélier et des touffes d'herbe sauvage poussaient entre les dalles lisses. Dans la gueule du bélier, une flamme irradiait tant qu'elle semblait brûler jusque dans nos âmes.
Nous nous serrâmes autour de sa chaleur pendant qu'Olgavanna échafaudait des plans pour un baroud d'honneur. Plutôt mourir debout et fier que grelottant dans le froid. Nous étions surtout des fermiers, des maçons, des rafistoleurs, nous n'avions pas l'entraînement guerrier des autres tribus. Nous nous occupions de nos proches, de nos malades, de nos enfants. Ici, nous étions loin de la protection des Avarosans ; mais la guerre ne cesse jamais.
Nous n'avions aucune chance contre la Griffe hivernale. Si les Ursidés attaquaient les premiers, nos défenses ne feraient pas long feu. Cette ignoble horde d'abominations mi-hommes mi-ours ne ferait qu'une bouchée de nous.
Et très vite, effectivement, nous entendîmes leurs cris de guerre, de plus en plus fort, ainsi que leurs piétinements sourds. Nous pouvions sentir leur puanteur. Des centaines d'entre eux dévalèrent soudain les falaises comme une sombre avalanche. Nous fîmes des lances de nos brancards et nous affûtâmes nos couteaux. Nous allions administrer le rite de l'Agneau aux blessés et aux anciens, tandis que le reste d'entre nous danserait avec le Loup. Tout serait terminé au matin.
Personne ne sait qui alimenta le feu, mais il devint soudain si puissant que nous dûmes nous en éloigner. Alors, le fourneau se mit à parler, sa voix craquant comme des bûches à l'âtre.
« Volibear est proche », dit la voix. « Cherchez refuge. Maintenant. »
« Il n'y a aucun refuge », répondit Olgavanna en fixant le feu de la forge. Nous ne savions pas à qui nous avions affaire. « Nos ennemis sont sur nos talons. Les Ursidés nous encerclent. »
« Les Ursidés... » et la forge s'enflamma à ces mots, « …seront arrêtés. Les autres problèmes sont vôtres. » L'herbe sauvage prit feu. Les dalles chauffèrent au rouge, d'abord aux extrémités, puis vers leur centre. De la vapeur s'échappa des fissures.
Certains de mes compagnons déchirèrent leurs vêtements tant montait la température. D'autres s'évanouirent. La vague de chaleur suivante nous jeta à genoux, souffle coupé. « Je ne pensais pas voir ça un jour ! » hurla Kriek, essuyant des larmes de joie.
La pierre se mit à dégouliner comme une bougie. La maçonnerie coulait le long de la structure. Le toit en dôme de la forge fondait, attirant la coque externe dans un bassin de lave.
Un éclair de lumière orangée nous éblouit, dessinant brièvement une silhouette humanoïde. Puis un geyser de flammes s'éleva dans les airs et des morceaux de roche fondue retombèrent sur le sol, durcissant à nos pieds. Là où la forge se tenait, il y avait maintenant une énorme bête, sa silhouette troublée par les vagues de chaleur. Elle était là, la légende oubliée que Kriek évoquait si souvent. Le Vieil Ornn, haut comme trois pins enneigés. L'antique maître forgeron se refroidit pour révéler une fourrure épaisse, et la lave coulant sur son menton forma une barbe tressée. Ses yeux étaient de braise. Dans une main, un marteau, dans l'autre, une enclume qu'il soulevait avec la même facilité.
Nous étions massés autour de notre mère de guerre. Olgavanna agrippa Fellswaig, sa hache de glace pure, et s'approcha d'Ornn. « Si les Ursidés sont vos ennemis, nous combattrons à vos côtés », dit-elle. Puis, dans un geste solennel dont on ne l'aurait pas crue capable, elle mit genou à terre et déposa son arme aux pieds d'Ornn. La glace pure de Fellswaig se mit à fondre, révélant une hache de bronze et de fer ordinaire.
Je n'avais jamais vu fondre de la glace pure... Personne n'avait jamais vu fondre de la glace pure. Il était sage d'imiter Olgavanna et je mis comme les autres le genou à terre.
Ornn grogna. « Levez-vous. S'agenouiller, c'est mourir. » Il observa la tempête tourbillonnante au-dessus de nous. « Je vais m'occuper des Ursidés. Ne me suivez pas. »
Il s'avança vers la horde ennemie, qui chargeait avec une terrifiante célérité. Nous pouvions voir son feu reflété dans leurs yeux. Boarin monta le vieux chaman plus haut sur ses épaules. « Le Vieil Ornn fit des moulinets avec son marteau, transformant les montagnes en vallées », psalmodia-t-il.
Nous ne pouvions que regarder en silence tandis que cette créature se dressait seule devant les Ursidés. Avec un rugissement, il frappa le sol de son marteau. Une fissure courut vers l'armée ennemie, s'arrêtant juste devant son avant-garde. Des éclats de lave et de soufre jaillirent et retombèrent en pluie de feu sur l'armée des demi-ours.
Qui que fût le Vieil Ornn, il combattait avec la rage de la terre.
Derrière les Ursidés, des stalagmites immenses sortirent du sol et coupèrent leur retraite. Ornn chargea et les balaya à grands coups de marteau. Ils tentaient pourtant de se battre, avec toute la rage des berzerkers.
Mais lorsque Ornn atteignit leur arrière-garde, une explosion assourdissante brisa les murs de roche noire et les Ursidés furent projetés dans les airs en un tourbillon de chair incandescente et de fourrure roussie.
Le ciel ne fut plus qu'un noir de cendres. Des colonnes de fumée s'élevèrent contre les nuages d'orage et des éclairs traversèrent le ciel. Le monde sembla s'immobiliser lorsque l'Ours aux mille piques surgit soudain sur le champ de bataille. Il était tel qu'on le décrivait dans les légendes : des lances, des épées et des défenses étaient plantées dans son cuir. Son sillage était d'éclairs.
Il se mit à rire.
Ce son nous pétrifia. La lave coulait des falaises noires, des fleuves de flammes ravageaient leurs flancs, tout se déversait dans la vallée en une vague ardente. La foudre frappa la falaise, cautérisant les plaies de la roche et créant un brouillard acide qui recouvrit toute la caldeira. Nous ne voyions plus que des explosions infernales et des éclairs bleuâtres à peine masqués par l'épaisse vapeur. La chaleur sous le sol brûlait les semelles de nos bottes.
Puis nous vîmes une vague de flammes prendre la forme d'un bélier géant en pleine charge. Ornn chargea vers la bête de magma, fracassant la chose qu'il avait appelée Volibear entre son épaule et le bélier de lave.
La force de l'explosion nous jeta au sol. Le chaman sans jambes tomba aussi des épaules de Boarin. Il riait sans pouvoir s'arrêter.
Nous attendîmes toute la nuit d'être happés par le cataclysme, mais cela n'arriva pas. Nous entendîmes seulement les rugissements de l'Ours aux mille piques et les grognements du bélier de la forge.
Lorsque le rideau de fumée se leva, tard dans la matinée, nous vîmes les flancs dévastés de la montagne hérissés d'étranges colonnes de basalte qui crevaient le sol sous les angles les plus étranges.
Il nous fallut comprendre ce que nous observions. Alors seulement l'horreur et la fascination s'emparèrent de nous. Les Ursidés étaient piégés dans la pierre, leurs faces pétrifiées dans un éternel masque de souffrance.
Ornn et Volibear avaient disparu. Nous n'eûmes pas le loisir de les chercher, il faut dire. Les cors de chasse de la Griffe hivernale annonçaient leur approche. Nous n'eûmes que le temps de ramasser nos armes avant de prendre nos jambes à notre cou. Nos vêtements n'étaient plus que des guenilles roussies, mais notre peau n'était plus affectée par le froid.
Les cheveux d'Olgavanna avaient brûlé et son dos musclé était tanné par la chaleur. Sa hache de glace pure était redevenue une simple hache de bronze et de fer, nue comme nous l'étions. Mais elle n'avait jamais paru si forte.
Notre sang était bouillant. Nos estomacs grognaient. Nous étions épuisés, presque nus. Comme tous les autres, je pris de la cendre et dessinai un marteau sur mon torse, des cornes de bélier sur mon visage.
Nous chantâmes en souvenir de la nuit écoulée et le vieux chaman fou sut mettre des mots sur nos rythmes.
Nous savions qui avait allumé le feu. La Griffe hivernale le saurait bientôt aussi.